Archives de catégorie : Archives

[Archives] 2024 : Ce jour où…


Ce jour où le plus gros sabotage jamais vécu par la SNCF
a failli faire dérailler les JO
Les Echos, 11 août 2025

CELLULE DE CRISE (1/4) – Des attaques coordonnées sur le réseau TGV ont mis la SNCF sous tension le 26 juillet 2024, en pleine ouverture des Jeux Olympiques. Malgré des efforts énormes du transporteur, 800.000 voyageurs ont été impactés durant tout le week-end. La menace sur les infrastructures critiques inquiète toujours.

La journée du 26 juillet 2024 s’annonçait depuis longtemps particulièrement délicate, mais à la SNCF, elle le fut à la puissance 1.000. Côté transports, elle marquait rituellement l’un des plus grands chassés-croisés de l’année, pour les voyageurs partant ou rentrant de leurs congés. A cela s’ajoutait, de manière exceptionnelle, la soirée d’ouverture des Jeux Olympiques, à partir de 19 h 30, une très ambitieuse parade de navires sur la Seine : ce soir-là, le monde entier aura les yeux braqués sur la capitale, et nombre de spectateurs ont choisi de longue date le train pour y assister.

Chez le transporteur national, Alain Krakovitch, le directeur des TGV et Intercités, entame ce matin-là sa semaine d’astreinte, une rotation qu’effectuent à tour de rôle onze dirigeants, pour gérer tous les sujets sensibles le cas échéant. Dès 5 h 40 du matin, son téléphone sonne : trois lignes de TGV différentes ont été attaquées par des inconnus [qui ont revendiqué leur sabotage sous le nom de Une délégation inattendue] pendant la nuit de jeudi à vendredi, entre 1 h 00 et 5 h 30, à des points très sensibles du réseau : les grandes bifurcations des voies, sur les réseaux Atlantique, Nord et Est Europe.

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1953-1966 : bref retour sur trois sabotages contre l’usine sidérurgique de Knutange (Moselle)


Juillet 1965 : sabotage du téléphérique manqué, un avertissement ignoré ?
Le républicain lorrain, 28 juillet 2025

Deux sabotages à treize ans d’écart. En 1953 et 1966, le téléphérique entre Boulange et Knutange est violemment pris pour cible. Avec de très importantes conséquences matérielles. Retour il y a un peu plus de soixante-dix ans…

Dans la nuit du 22 au 23 août 1953, le téléphérique de près de 10 kilomètres, vital pour le transport du minerai de fer extrait à Boulange jusqu’à l’usine sidérurgique de Knutange, est brutalement interrompu. Un câble porteur est sectionné à hauteur du hameau de Bassompierre. À l’époque, il s’agit du seul lien logistique entre la mine et l’usine.

Ce câble soutient plusieurs centaines de berlines métalliques, chacune pouvant transporter une tonne de minerai. La rupture provoque une scène de chaos : les berlines se détachent et dévalent les pentes à toute vitesse. Certaines s’écrasent contre un pylône, le faisant dangereusement pencher. Dans leur chute de 86 mètres pour retrouver la terre ferme, elles arrachent câbles électriques et infrastructures sur leur passage, avant de finir leur course dans la vallée de Pierrevillers.

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[Archives] Le collectif anti-expulsion : Combattre la mécanique de l’expulsion en France dans les années 1990

[Trouvé sur Trognon, 25 juin 2025, traduction d’un article paru en anglais sur le site Crimethlnc le 26 mars dernier]

Dans le récit qui suit, l’auteur raconte des scènes issues du Mouvement contre les expulsions, en France, à la fin des années 1990. A l’heure où Donald Trump, Elon Musk et leurs laquais s’en prennent aux sans-papiers et kidnappent des immigrés qui s’opposent au génocide, même quand ils sont porteurs de Green Card, c’est un bon moment pour étudier comment des gens se sont opposés à la violence d’état dans d’autres lieux et d’autres temps. Ceci est une adaptation du mémoire à venir Another war is possible, qui relate les expériences vécues par le mouvement mondial contre le fascisme et le capitalisme au tournant du siècle. Si vous souhaitez lire le reste du livre, vous pouvez le commander sur PM Press.


