Archives de catégorie : Notes critiques

Le citoyennisme qui vient

[Reçu par mail, 21 juin 2024, de joie et tension.]


Le citoyennisme
qui vient

Puisque dans le contexte de fièvre électoraliste actuelle, un certain nombre de camarades anarchistes, révolutionnaires, autonomes, etc. semblent frappé.e.s de désorientation politique et stratégique, il nous a semblé qu’une clarification s’imposait.

L’électeur est un oppresseur

Depuis la dissolution de l’assemblée nationale se font entendre au sein de la gauche dite « radicale » les orchestres de la petite musique citoyenniste et électoraliste : la situation serait critique et il faudrait donc que chacun.e prenne ses responsabilités et s’en aille mettre docilement son bulletin dans l’urne. Voici que l’on subit à nouveau, comme en 2002, comme en 2017, comme en 2022, les éternelles injonctions à voter, à « faire barrage », à soutenir ou à rallier le Nouveau Front populaire pour empêcher l’extrême-droite ou le fascisme d’arriver au pouvoir. Et ces injonctions s’accompagnent immanquablement de la rhétorique culpabilisante habituelle : les abstentionnistes, toutes et celles et ceux qui refusent de jouer ce jeu-là, s’en mordront les doigts. Ils regretteront leur négligence coupable. Ils seront mortifiés et honteux, au soir du premier ou du second tour, quand le pire sera arrivé par leur faute. Etc. etc.
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Houdeng (Belgique) : se servir dans les entrepôts de l’ennemi

Houdeng-Goegnies : un hangar de la douane incendié et des armes volées
RTBF/RTL (Belgique), 18 décembre 2023

Le dépôt des douanes de Houdeng (La Louvière), sur le site de Garocentre, a été la cible d’un incendie dimanche matin. Le parquet de Mons a confirmé ce lundi l’origine criminelle de l’incendie du bâtiment, évoquée dans la presse locale, ainsi qu’un vol avec effraction.

Les individus sont entrés via un grillage. Ils ont ensuite disqué la porte sectionnelle. Le hangar a été incendié. Plusieurs véhicules du service des douanes se trouvant à l’intérieur ont été retrouvés calcinés. Des armes, notamment, ont également été dérobées, ajoute le parquet. Il reste à préciser si ces armes étaient le fruit de saisies ou si elles étaient propriétés des douanes.

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Paris : Aux premiers coups de cailloux

[Reçu par mail, 21 mars 2023
NdSN : Après quelques recherches, il apparaît que ce texte avait été initialement proposé sur le site Paris-luttes le 12 mars au lendemain d’une manif parisienne, où le SO intersyndical avait comme de coutume serré les rangs pour permettre à ses collègues en uniforme de matraquer copieusement les incontrôlés. Refusé en moins de 24h par la modération de Paris-luttes puis l’ayant à notre tour reçu hier, nous le reproduisons volontiers ci-dessous.]


refusé — « contient des éléments factuellement faux » (Paris-luttes.info)

Aux premiers coups de cailloux

Un samedi de mars, aux premiers coups de cailloux donnés contre la vitrine d’un marchand de motos, les keufs ont surgi si vite qu’on n’a pas eu le temps de se déplacer pour se protéger et les keufs ont matraqué à tout va, comme il se doit.

