
«Un œil supplémentaire sur le réseau» : comment la SNCFse sert des drones pour surveiller ses voies ferrées
Le Figaro, 3 mai 2025
Le rendez-vous est donné à 23h au milieu de nulle part, dans un lieu tenu secret. Là, à la veille des grands départs en week-ends prolongés, la SNCF organise une opération de surveillance un peu spéciale, à l’aide d’un drone, au carrefour de plusieurs lignes à grande vitesse. Du matériel de haute qualité qui s’apparente à un petit avion, capable de voler à plus de 100 mètres au-dessus du sol et à plus d’une dizaine de kilomètres de son pilote, le rendant invisible même pour les yeux les plus aiguisés. Doté d’un capteur thermique et capable de voir «comme en plein jour» malgré la nuit avancée, il peut ainsi repérer le moindre intrus mais aussi vérifier le bon état des caténaires et autres installations techniques. «L’avantage du drone est de pouvoir surveiller une grande zone en très peu de temps et d’éventuellement y détecter des choses anormales», explique le directeur général exécutif Projets, Maintenance et Exploitation de SNCF Réseau Olivier Bancel.
Une surveillance essentielle
Mais le réseau n’est pas seulement surveillé par ces petits objets volants, tient à souligner Olivier Bancel.
«Nos installations sensibles sont équipées de clôtures, d’alarmes, de fibres optiques et de caméras, des inspections sont également menées au sol par nos équipes de maintenance, sans parler du travail effectué par la sûreté ferroviaire», énumère-t-il. Autre inspection réglementaire : le passage quotidien d’un train à vide, doté de caméras et capable de réaliser certaines mesures géométriques, tous les matins avant l’ouverture de la ligne à grande vitesse. «Des routines systématiques qui peuvent être renforcées en cas de besoin», précise le directeur général exécutif. «La surveillance s’est intensifiée il y a 10 ans grâce aux drones, parce qu’ils présentent un avantage incomparable pour réaliser des rondes sur une grande distance le long des voies et sont très complémentaires des autres dispositifs existants», explique-t-il, assurant que le groupe SNCF a été «précurseur en la matière» en développant une filiale dédiée : Altametris.
Les drones au service de la collecte de données
Un travail essentiel, alors que la SNCF est victime d’environ 10.000 intrusions par an, pointe Olivier Bancel, pour qui «toute intrusion est un risque». «Elle n’est pas forcément synonyme de malveillance, mais elle peut constituer un risque et nécessite certaines mesures d’urgence comme le ralentissement de la circulation des trains», poursuit-il. Et d’assurer qu’en cela, les drones sont «un œil supplémentaire sur le réseau». L’appui à la sûreté ferroviaire n’était pourtant pas la mission première de ces petits outils technologiques, qui – à l’origine – avaient été développés afin d’inspecter et cartographier le réseau.