Belgique/Angleterre : usage de la section 7 contre une anarchiste belge

Le samedi 6 mai 2023, une anarchiste de Belgique a été sortie du bus par cinq flics, en arrivant sur le sol anglais, alors qu’elle était en route pour le Royaume-Uni. Détail non-négligeable : c’était pendant le week-end du couronnement du Roi. Elle a été arrêtée (“detained, not arrested”) par la police anti-terroriste de Kent (counter-terrorism division) sur base de la législation anti-terroriste section 7.

Au commissariat, elle a été détenue pendant 6 heures, ce qui est le maximum légal sans envoi en prison (entre l’arrestation et la relâche). Sous la législation Section 7, il est prévu que la personne soit interrogée (enregistrée en audio) avec prise d’empreinte et d’ADN, photos du visage, du corps et des tatouages, on lui demande l’accès au code de son téléphone dont le contenu est totalement copié. Quand on refuse, l’utilisation de la violence est prévue dans la loi et si on persiste dans le refus, on est envoyé en prison, pour une durée indéterminée – le temps de récolter les informations souhaitées. On offre la possibilité d’être assisté.e par un.e avocat.e, en disant que celui ou celle-ci ne fera que confirmer la législation. La personne a subi cette procédure extrêmement violente.


L’interrogatoire a duré 1 à 2 heures et les questions étaient surtout liées aux idées de cette personne, et à ses activités en Belgique, qui remontaient parfois à de nombreuses années en arrière. On n’a pas hésité à aborder la relation avec certains membres de sa famille. L’approche de la police était fort réglementée, avec un « officier du consentement » qui passait toutes les 2 heures, ou un contrôle du corps qui était présenté comme un « massage », et tout cela pendant qu’on t’offre du thé et du café. Une guerre psychologique qui est propre à l’appareil répressif de l’État, comme accompagnement à l’utilisation de la violence physique, qui n’a pas été utilisée cette fois.

La raison de l’arrestation et de l’interrogatoire n’a pas été donnée, si ce n’est le fait d’être anarchiste et potentiellement dangereuse. Après les 6 heures, l’anarchiste a été relâchée sans plus d’informations.

L’anarchiste a été mise sur une liste de l’État belge en 2017 avec – à leurs yeux – de potentiels “terroristes”, au moment où les premières personnes qui avaient combattu en Syrie revenaient. Leurs familles et ami.e.s ont été mises sur cette liste également ; tout le réseau de ces personnes était suivi par la Sûreté d’État. Après, on y a ajouté des anarchistes et plus récemment des personnes des milieux d’extrême droite. Peu de choses sont connues à propos de cette liste, de la façon d’observer ou de suivre des gens, et du nombre de personnes qui sont sur cette liste.

Pour les personnes qui sont sur cette liste, les expériences divergent. Certaines sont harcelées tous les mois par les flics en civil à leur adresse de domicile, parfois aussi à une adresse qui n’est pas officiellement liée à leur personne. Parfois les flics sont seuls, parfois deux, parfois beaucoup. Les questions qu’on leur pose sont souvent liées aux idées et activités de la personne. Certaines ne sont pas harcelées à domicile. Les personnes sont aussi harcelées en voyageant, que ce soit en voiture, en bus, en train ou en avion. Autant à l’extérieur qu’à l’intérieur des frontières de l’Europe, avec différents niveaux d’intensité. Il y a souvent un interrogatoire bref au sujet des activités de la personne, les raisons de son passage sur le territoire. Parfois, il y a aussi un contrôle des bagages ou du véhicule. Parfois, les données du portable sont copiées.

Le terroriste c’est l’État.
Solidarité, les luttes continuent.

[Trouvé sur Stuut, 16 mai 2023]