Nice (Alpes-Maritimes) : les sabotages électriques ont le vent en poupe

Après Cannes, Nice visée à son tour par un sabotage électrique
Le Monde/Le Parisien, 25 mai 2025 (extrait)

Au lendemain d’une coupure électrique à Cannes et alentour, un transformateur a été volontairement incendié dans la nuit de samedi à dimanche à Nice. Selon une source policière et le parquet, le transformateur électrique en question est situé dans le quartier des Moulins, à l’ouest de la ville.

« Le 25 mai 2025 vers 2 heures, un transformateur électrique situé avenue Paul Montel à Nice était visé par des dégradations volontaires et incendié », assure le parquet. Des « traces de pneus » ont été découvertes et une source proche du dossier a évoqué « une porte [du local du transformateur] fracturée ».

Quelque 45 000 foyers ont été momentanément privés d’électricité à Nice et dans les communes voisines de Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-sur-Mer, a précisé Enedis. Le réseau de tramway de Nice a été brièvement impacté, avec une reprise retardée en début de matinée, et l’aéroport a été un temps privé d’électricité. A 6 heures, le courant avait été rétabli.

Une enquête en flagrance a été ouverte pour « destruction par incendie en bande organisée » et confiée à la police judiciaire. Pour l’heure, rien ne permet de relier cet incendie avec les événements survenus ce samedi, lorsque 160 000 personnes avaient été privées de courant non loin de Cannes.


RTE va renforcer le gardiennage sur les sites sensibles après les sabotages ayant provoqué des coupures d’électricité de grande ampleur
Var Matin, 25 mai 2025

Après une série d’attaques ciblées sur des infrastructures électriques dans les Alpes-Maritimes et le Var, RTE, le gestionnaire du réseau, renforce la surveillance des sites sensibles, dans un contexte de menace inédite.

Une nouvelle mesure de gardiennage a été déployée sur certains sites jugés à risque. Des renforts humains qui viennent compléter un dispositif de sécurité déjà existant incluant clôtures, vidéosurveillance et d’autres moyens de détection confidentiels « qu’on ne peut pas détailler pour des raisons évidentes« , indique RTE.

Ce basculement vers une sécurisation active intervient après trois attaques en deux jours : un poste électrique incendié à Saint-Cassien, dans l’enceinte de l’usine de Tanneron dans la nuit de vendredi à samedi, un pylône scié à Villeneuve-Loubet dans le secteur escarpé de la Vanade, ayant entraîné une coupure massive samedi matin, et un transformateur réduit en cendres à l’Ouest de Nice, dans la nuit de samedi à dimanche. Des actions potentiellement coordonnées, qui ont ciblé des points névralgiques du réseau, provoquant des perturbations significatives malgré une remise en service rapide.

Une surveillance permanente des pylônes impossible

Le réseau que gère RTE s’étend sur 106.000 kilomètres de lignes à très haute tension, soutenues par un maillage de pylônes disséminés à travers tout le pays, souvent en pleine nature.

Ce modèle étendu rend la surveillance permanente impossible. Et si les postes électriques — environ 2.800 en France, dont plusieurs dizaines, voire centaines, dans les Alpes Maritimes et le Var — sont plus faciles à contrôler, tous ne peuvent bénéficier du même niveau de protection.

La priorité est donc donnée aux plus stratégiques, identifiés en lien avec les autorités locales et les forces de l’ordre.

Des individus qui connaissaient les failles de sécurité ?

« Les outils existants, comme les capteurs installés sur les lignes, permettent de détecter des anomalies, mais sans en préciser l’origine » , explique la RTE. Lors d’un incident, des équipes doivent donc se déplacer pour constater les dégâts, ce qui peut s’avérer compliqué lorsque l’accès est difficile, comme ce fut le cas à Villeneuve-Loubet. Le choix de ce pylône isolé suggère d’ailleurs une action minutieusement préparée, menée par des individus connaissant bien le terrain et les failles du réseau.

Face à ces limites, RTE ajuste sa stratégie. Outre le renforcement de la présence humaine, des discussions sont en cours avec les pouvoirs publics pour améliorer la prévention et la réponse en cas d’intrusion ou de sabotage. Mais protéger un réseau conçu pour transporter de l’électricité, et non pour résister à des attaques ciblées, reste un véritable casse-tête… Sa structure, par définition ouverte et répartie sur tout le territoire, ne se sécurise malheureusement pas comme un bâtiment clos.