On était avenue Beaumarchais, quasi en face de la rue du Chemin Vert par laquelle ils sont entrés dans le cortège. C’est vrai qu’on aurait pu choisir une autre cible, moins à proximité d’une rue perpendiculaire. On pourra y penser une prochaine fois, pour avoir un peu plus le temps, ne serait-ce que de les voir venir. Mais surtout, ça ravive des questions. D’abord, même si les keufs étaient garés dans une parallèle à proximité, où on ne les avaient pas repérés, rue Amelot ou rue Saint-Sabin, l’étonnante rapidité de leur entrée sur le boulevard laisse penser —c’est une hypothèse — qu’avant même les premiers coups donnés, ils étaient déjà prévenus des intentions, par exemple parce qu’on avait des sacs pleins de cailloux. Prévenus par qui ? On ne saura pas. Ou bien keufs en civil ou bien ?… Il se trouve qu’on était également à proximité immédiate d’un service d’ordre intersyndical qui a bien serré les coudes afin d’être infranchissable lorsqu’on a voulu reculer face à la charge et on s’est retrouvé coincé entre le service d’ordre intersyndical et les keufs qui matraquaient. Bon. Quelle surprise ! Il n’y a que les mensonges politiques, aussi increvables que l’alliance objective entres les syndicats et les préfectures pour maintenir l’ordre, qui chantent le refrain « chasuble rouge, kway noir, toustes ensemble ! » Ce refrain que chantent encore, en ville et à la campagne, quelques petits apôtres de l’agrégation des foules par la confusion entretenue des perspectives. L’astuce consiste souvent à distinguer entre une base syndicale, qui serait ralliable à nos causes, et un sommet, bon à railler. Petits apôtres qui, bien sûr, ne disent pas le nom de l’église qu’ils veulent remplir. Revenons au boulevard Beaumarchais, où on n’a pas vu la base conspuer son service d’ordre parce qu’il nous livrait aux coups de matraque. Vraiment pas du tout. D’autres occasions se présenteront. On a déjà essayé de prendre leurs camionnettes à leurs carnets de chant, on n’y a pas encore réussi, mais tout recommence. Une camionnette pour barrer l’accès d’une rue perpendiculaire, une camionnette pour fumer un clope tranquille, une autre pour la renverser. Bref, les usages ne manqueront pas. On invite donc la base syndicale à nous faire don de ses camionnettes dans la rue la prochaine fois et, qui sait, on pardonnera. Et on s’occupera joyeusement !

La flicaille syndicale n’a pas pris sa retraite

En ce moment, l’enthousiasme semble de mise chez les bergers syndicaux, satisfaits comme jamais du troupeau qui défile sagement au pas de leurs bannières contre l’énième réforme des retraites. Le temps de ces black-blocs, de ces gilets jaunes, mais aussi de tous ces voyous agiles maîtrisant encore l’art de saccager en ordre dispersé semble révolu dans la plupart des villes, eux qui n’en faisaient qu’à leur tête en ne respectant ni la sacro-sainte propriété privée, ni les accords de parcours négociés avec la préfecture, ni même les services d’ordre syndicaux et leurs collègues en bleu marine. Et s’il ne fallait qu’un symbole de l’éternel renouveau de la pacification jusqu’au sein du démocratisme radical, on pourrait par exemple se tourner vers l’organe de la composition parisienne, Paris-Luttes, le site qui avait publié dans l’entre-deux tours une tribune appelant à réélire le Président en place, et qui nous invite aujourd’hui à monter unitairement dans les cars de banlieue affrétés par la CFDT ou FO (avec lieux et horaires) afin de venir défiler dans la capitale, comme à alimenter les caisses de grève de SUD, ou à faire les petites mains sur les piquets matinaux de la CGT.

Mais si les bergers syndicaux savent manifestement si bien tenir leurs interminables promenades, c’est aussi parce qu’entre deux rendez-vous sous les ors ministériels, ils n’hésitent pas non plus à donner de leur petite personne pour que tout se passe au mieux. Petite illustration concernant les manifs parisiennes et au-delà.
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La meilleure attaque n’est pas la défense



La meilleure attaque n’est pas la défense

Lettre ouverte (et désespérée) à qui mange le même pain que nous

Chers compagnons,
c’est à vous, et seulement à vous (sapeurs, pas intercepteurs de consensus ; rêveurs définitifs, pas pragmatiques au besoin – militants et opportunistes s’abstenir) que nous nous adressons en ces temps sombres, où tout horizon semble se fermer définitivement à notre vue. A vous, connus au fil des années en Italie et partout dans le monde, ou même totalement inconnus, les seuls à pouvoir comprendre notre état d’esprit actuel et nos mots.
Beaucoup affirment que ceux qui n’ont aucun espoir à transmettre devraient se taire. Bien que cela pourrait expliquer le silence dans lequel beaucoup d’entre nous sont en train de glisser, nous ne sommes pas d’accord. En fait, dans un certain sens, nous pensons exactement le contraire : ceux qui feraient mieux de la boucler sont ceux qui persistent à vendre des récits incantatoires (du paradis céleste comme récompense à la résignation terrestre, au communisme comme aboutissement inéluctable du développement capitaliste, en passant par l’insurrection qui vient dans chaque mobilisation citoyenne ou émeute de quartier). Surtout aujourd’hui – avec une humanité bien lancée vers l’extinction et une planète vers l’effondrement écologique, un massacre social qui s’aggrave de jour en jour, une guerre qui brandit les armes nucléaires, une servitude volontaire si généralisée qu’elle rend ridicule toute aspiration à la moindre liberté – il nous semble plus urgent et essentiel que jamais de regarder la réalité en face et de ne pas effleurer la surface des choses pour en tirer des illusions réconfortantes. Voilà pourquoi cette lettre est désespérée, parce qu’elle naît du désarroi face à une situation qui semble à tous égards sans espoir, sans issue.
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Mediapart, chien de garde de la DGSI

