Mettmann (Allemagne) : trois antennes en fumée, « Switch Off Everything » !

[Dans la septième plus grande ville d’Allemagne, Düsseldorf, située dans la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le « Commando Angry Birds » fait régulièrement parler de lui depuis quelques années. En août 2024, il a par exemple revendiqué un incendie de câbles de signalisation ferroviaires à Mettmann, qui est venu se rajouter à ses précédents sabotages déjà menés contre le trafic ferroviaire : l’un à Düsseldorf en janvier 2024, et cinq autres dans la même ville revendiqués en mai 2023.

Après la traduction en janvier 2025 de son texte « Switch off Deutsche Bahn – Communiqué n°4 » qui revenait sur la vision de l’effondrement du Commando Angry Birds , nous livrons ci-dessous celle de leur communiqué suivant, concernant le sabotage de trois antennes de télécommunication dans l’arrondissement de Mettmann, sorti le 1er juin 2025 sur de.indymedia]


Switch Off Everything – Antennes-relais sabotées
Communiqué de revendication n°5

Au cours des 200 dernières années la société industrielle a acquis des capacités jusqu’alors inédites. Elle a sans aucun doute prouvé son incapacité absolue à faire face à cette responsabilité en provoquant la sixième extinction de masse, processus qui pourrait potentiellement dépasser de loin tous les autres phénomènes d’extinction de l’histoire de la vie.

Ce potentiel de destruction apocalyptique se manifeste dans le changement climatique, la menace atomique et les nombreuses autres choses épouvantables dont nous ne pouvons pour le moment que pressentir les conséquences. La génétique, les nano-technologies, l’Intelligence Artificielle, la surveillance totale et la géo-ingénierie n’en sont que quelques exemples. Cela repose sur la combinaison entre capacités technologiques et la pression de la concurrence qui oblige à les employer. Les différents courants du spectre politique établi se sont positionnés sur cette combinaison conformément à ce qu’ils sont. Leurs attitudes ne peuvent certes être caractérisées que grossièrement, il faut néanmoins tenter de le faire afin de s’en démarquer.

Dans la vision du monde de droite, la concurrence a une place prépondérante. Conservateurs et libéraux la mettent en tête de liste pour ses propriétés qui favoriseraient l’innovation; à l’extrême-droite, certain-e-s parlent même sans scrupules de sélection. La stratégie d’extrême-droite consiste donc essentiellement à rassembler pour constituer un groupe le plus fort possible (« Nation », « Race » etc.). La concurrence au sein du propre groupe doit se limiter uniquement au strict nécessaire (« communauté du peuple »). Il s’en suit naturellement que, contre toute rationalité, les personnes de droite doivent nier les effets de la technologie tels que le changement climatique. Dans l’affrontement des États modernes seuls ceux qui usent et abusent de la technique peuvent finalement subsister. Le fait que des soi-disant conservateurs déplorent la disparition de valeurs et de modes de vie traditionnels, alors même qu’ils investissent avec zèle dans la technologie pour être plus compétitifs et rester sur le pied de guerre, manifeste leur courte vue. Et lorsqu’à la marge du spectre de droite on reconnaît l’avancée de la destruction de l’environnement, c’est uniquement pour s’en servir comme prétexte pour intensifier un comportement concurrentiel face à un inéluctable déclin.

Dans le spectre de gauche, toutes les conséquences négatives de la technologie sont immédiatement attribuées au capitalisme qui serait à l’origine de la concurrence. C’est parfois même le beaucoup plus récent néo-libéralisme qui est identifié comme responsable. On pense de manière optimiste qu’on pourrait mettre un terme aux luttes liées à la concurrence sur la terre, pour ensuite utiliser pacifiquement les merveilles de la technologie, oui, cela pourrait même « ôter les chaînes » des forces productives. Non merci !

Un coup d’œil rapide dans un livre de biologie suffit pour voir que la concurrence ne date pas de 40 ou de 400 ans mais remonte à 3 milliards d’années. Des preuves incontestables attestent de sa présence au moins depuis l’explosion Cambrienne, il y a 540 millions d’années. Sans tomber dans le darwinisme social vulgaire, il fat reconnaître qu’elle fait partie à part entière de la vie. Cette composante de millions d’années de tous les êtres vivants doit désormais être abolie, au choix soit en changeant le régime de propriété des moyens de production, soit par un langage plus sympathique (!).

Notre critique des gauchistes ne porte pas sur leur tentative de remplacer la concurrence par la solidarité ! Le problème est qu’à la longue même des rivalités minimes poussent à l’épuisement et à l’extension des moyens technologiques de pouvoir, et ainsi à une escalade du cercle vicieux. Tous les efforts dans cette direction ne seront donc couronnés de succès qu’à court terme, tant qu’on ne résoudra pas la question technologique.

Tout aussi rapidement que ces tentatives pitoyables se brisent au contact avec la réalité, le coupable est trouvé – c’est la faute de l’humain. Il faut un « nouvel homme », l’homme du futur ! Ils sont tous et toutes d’accord sur ce point; de gauche à droite, du rêveur à la cynique, de l’ésotérique New-Age à la scientifique, du naïf woke au tech-bro, de l’eugéniste nazi jusqu’à la garde rouge de la révolution culturelle, de Nietzsche à Skinner, de Harari à Kurzweil. Au bout du compte, il s’agit d’adapter l’humain aux besoins de la machine sociale, et donc de domestication. Il s’agit d’une existence indigne en tant que rouage de l’engrenage.

Et en effet notre psychisme actuel (ainsi que nos corps !) sont le résultat de violentes adaptations passées. Les changements radicaux dans notre rapport au temps depuis que les horloges et la lumière électrique se sont répandues, avec le stress qui y est lié, n’en sont qu’un exemple. Quiconque ne peut s’adapter, se retrouve vite en hôpital psychiatrique. Comme la concurrence exponentielle entre États va les pousser dans un proche avenir à des coupes budgétaires toujours plus drastiques dans le système social, on peut s’attendre à ce que la situation de celles et ceux qui ne veulent qui ne peuvent pas s’adapter empire. Dans le contexte de gel social croissant, le sort qui menace les « inutiles » est pour le moins clair.

Pour notre part, nous disons : laissez l’humain tel qu’il a toujours été, libérez-le juste de la machinerie dont il a perdu le contrôle depuis longtemps !

En guise de petite contribution symbolique à cela, fin mai nous avons placé des dispositifs incendiaires contre 3 antennes-relais à Langenfeld, Erkrath et entre les zones industrielles « Auf dem Sand » et « Hülsen » à Hilden. Contrairement à ce qui s’est passé avec nos actions en janvier, de cette année et de l’année passée, rien n’est paru dans les médias. Puisque la presse locale relate chaque semaine avec grand intérêt des incendies de poubelles et de pneus de voitures, l’absence de couverture médiatique peut clairement être attribué à des considérations policières tactiques.

Un grand merci à toutes celles et ceux qui diffusent et traduisent nos textes ! C’est très important pour nous.

Kommando Angry Birds