
[Tract distribué dans les rues de Paris à l’occasion de la manifestation du 22 mars contre le racisme et le fascisme, à l’appel des partis, syndicats et associations degôche dans une centaine de villes]
Finissons-en avec la nation !
La référence à l’État-nation et à sa promotion par le nationalisme disparaît étrangement des textes et analyses actuels émanant des milieux autonomes… Pourtant, cette référence connaît toujours son heure de gloire, et ce partout dans le monde. Cette disparition dans la critique radicale n’est donc malheureusement pas le corollaire d’un effacement de l’idée et du mythe nationaux. Au contraire, en plus du nationalisme français, se surajoute en ce moment un nationalisme européen qui voudrait concurrencer sur le plan militaire les nations russes et américaines. Dans un argumentaire qui réduit comme toujours les populations à de la chair démographique à canon, le commissaire à la défense européen disait hier « Les 450 millions de citoyens de l’Union européenne ne devraient pas dépendre de 340 millions d’Américains pour se défendre contre 140 millions de Russes qui n’arrivent pas à battre 38 millions d’Ukrainiens ». On sent venir toute la sale musique du patriotisme qui va diffuser l’injonction à aimer son pays, à le défendre, à s’y sacrifier en travaillant et en consommant pour lui, dans les écoles, les supermarchés, dans la rue et les médias, jusqu’à évidemment s’aveugler de ce qu’implique nécessairement n’importe quelle nation, et ce peu importe sa taille, son impérialisme, son histoire récente ou vieille, ses régionalismes, son folklore et sa puissance militaire : toutes les nations installent des frontières, les surveillent, les contrôlent, et les font appliquer sur les uns et les autres en triant ceux qui ont les bons papiers, et ceux qui ne les ont pas, en en enfermant et en en expulsant certains. Ces frontières servent à maintenir un ordre social prospère à cet État-nation qui quotidiennement nous réprime. Il n’existe aucune émancipation possible dans le répertoire nationaliste, car toujours la nation, la plus progressiste et révolutionnaire pourrait-elle se présenter, viendra avec son cortège de tri, de xénophobie, de maintien de l’ordre et d’appel au sacrifice patriote.
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