Gare de Lyon : Paris, 5 mai 1998

C’est le début de soirée, Sophie et moi sommes assis dans la zone d’attente des trains longue distance de la Gare de Lyon à Paris, l’une des gares les plus fréquentées d’Europe. Tout autour de nous, des voyageurs se précipitent dans tous les sens. Une caméra toujours autour du cou de papa, des familles de touristes stressés précipitant leurs enfants à travers la station se mêlent aux hommes d’affaires fatigués qui attendent de rentrer chez eux.

« Tu as fait du bon travail avec ta tenue », me dit-elle en me regardant de la tête aux pieds. J’ai rencontré Sophie lors d’une action (ou bien une manifestation, un concert, quelque chose du genre) il y a environ un an et nous sommes devenus inséparables pour toutes les actions politiques. Elle a mon âge, est étudiante au Lycée Autogéré de Paris 1 et si je ne connaissais pas très bien le contexte dans lequel elle fait ce commentaire, je pourrais penser qu’elle flirte avec moi.

« Tu as l’air plutôt bien toi-même », réponds-je. Elle a réussi à se transformer en figure craquante de l’adolescente française moyenne parfaitement insignifiante. Fondamentalement, elle ressemble à une jeune Spice Girl dans son survêtement Adidas et ses baskets. Moi, par contre, j’ai opté pour un look nettement plus précurseur : pantalon kaki, polo, veste non-définie et mocassins. Elle me regarde de nouveau, fait une pause et retire légèrement son compliment : « Ce n’est pas la garde-robe la plus fonctionnelle, cependant. Les pantalons kaki se démarquent et les mocassins ne sont probablement pas parfaits pour courir. » Lire la suite

2018 : En lutte contre les frontières !

[Affiche couleur (A3) collée à partir juin 2018 sur les murs de différentes villes du sud. Initialement mise en ligne le 16 juin 2018 sur le site Vallées en lutte.]


En lutte contre les frontières !

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Surfant sur l’apathie du plus grand nombre, le fond de l’air xénophobe et les agissements de groupes fascistes, le pouvoir étend son arsenal répressif (doublement de la durée maximale de rétention, agrandissement des CRA, assignations à résidence, PRADHA etc.), et multiplie les coups de pression envers des individus solidaires afin de dissuader toute velléité d’entraide et de révolte.

L’armée est déployée dans les Alpes depuis plusieurs années, en renfort des patrouilles de la PAF et de la gendarmerie. Ces sales uniformes quadrillent les zones frontalières à grands renforts de drônes et d’hélicoptères pour traquer les indésirables. Ils multiplient les contrôles sur les routes et dans les gares, les perquisitions aux domiciles hébergeant des personnes migrantes, poussant celles-ci à emprunter des chemins toujours plus périlleux.

Ces charognes sont responsables de la mort de milliers de personnes, que ce soit lors du passage de frontières soi-disant « naturelles » (Méditerranée, Alpes, Manche), de leur enfermement ou de leur expulsion.

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2011 : Je crache sur tous les drapeaux !

[Affiche couleur (A3) collée à partir d’octobre 2011 sur les murs de Bruxelles. Initialement mise en ligne le 30 octobre 2011 sur le site Indymedia Bxl.]


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Je crache sur tous les drapeaux

Je crache sur le drapeau belge. Je crache, car ce drapeau est trempé dans le sang de mes frères et sœurs, du passé et d’aujourd’hui, qui ont été massacrés, torturés, enfermés, affamés, exploités au nom des intérêts de l’État belge.

