1953-1966 : bref retour sur trois sabotages contre l’usine sidérurgique de Knutange (Moselle)


Juillet 1965 : sabotage du téléphérique manqué, un avertissement ignoré ?
Le républicain lorrain, 28 juillet 2025

Deux sabotages à treize ans d’écart. En 1953 et 1966, le téléphérique entre Boulange et Knutange est violemment pris pour cible. Avec de très importantes conséquences matérielles. Retour il y a un peu plus de soixante-dix ans…

Dans la nuit du 22 au 23 août 1953, le téléphérique de près de 10 kilomètres, vital pour le transport du minerai de fer extrait à Boulange jusqu’à l’usine sidérurgique de Knutange, est brutalement interrompu. Un câble porteur est sectionné à hauteur du hameau de Bassompierre. À l’époque, il s’agit du seul lien logistique entre la mine et l’usine.

Ce câble soutient plusieurs centaines de berlines métalliques, chacune pouvant transporter une tonne de minerai. La rupture provoque une scène de chaos : les berlines se détachent et dévalent les pentes à toute vitesse. Certaines s’écrasent contre un pylône, le faisant dangereusement pencher. Dans leur chute de 86 mètres pour retrouver la terre ferme, elles arrachent câbles électriques et infrastructures sur leur passage, avant de finir leur course dans la vallée de Pierrevillers.

Par miracle, aucun blessé n’est à déplorer. Mais les dégâts matériels, eux, sont considérables. Ils vont nécessiter plusieurs jours de travail pour remettre l’installation en service.

Les enquêteurs repèrent rapidement la zone de sabotage et un chien pisteur est envoyé sur place. Il détecte une trace, qui se perd peu après. L’affaire reste, encore aujourd’hui, non résolue.

1966 : trois adolescents derrière un nouvel acte de sabotage

Le 25 avril 1966, l’histoire semble se répéter. Un habitant de Fontoy découvre, à l’aube, une scie à métaux abandonnée près du funiculaire et un câble visiblement endommagé. Quelques centaines de mètres plus loin, plusieurs berlines sont encastrées dans un pylône. Sur place, les gendarmes retrouvent également plusieurs cartons portant une inscription intrigante : « Comité d’action directe ouvrière. »

L’enquête s’accélère. Grâce aux investigations, trois adolescents âgés de 15 à 17 ans, originaires de Boulange et Fontoy , sont rapidement identifiés et interpellés. Deux sont apprentis mécaniciens, le troisième boulanger. Ils commencent par nier les faits, puis l’un d’eux finit par avouer leur sabotage dans la nuit du 24 au 25 : les trois jeunes ont tenté de scier une portion du câble moteur dans l’espoir de provoquer une panne « spectaculaire pour s’amuser » lors du redémarrage du téléphérique.

Pensant pouvoir s’enfuir à temps, ils ne mesurent pas la fragilité du câble occasionné par leur action. Celui-ci cède plus tôt que prévu. Les berlines tombent à une vitesse folle, frôlant les adolescents. Aucun blessé cette fois encore, mais l’inconscience aurait pu coûter très cher.

Selon les enquêteurs, il n’est pas impossible que ces différentes arrestations expliquent une précédente tentative de sabotage. En juillet 1965, un contrôleur affecté à l’entretien du funiculaire découvre que le câble principal a été scié aux trois quarts dans le bois du Devant. Sans dommage, cette fois-ci.