La Hantise
Une obsession vicennale imprégnée de fiel. Périodiquement, nous sommes informés de son évolution, lorsqu’elle se manifeste de manière publique. Non seulement parce que cette obsession nous touche malheureusement directement, mais aussi et surtout en raison des effets qu’elle a eus au fil du temps, produisant des miasmes y compris hilarants. Comme tout cela se passe en France, nous ne nous en sommes pas occupés pendant de longues années. Après tout, vu à autant de kilomètres de distance, il s’agit de rien d’autre que de la pénible histoire privée d’un cas humain. Le personnage vit à Paris, et la nature lui a joué un vilain tour. D’un côté, elle a été généreuse avec lui, en le dotant d’une certaine intelligence ; d’un autre, elle a été rosse, puisqu’elle a gâché ce don en faisant couler dans ses veines non pas du sang, mais du fiel. Le résultat fait froid dans le dos. Tant qu’il est calme et tranquille, il réussit parfois à raisonner de manière sensée ; mais dès que le fiel commence à couler, à lui monter aux yeux, à lui pomper le cœur, à irriguer son cerveau – ce qui lui arrive de plus en plus souvent, car il est assez colérique – il devient bagarreur, déblatérant des absurdités sans queue ni tête, et n’a même pas besoin d’additifs pour chercher n’importe quel prétexte et déclencher la rixe. L’« homme du ressentiment » décrit par Nietzsche trouve l’une de ses plus parfaites incarnations précisément chez ce maoïste repenti aux prétentions libertaires, chez cet hyper-méga-ultra critique qui se pose en gourou de la pensée subversive en France (en Europe, sur Terre, dans l’Univers) et se consume de bile contre tous ceux qu’il soupçonne de lui faire de l’ombre (peu importe qu’ils soient insurrectionalistes, communisateurs, anti-industriels…). Contre eux tous, il déploie son artillerie pédante faite de procès d’intentions, de syllogismes, d’allégations et d’accusations farfelues, le tout basé sur une seule stratégie : brailler contre toute intrusion en ouvrant un feu de barrage composé d’accusations de réductionnisme (toujours), d’opportunisme (souvent), de négationnisme (parfois). Son vrai nom n’est pas pertinent ici, puisque l’A.D. de la subversion utilise plusieurs noms virtuels ; pour notre part, depuis de nombreuses années, nous l’appelons simplement « le Pauvre Type ».
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