Je crache sur le drapeau flamand, car son nationalisme écœurant me fait vomir. Ce nationalisme qui prône les valeurs de l’Ordre et du Travail, faisant la chasse aux immigrés, aux « déviants », aux rebelles. Qui cherche à enrégimenter tout le monde, riche comme pauvre, patron comme travailleur, bureaucrate comme chômeur, dans une même identité nationale, tous unis contre « les autres », tous pour le Pouvoir de la Nation et la protection de ses Valeurs. Comme le racisme, le nationalisme est l’antidote contre le virus de la bataille sociale, du combat pour l’émancipation et pour la destruction du pouvoir.
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2008 : Qui sont les terroristes ?

[Affiche couleur (texte blanc, fond rouge, photo n&b) imprimée en offset 42×63 cm, collée sur les murs de plusieurs villes à partir de mars 2008 (soit au début de l’instruction anti-terroriste « Mauvaises Intentions », et avant l’affaire Tarnac). Texte reproduit dans le journal anarchiste « Cette Semaine » n°95 du printemps 2008, puis affiche réduite en noir et blanc et mise en ligne le 8 avril 2008 dans la partie Brèves du désordre du site de cette publication.]


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Qui sont les terroristes ?

Les conditions de vie toujours plus insupportables qui nous sont imposées reposent sur la peur. Peur de ne pas avoir de boulot et de ne pas arriver à boucler les fins de mois. Peur de la police, peur de la prison. Parce qu’au fond, la matraque et son acceptation est ce qui garantit les rapports sociaux.

Dans ce monde à l’envers, le terrorisme ce n’est pas contraindre des milliards d’êtres humains à survivre dans des conditions inacceptables, ce n’est pas empoisonner la terre. Ce n’est pas continuer une recherche scientifique et technologique qui soumet toujours plus nos vies, pénètre nos corps et modifie la nature de façon irréversible. Ce n’est pas enfermer et déporter des êtres humains parce qu’ils sont dépourvus du petit bout de papier adéquat. Ce n’est pas nous tuer et mutiler au travail pour que les patrons s’enrichissent à l’infini. Ce n’est pas même bombarder des populations entières. Tout cela, ils l’appellent économie, civilisation, démocratie, progrès, ordre public.
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2016 : Contre leur guerre, contre leur paix … … Pour la Révolution sociale !

[Affiche couleur 42×63 cm imprimée en offset, puis collée à partir de début février 2016 sur les murs de différentes villes. Initialement publiée en ligne le 1er mars 2016 dans la partie Brèves du désordre du site « cette semaine ».]


Contre leur guerre, contre leur paix …
… Pour la Révolution sociale !

LA GUERRE bat son plein et rameute les troupes. Les carnages accomplis par le régime d’Assad, par Daech et par les bombardements démocratiques noient dans le sang toute possibilité révolutionnaire en Syrie. Et de l’Irak au Mali, du Yémen à l’Ukraine, la terreur quotidienne ravage durablement vies et territoires pour des intérêts économiques et politiques, au nom d’une religion, d’une ethnie, d’une nation.

A différentes intensités, la sale guerre de l’oppression permet aux soldats de se lâcher contre des populations entières, sommées de subir ou de suivre l’un ou l’autre camp. En janvier et en novembre 2015, les tueries de Paris sont venues rappeler que l’horreur de la guerre ne se limite pas à des champs de bataille plus ou moins lointains.
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[Brochure] : Il ne reste que peine, douleur et incompréhension

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[nouvelle traduction de l’allemand (2021) reçue par mail de notraceproject, 31 décembre 2024]

Il ne reste que peine, douleur et incompréhension

Ce texte tente de revenir sur les évènements entourant l’affaire de répression à Zurich au cours de laquelle un ex-compagnon anarchiste a dirigé des soupçons vers d’autres personnes de son milieu afin de se dédouaner. Il traite de répression, de trahison, et autres abysses.

De quoi est-ce qu’il s’agit ?

