Des tags à Cauvicourt et Cintheaux contre un projet de data center
Trognon, 7 octobre 2025
Un article de la presse locale relate que des tags « contre un projet d’installation de data center » ont fait leur apparition à Cauvicourt et Cintheaux, deux bourgades au sud de Caen. Ci-dessous, l’article et quelques informations complémentaires.
Data Centers : des tags contre un projet d’installation
(Journal Ouest-France, le mercredi 1er octobre 2025)
Cauvicourt et Cintheaux ont reçu des tags lundi [29 septembre]. Des inscriptions à la peinture verte et rouge sont apparues sur plusieurs murs et panneaux de circulation. On peut y lire « Malheur au data center », « IA ni ici, ni là-bas » ou encore « Data center ni ici ni ailleurs ». Ces inscriptions ont surpris les élus. « C’est étonnant d’autant que, sur le secteur, il y a des projets qui suscitent de l’opposition de la population comme l’éolien mais les data centers c’est une première », reconnaît Marcel Jaeger, le maire de Cintheaux.
Ces tags ne sont pas dénués de sens puisque des discussions ont bien lieu pour l’installation de data centers mais à l’échelle normande, voire nationale selon l’édile de Cintheaux. « C’est d’autant plus surprenant que nous en avons discuté mais qu’il n’y a pas de projet et que nous n’avons pas d’information sur le sujet », assure le maire conscient que la proximité avec la N158, qui relie sa commune à Caen en quelques minutes, est un atout pour les porteurs de projet.
Les tags pourraient-ils viser un projet sur la communauté de communes du Cingal-Suisse normande ? « Il n’y a pas encore de projet, répond son président, Jacky Lehugeur. La Région est sollicitée pour trouver des terrains et l’AD Normandie, l’agence du développement économique en Normandie prospecte. Mais, pour l’instant, le terrain n’a pas été trouvé (de 20 à 30 ha) pour les plus grands data centers. En admettant que le terrain soit trouvé, il y a ensuite des questions de consommation électrique, de refroidissement, etc. ».
Si un data center venait à s’installer dans cette zone, il s’agirait du deuxième projet au Sud de Caen après l’annonce, dans Ouest-France, en mars 2025, de l’ouverture « du data center le plus green (vert) d’Europe » par le directeur de Webaxys, Emmanuel Assié.
Que peut-on dire pour compléter les informations de cet article ?
Lors du salon international de l’IA qui s’est déroulé à Paris en février 2025, la ministre en charge de l’Intelligence artificielle et du numérique, Clara Chappaz, a dévoilé 35 sites prêts à accueillir des data centers en France. Parmi eux, deux sites en Normandie : le territoire nucléarisé de La Hague et la ZAC du plateau de Colombelles.
Le président de la région Normandie, Hervé Morin, a aussi annoncé récemment vouloir faire de la région un cluster à data centers, avec pour objectifs annoncés des milliards d’euros d’investissements et des centaines d’emplois. La région normande offre aux entrepreneurs plusieurs avantages : des zones naturelles ou agricoles assez vastes (la construction d’un grand data center nécessite entre 20 et 50 ha de terrain environ) et des sites de production d’électricité (centrales nucléaires de Flamanville, Penly ou Paluel, éoliennes offshore de Courseulles-sur-Mer ou Fécamp). Dans la presse, Hervé Morin se réjouit : « On a quelque chose qui est une mine, c’est la production d’électricité, qui ira même crescendo avec « les parcs d’éolien offshore qui vont être raccordés, suivi de l’hydrolien à Cherbourg ». Le projet régional consiste à bâtir un « hub européen » comprenant des centres de recherche, des laboratoires et des partenariats avec des écoles d’ingénieurs. Dans ce cadre, différentes instances publiques et privées prospectent sur le territoire pour trouver les terrains adéquats.
Récemment, l’entreprise normande Webaxys a annoncé la mise en place d’un nouveau data center à Saint-André-sur-Orne (le DC3), après ceux du Havre et de Rouen (voir https ://www.webaxys.fr/nos-4-datacenters-sur-le-territoire).
Au large de Courseulles-sur-mer, les travaux du parc éolien offshore se poursuivent, avec des retards et des difficultés techniques. Un article paru sur trognon.info en mars 2025 donne quelques informations. Selon le site internet normandie-maritime, à Courseulles, le navire spécialisé Bold Tern, affrété par Saipem, est arrivé. Il installe les armatures en acier destinées aux fondations monopieux. Il succède aux navires Vol-Au-Vent et Saipem 7 000, qui n’avaient pu poser que quatre des 64 éléments prévus en 2024, en raison de « multiples soucis techniques ». Ces retards ont contraint EDF Renouvelables à repousser la mise en service du parc à 2027, alors qu’il devait initialement être le deuxième site normand opérationnel après Fécamp. Le chantier de Dieppe-Le Tréport, porté par Ocean Winds, progresse plus favorablement. Après l’installation de la sous-station électrique en juillet, le navire Innovation, bien connu sur les chantiers français, s’attelle désormais à la pose des 62 fondations jacket à trois pieds. Les travaux dureront jusqu’à fin 2025, avant l’installation en 2026 de 62 éoliennes Siemens-Gamesa de 8 MW et la mise en service du parc. Dans les deux cas, le port de Cherbourg joue un rôle clé de base logistique : stockage des armatures métalliques, du sable pour le Calvados, et des fondations jacket fabriquées en Espagne pour Dieppe-Le Tréport.