Mediapart, chien de garde de la DGSI
soutienauxinculpeesdu8decembre, 1er avril 2022

Alors que ses camarades et avocat.es tentent de visibiliser depuis des semaines la situation de Libre Flot, en grève de la faim après 15 mois passé à l’isolement pour une affaire pour laquelle il n’a pas été jugé, la DGSI organise une opération de contre-propagande dans laquelle elle a trouvé comme relai le journal Mediapart.

Une certaine vision de l’investigation

La situation était pourtant aussi simple que révoltante. Voilà 15 mois que Libre Flot et 6 autres accusé.es attendent leur jugement. Quinze mois depuis lesquelles Libre Flot est enfermé à la taule de Bois d’Arcy alors que ses camarades ont été progressivement libéré.es. Quinze mois durant lesquels on l’a laissé croupir à l’isolement. Quinze mois durant lesquels il a documenté dans ses lettres les graves dommages que l’absence de contact humain faisaient subir à son mental. L’isolement est une torture que rien ne justifie. La justice française la fait subir illégalement depuis 15 mois à Libre Flot en la justifiant uniquement par ses chefs d’inculpation, alors même qu’il est présumé innocent. Et voilà 33 jours qu’il s’est mis en grève de la faim, mettant en jeu ce qu’il lui reste de santé mentale et physique, pour exiger la fin de cette situation, le tout dans le silence assourdissant des médias capitalistes.

Ses avocat.es tentaient hier de briser ce silence via une conférence de presse. Mais la DGSI a décidé de tirer la première. Elle l’a fait par le biais de la journaliste Camille Polloni et de son journal Mediapart, dans un article laconiquement intitulé « Dans la seule affaire « terroriste » d’ultragauche, une grève de la faim qui s’éternise » – le mot « terrorisme » étant mis entre des guillemets de rigueur, mais certainement pas le mot « ultragauche », terme policier dont personne ne sait vraiment ce qu’il signifie. Les mots des flics repris dès le titre sans distance, on sentait que l’on allait déguster.
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Toulouse : Un bel exemple de dissociation, le cas de l’obs !

Un bel exemple de dissociation : le cas de l’obs !
IAATA, 7 mars 2022

Le squat de l’Obs (87-89, rue du 10 Avril) à Toulouse sera expulsable à la fin de la trêve hivernale prochaine.

Entre le moment de la première visite de l’huissier au printemps 2021 et maintenant, un noyau de personnes impliquées de diverses manières dans le lieu a défendu un certain positionnement et des pratiques qu’il nous a semblé important d’expliciter, d’analyser et de critiquer. Dans la suite du texte, on appellera ce groupe « l’Obs » par facilité, en se doutant bien que ça ne regroupe pas toustes les habitant.e.s ni les personnes qui utilisent l’espace. Cette dynamique constitue une attaque contre les pratiques de solidarité et de lutte que nous défendons.

La méthode, rodée, n’est pas une nouveauté mais constitue un bon cas d’école pour comprendre en quoi consiste la dissociation. C’est aussi un exemple de stratégie opportuniste de collaboration avec l’état et le système, tout en récupérant une histoire plurielle de luttes pour la passer sous silence, le tout agrémenté de pratiques autoritaires dans toutes leur splendeur. Lire la suite

Note critique : En parlant dégoût

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[reçu par mail]

D’autres anarchistes de Marseille, En parlant dégoût.  A propos de la brochure « Mouchard ! » publiée l’imprimerie anarchiste l’Impatience il y a quelques jours, novembre 2021, 3 pages A4

Note : la brochure à laquelle il est fait référence dans le texte ci-contre, Mouchard ! des égouts de Marseille…, est disponible ici depuis le 27 octobre sur notre site.