En janvier 2019, un ex-compagnon a été arrêté à Zurich. Il a été accusé d’incendies volontaires contre des véhicules de l’armée à Hinwil en 2015 et contre l’antenne radio d’urgence de la police de la ville de Zurich, située à Waidberg, en 2016 (1). Avant son arrestation, l’ex-compagnon était sous surveillance depuis plusieurs mois.

En prison, le prisonnier a transmis une déclaration écrite au parquet sans consulter son cercle de soutiens, au moment de l’interrogatoire final, c’est-à-dire avant la fin de l’enquête. Dans cette déclaration, il a nié avoir quoi ce soit à voir avec les incendies dont il était accusé et a dirigé des soupçons vers ses ami·e·s et connaissances.
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2019 : Et si ?

[Le 15 avril 2019, une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris partait en fumée, à la grande joie de ces damnés anarchistes qui n’ont décidément pas le sens du sacré. A l’occasion de la cérémonie de réouverture de ce monument religieux le 7 décembre 2024 (en présence d’un gratin de chefs d’État et autres ordures milliardaires comme Elon Musk), nous republions ici un article sorti à l’époque, qui s’était alors ouvertement réjouit de cet incendie, défendant aussi envers et contre nombre de révolutionnaires actuels, que cette structure du pouvoir reste une cible à démolir.]


Et si ?

Après l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui a fait l’objet d’un grand concours de larmes en avril dernier, l’État ne s’est pas privé d’admonester une deuxième couche d’union nationale lors du 75e anniversaire du Débarquement de Normandie. En présence d’un gratin composé d’assassins galonnés et autres chefs d’État, il y eut notamment une cérémonie de remise de bérets verts à de jeunes impétrants admis dans les troupes d’élites de l’armée française (les commandos marine). A cette occasion, il aurait sans doute paru incongru à beaucoup de relier les deux événements d’avril et de juin en soulignant qu’apparemment il y a cathédrale et cathédrale à travers l’histoire. Celles comme Paris dont l’incendie accidentel peut être érigé en drame hexagonal destiné à resserrer les rangs, et celles tout aussi gothiques comme Rouen, dont il vaut mieux oublier l’incendie volontaire soixante-quinze ans plus tôt, puisqu’il fut causé par une armée alliée. D’abord éventrée une première fois par sept torpilles lors des bombardements anglo-américains du 19 avril 1944 lorsque 6000 bombes s’abattirent sur la ville, sa tour de Saint-Romain fut également incendiée le 1er juin suivant par les mêmes avions militaires. Lire la suite

2011 : Nous sommes le 1 %

Nous vous avons vu. Nous vous avons entendu. Vous êtes désormais partout. Nous savons qui vous êtes. Vous êtes ces 99 % qui protestent contre les excès du capitalisme et les abus de l’État. Vous êtes les 99 % qui exigent des réformes électorales, des alternatives sociales, des subventions économiques et des mesures politiques. Vous êtes les 99 % angoissés de perdre votre futur, de n’être plus capables de vivre comme vous l’avez fait jusqu’à présent : un boulot, un revenu, un crédit pour la maison, une retraite. Vous laisser vivre, au minimum. Faire carrière, au maximum. Voilà ce que vous demandez. Vous ne voulez pas payer la « crise », vous voulez que tout redevienne comme avant. Que personne n’éteigne les écrans qui ont jour après jour asséché votre vie, la privant de tout sens et de toute émotion, la condamnant à la tristesse de la survie. Et tout cela, vous le demandez aux gouvernements et aux banques, afin que la démocratie soit : des gouvernants non plus intéressés au pouvoir mais au bien commun, des banquiers non plus intéressés au profit mais au bonheur des populations. Comme dans les contes, comme dans les films.
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2012 : Le trou de la serrure

