[Trognon, 31 juillet 2025]
Un nouveau bouquin est dispo, qui est en réalité une compilation de textes et brochures. Il est dispo de la main à la main à prix libre, et dans quelques distros ici et là. Il est aussi dispo en ligne chez Lutines Séditions. Ci-dessous, l’intro et le sommaire.
L’extinction des lucioles
Dans son livre Contre le Léviathan, contre son histoire, Fredy Perlman dit qu’à bien des égards, nous sommes des dépossédés. Nous ne savons plus écouter les plantes pousser, ressentir cette croissance par tous les pores de la peau. Nous sommes étrangers à ce monde. Nos ancêtres étaient à l’inverse des possédés. Ils savaient danser autour du feu et être présents au monde. Ils connaissaient la joie de la possession – pas la possession des choses, mais celle de l’être. Je ne sais pas pourquoi, mais à la lecture de ce passage, il m’est revenu des souvenirs d’enfance avec mon frère et mon cousin, lorsque nous parcourions la campagne près de chez ma grand-mère. Nous ne connaissions alors pas ce qu’était une nuit noire. Déjà, le peu de lumière artificielle permettait d’observer le ciel étoilé. Il y avait aussi un peu partout des vers luisants, qui éclairaient la nuit. Il n’y en a plus guère aujourd’hui.
Il m’apparaît que ce déclin est un signe explicite de l’appauvrissement généralisé que provoquent les ravages de nos sociétés modernes, capitalistes et industrielles. Il ne s’agit pas seulement d’une destruction du vivant, mais aussi de nos capacités d’imagination.
Quelles peuvent être les rêves des enfants dans un monde de plus en plus artificialisé, pollué, dominé par des esprits de caserne et de profit ? L’extinction des lucioles, c’est un peu le reflet du désastre ambiant dans lequel on s’embourbe.