Extraits :

« C’était important qu’un texte sorte [la brochure en question], de rendre publiques des informations et des réflexions autour des discours dangereux sur les potentiel.le.s auteur.e.s de faits illégaux. Ce genre de bavardages inconsidérés sur les pratiques supposées des un.e.s et des autres ne sont malheureusement que trop fréquents dans des milieux pourtant dits radicaux.
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Brochure : Quand NDDL se prend pour le petit père des luttes

Laissebéton, 9 septembre 2021
(brochure reprise ici pour infos)

Quand NDDL se prend pour le petit père des luttes –
Entre récupération et autoritarisme
, septembre 2021, 20 pages A4

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Ce texte est une réponse collective de la part de personnes ayant lutté à la Zad du Carnet, à la Zad de la dune et contre le Surf Park de Saint-Père-en-Retz suite à des tentatives de récupération politiques de la part d’habitant.es de la Zad de NDDL. Nous avons souhaité éclaircir en quoi les pratiques de certains groupes habitant actuellement la Zad de NDDL nous affaiblissent collectivement dans nos luttes horizontales et anti-autoritaires et pourquoi nous ne voulons pas d’elleux dans nos luttes.
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La Hantise

La Hantise

Une obsession vicennale imprégnée de fiel. Périodiquement, nous sommes informés de son évolution, lorsqu’elle se manifeste de manière publique. Non seulement parce que cette obsession nous touche malheureusement directement, mais aussi et surtout en raison des effets qu’elle a eus au fil du temps, produisant des miasmes y compris hilarants. Comme tout cela se passe en France, nous ne nous en sommes pas occupés pendant de longues années. Après tout, vu à autant de kilomètres de distance, il s’agit de rien d’autre que de la pénible histoire privée d’un cas humain. Le personnage vit à Paris, et la nature lui a joué un vilain tour. D’un côté, elle a été généreuse avec lui, en le dotant d’une certaine intelligence ; d’un autre, elle a été rosse, puisqu’elle a gâché ce don en faisant couler dans ses veines non pas du sang, mais du fiel. Le résultat fait froid dans le dos. Tant qu’il est calme et tranquille, il réussit parfois à raisonner de manière sensée ; mais dès que le fiel commence à couler, à lui monter aux yeux, à lui pomper le cœur, à irriguer son cerveau – ce qui lui arrive de plus en plus souvent, car il est assez colérique – il devient bagarreur, déblatérant des absurdités sans queue ni tête, et n’a même pas besoin d’additifs pour chercher n’importe quel prétexte et déclencher la rixe. L’« homme du ressentiment » décrit par Nietzsche trouve l’une de ses plus parfaites incarnations précisément chez ce maoïste repenti aux prétentions libertaires, chez cet hyper-méga-ultra critique qui se pose en gourou de la pensée subversive en France (en Europe, sur Terre, dans l’Univers) et se consume de bile contre tous ceux qu’il soupçonne de lui faire de l’ombre (peu importe qu’ils soient insurrectionalistes, communisateurs, anti-industriels…). Contre eux tous, il déploie son artillerie pédante faite de procès d’intentions, de syllogismes, d’allégations et d’accusations farfelues, le tout basé sur une seule stratégie : brailler contre toute intrusion en ouvrant un feu de barrage composé d’accusations de réductionnisme (toujours), d’opportunisme (souvent), de négationnisme (parfois). Son vrai nom n’est pas pertinent ici, puisque l’A.D. de la subversion utilise plusieurs noms virtuels ; pour notre part, depuis de nombreuses années, nous l’appelons simplement « le Pauvre Type ».
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A propos des « autoréductions » négociées…

Samedi 30 janvier 2021 vers 11h s’est déroulée une dite « autoréduction » dans un Carrefour Market du 13e arrondissement de Paris, que certains de ses promoteurs n’ont pas hésité à mettre en scène sur les réseaux sociaux, comme le veut l’air d’un temps où n’existerait plus que ce qui relève du spectacle. D’autres participants ont de leur côté préféré prendre langue directement avec un journaflic de l’AFP appelé sur place, pour souligner le caractère inoffensif d’ «une action absolument non violente», tout en déplorant que «l’État ne fait rien pour les personnes précaires».

Selon les propres termes du tract distribué aux clients du supermarché, il s’agissait d’exiger qu’une prime effective de 1000 euros soit versée « à toutes et tous les salarié.e.s de la grande distribution sans distinction » (vigiles inclus ?), en tant que « professionnel.les en première ligne pendant la crise sanitaire » (et bien le bonjour aux improductifs des dernières lignes). D’autre part, un peu moins hypocritement, il annonçait qu’il s’agissait d’une « action solidaire » visant à « réquisitionner des produits alimentaires et hygiéniques de première nécessité pour en faire bénéficier celles et ceux qui subissent le plus les conséquences de cette crise », mélangeant ainsi allègrement les notions d’assistance, d’entr’aide ou de soutien avec celle de solidarité. Mais nous sommes certainement trop naïfs de continuer à penser, comme au 20e siècle, que la solidarité c’est l’attaque, le soutien matériel du soutien matériel, l’entr’aide une forme de réciprocité, et l’humanitaire (y compris militant) une forme de charité laïque qui entretient dépendance et misère tout en cautionnant ses causes.
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Solidarité vécue