Une vie passée devant le trou de la serrure n’est-elle pas bien misérable ? Une vie à lorgner ce que les autres font, à écouter en cachette ce que les autres disent. Une vie de voyeurs, qui s’évertuent à arracher des morceaux d’autres existences, de personnes qu’ils ne sont même pas en mesure de connaître dans leur complexité, mais dont ils violent l’intimité sans aucun scrupule. Il y a ceux qui le font derrière un buisson, ceux qui le font avec l’aide d’un micro caché, ceux qui le font planqués derrière un écran. Et il n’est pas dit que les premiers soient les pires. Au moins, leur passion n’est-elle pas exempte de risques. Pour la satisfaire, ils mettent presque toujours leur peau en danger. Mais que dire des autres, de ceux qui doivent presser un simple bouton et installer une antenne pour envahir en toute tranquillité les émotions et les sensations de leurs cibles ? Lire la suite

2014 : Pas d’identification

Les rats de bibliothèque qui tomberaient sur les dossiers de l’Archive d’Etat à Rome pourraient bien faire une découverte plutôt bizarre. Dans un des dossiers sur Paolo Schicchi, ils se retrouveraient à un certain moment avec une des premières pages d’un vieux numéro de L’Adunata dei Refrattari, hebdomadaire anarchiste publié à New-York, comportant un trou au milieu, de forme carrée. Eh ?! Qu’est-ce que c’est que ce truc ? La réponse se trouve dans le document suivant, un papier de la police fasciste de l’époque. L’Adunata avait publié une photo récente de l’anarchiste sicilien, alors en vadrouille à travers l’Europe pour tramer contre Mussolini. Parce que la photo de Schicchi présente dans les archives de la préfecture de police était plutôt vieille, remontant à la fin du siècle précédent, il avait été demandé de procéder à la reproduction immédiate de celle publiée dans le journal anarchiste. Des centaines et des centaines de copies de cette photo (dont plusieurs exemplaires se trouvent dans ce même dossier) ont donc été imprimées pour les distribuer aux infiltrés, balances et nervis du régime dispersés à travers tout le vieux continent. Un truc de dingue ! La police fasciste n’avait pas le signalement de Schicchi, et ce sont les anarchistes qui le lui ont fourni ! Merde, quelle erreur terrible ! Il ne nous semble pas que l’arrestation de Schicchi en 1930 soit attribuable à cette photo, mais en vrai, l’Adunata aurait pu se passer de ce coup là.

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« Subversions », revue anarchiste de critique sociale (2012-2015)

[Reçu par mail, 23 décembre 2023]

Bonjour,
Si cela vous intéresse à titre d’archives, vous trouverez ci-joint l’édito, les sommaires détaillés ainsi que les pdf des cinq numéros de Subversions, « revue anarchiste de critique sociale », parue il y a une dizaine d’années de septembre 2012 à décembre 2015. La revue ayant à l’époque tourné uniquement sur papier et étant épuisée depuis longtemps, souhaitons que cela lui donne une autre vie, en permettant désormais à chacun.e de l’imprimer pour la lire sur ce même support. Au vu du poids des fichiers (chaque numéro fait de 54 à 78 pages en format A4), les couvertures couleurs alors tirées en offset ont été passées en noir et blanc. Bonne lecture !


Subversions n°1, septembre 2012, 54 pages

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Pot-pourri • Discours sur la méthode. La lutte avec des harragas à Paris • Aux insoumis de la pacification sociale • La répression et son petit monde • A l’air libre • Dans le marécage

Démocratie • Démocratie blues • Le criminel c’est l’électeur • Crève la démocratie ! • Des pavés dans les urnes • Il fallait se décider à lutter • Quelques apports pour un dépassement de la démocratie • Le plus violent de tout serait de retourner à la normalité • L’incendie

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1975 : Quand l’éco-sabotage faisait jaser

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Voici une enquête menée par la revue Ecologie sur l’éco-sabotage, réalisée en septembre 1975. L’enquête aborde les différentes réponses exprimées par différentes organisations anti-nucléaires, suite à l’attentat du 3 mai à Fessenheim ; et après l’attentat de Framatome le 6 juin 1975.