Solidarité vécue

De nombreux cercles d’anarchistes se retrouvent en ce moment dans la ligne de mire de la répression étatique et doivent affronter des arrestations, des perquisitions à large échelle et des procès. Mais dans l’ensemble de la société également, les chiens de garde de différents États prennent de plus en plus les exploité-e-s et les exclu-e-s dans leurs tirs croisés, indépendamment des frontières, mettant en place et remplissant toujours plus les camps d’internements et les geôles. La vision d’exécutions de peines plus perfectionnées, de machines à expulser monstrueuses, de prisons high-tech, de lois anti-terroristes durcies à la minute et de militaires, ou de flics-robocops ressemblant à des soldats, patrouillant dans les rues ne s’annonce pas rose pour les perspectives de liberté auxquelles nous aspirons. Ce scénario pourrait conduire à sombrer dans la léthargie et à penser, en cédant au fatalisme, que notre vie se déroule peut-être juste comme dans un mauvais roman noir…

D’un autre côté, des rebelles conspirant de concert continuent à mettre le feu aux fesses des puissants. Les marques de la guerre sociale dessinent donc un panorama où des arrestations peuvent suivre les moindres attaques contre des structures du pouvoir, en même temps que, parfois en une semaine, des révoltes sociales éclatent dans des pays plus ou moins lointains. Et il n’y a finalement rien de nouveau à ce que l’épée de Damoclès de la prison soit constamment suspendue précisément au dessus des ennemi-e-s déclaré-e-s de l’ordre social.
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Contributions anarchistes à propos du mouvement des gilets jaunes

Recueil de textes anarchistes à propos du mouvement des gilets jaunes, 24 p., août 2019

Extrait :

…Un tel mouvement de révolte pour le moins inédit dans le contexte français a bien entendu provoqué au départ l’hostilité des idéologues de tout poil, aussi bien du côté des marxistes que des anarchistes. Pour les premiers, le fait que les gilets jaunes ne se posent pas socialement à partir du travail, c’est-à-dire de leur place dans les rapports de production, mais aient entamé une timide critique de leur l’existant à partir de la sphère de la reproduction (les conditions de survie qui ont été résumées par « les fins de mois difficiles ») ne pouvait qu’heurter leur vision économiciste. Si on rajoute à cela que selon leur grille de lecture de dinosaures ce mouvement a débuté avec une dimension « interclassiste » en appelant tout le monde à le rejoindre (petits patrons, autoentrepreneurs, artisans et commerçants inclus, au nom de la lutte « des petits contre les gros »), il va de soi que beaucoup d’entre eux sont longtemps restés imperméables à ce qui se passait. Du côté anarchistes, si on met à part les compagnons pour lesquels la question révolutionnaire ou insurrectionnelle est de peu d’importance, c’est notamment la revendication initiale sur les carburants et la présence de l’extrême-droite dans les manifestations qui a servi de repoussoir. Le symbole de sa présence, ou plus généralement de minorités nationalistes et réactionnaires, étant bien entendu pour eux ces drapeaux français brandis au vent et ces Marseillaise entonnées plus que de coutume.
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Mouvement des « Gilets jaunes » : Saisir l’occasion

Plus d’une centaine de milliers de personnes en colère qui occupent depuis bientôt quatre semaines ronds-points et péages, qui tentent de bloquer et ralentir le fonctionnement des plate-formes logistiques de supermarchés, de dépôts pétroliers ou à l’occasion d’usines, qui se rassemblent tous les samedis dans les villes moyennes comme dans les métropoles pour prendre d’assaut préfectures et mairies, ou tout simplement détruire et piller ce qui les environne, voilà que l’automne accouche à l’improviste d’un énième mouvement social. De quoi faire accourir tous ceux qui aiment l’odeur des troupeaux, pour tenter de le chevaucher ou simplement être là où ça se passe en suivant l’odeur des lacrymos. Comme lors du mouvement syndical contre la Loi Travail de 2016 (mars-septembre) et ses suites contre les ordonnances en 2017 (septembre-novembre), ou celui contre la réforme de la SNCF cette année (avril-juin) en somme.

Sauf que ça ne s’est pas tout à fait passé comme cela.
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