Des communiqués en réponse de la part des Amis de la Terre/Paris, le Mouvement Ecologique, le PSU, la CFDT d’Alsace, la Fédération Anarchiste,… pêle-mêle : l’occasion d’étaler toute une panoplie de positionnements divers entre dissociation et solidarité (ou faux-semblant).

Une lecture, qui malgré les années, semble toujours d’actualité !

(Trouvé sur Bure Bure Bure, 21 mars 2023)


Note
* le sigle C.S.F.R., présent dans cette enquête,  est l’acronyme du Comité de Sauvegarde de Fessenheim et de la Plaine du Rhin, groupe alsacien local créé en janvier 1970 pour s’opposer au projet de construction de deux réacteurs nucléaires à Fessenheim.
* le « Mouvement Ecologique » (1974-1978), est un des ancêtres du parti des Verts, créé suite à la candidature de René Dumont à la présidentielle de 1974.

2017 : A quoi sert l’énergie ?

« Ils protestent contre l’énergie qui passe devant leur maison, mais ils la veulent bien chez eux ! » s’époumone ces jours-ci un philistin national-populaire face à ce qui est en train de secouer un petit village des Pouilles et de s’amplifier dans le reste de la région. Les affrontements entre forces de l’ordre et opposants se déroulent devant le site qui accueillera le chantier du Tap (Trans-Adriatic Pipeline), un gazoduc de 3000 kilomètres qui partira d’Azerbaïdjan jusqu’en Turquie (Tanap: Trans-Anatolian Natural Gas Pipeline), avant de passer en Grèce et en Albanie, de traverser la mer adriatique et d’accoster sur le littoral de Lecce. Dans cette lutte où il n’est pas toujours facile de comprendre où finit la raison et où commence le prétexte, le Salento n’est pas tout seul.

Standing Rock, par exemple, est une réserve indienne dans le Dakota du Nord, aux Etats-Unis. Hythe en revanche, est un petit village de moins de mille âmes, perdu au nord de l’Alberta, au Canada. Si on quitte le nouveau continent pour se déplacer en Europe, on tombe en Allemagne sur Niederzier, une commune de 15 000 habitants en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. En France aussi, nous viennent en tête plusieurs endroits, comme la Haute-Durance, dans les Hautes-Alpes, à la frontière avec le Piémont. Ou encore de petits bourgs en Bourgogne, en Haute-Vienne, dans la Loire, ou encore non loin de Paris. Tandis qu’en Finlande on pourrait citer Pyhäjoki ou le golfe de Botnie. Quel est le fil noir qui réunit tous ces points géographiques ? Pas seulement le fait que là aussi soient en construction – ou déjà en activité depuis des années, comme dans le cas allemand – des installations pour exploiter des ressources énergétiques, mais que ces projets voulus et imposés d’en haut rencontrent de fortes résistances d’en bas, avec des formes de lutte qui sortent souvent de l’étroitesse du légalisme pour déboucher sur une révolte ouverte (passant de la tristesse des pétitions à l’ivresse du sabotage). Pourtant, en tant que synonyme de force qui permet à la vie de se manifester, l’énergie ne court quasi pas le risque d’être remise en question. Tous la réclament, parce que personne n’aime la faiblesse, l’immobilisme, la paralysie (qui accompagnent le manque d’énergie). Ceci fait que l’accumulation d’énergie, l’extraction et l’exploitation de ses sources soit universellement perçu comme une évidence, toujours positive et donc bienvenue. On peut critiquer le recours à une source d’énergie particulière, jugée empoisonnante et dangereuse – comme celle atomique – mais pas le besoin en soi d’énergie. Ceci explique pourquoi d’un côté beaucoup d’opposants tendent plus à critiquer l’arrogance décisionnelle et les choix techniques portés par les différents projets énergétiques plutôt que leur objectif, et d’un autre côté que les concepteurs de ces projets affichent une sacrée stupeur chaque fois qu’on ose entraver ce qui à leurs yeux représente plus ou moins la continuation de la vie sur terre.

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