Île-de-France : la moitié des camions-bennes du Sivom
vandalisés, la collecte des déchets perturbée
Le Parisien, 18 avril 2023
Dans la nuit de dimanche à lundi, 18 camions de ramassage de déchets et 4 véhicules ont été dégradés sur le site du syndicat des déchets à Varennes-Jarcy (Essonne). Les collectes sont réduites en Essonne, dans le Val-de-Marne et en Seine-et-Marne. Un mystérieux incident alors qu’une partie des éboueurs sont en grève depuis plus de deux semaines.
Selon le vice-président du Sivom et maire (LR) de Yerres, Olivier Clodong, 18 camions, deux véhicules légers et deux balayeuses ont été vandalisés. Les pneus des camions ont été crevés et les pare-brise recouverts de peinture. Les fusibles des camions ont été arrachés et des extincteurs ont été vidés dans les habitacles. Le poteau du portail d’entrée sur lequel se trouvait le digicode a également été détruit. Une plainte a été déposée par la direction du Sivom pour ces dégradations. L’enquête a été confiée à la sûreté urbaine du commissariat de police de Montgeron (Essonne).
« Nous avons fourni nos images de vidéosurveillance aux enquêteurs, qui sont venus faire des prélèvements scientifiques sur les bombes de peinture et les extincteurs laissés sur place, indique David Nadeau, le directeur du site de Varennes-Jarcy. La ville dispose aussi de caméras de vidéosurveillance près des lieux. »
« Un acte militant », selon le directeur
Ce mardi matin, l’incompréhension règne toujours autour de cet acte de vandalisme. David Nadeau y voit un « acte militant ». Car deux inscriptions ont été peintes en rouge sur le mur du bâtiment : « Le peuple vaincra » et l’injurieuse : « Guy Geoffroy NTM ». Guy Geoffroy étant le président actuel du Sivom, aux prises avec un mouvement de grève massif des éboueurs depuis le 30 mars. Force ouvrière et la CGT réclament une augmentation des salaires de 9 % en raison de l’inflation et dénoncent la réforme des retraites. En vain. La grève se poursuit.
Contacté, le syndicat FO du site de Varennes-Jarcy se défend de toute implication dans ces dégradations. « Nous dénonçons fermement ces actes, insiste Amine Becharef, secrétaire de FO Sivom Varennes-Jarcy. Lorsque nous avons découvert cela, nos collègues étaient choqués, on avait les larmes aux yeux. Nous avons demandé une réunion extraordinaire avec la direction et l’accès à la vidéosurveillance. Il y a beaucoup de zones d’ombre. Pourquoi les camions ont pu être ouverts sans effraction ? Le maître-chien n’a rien entendu ? L’alarme ne s’est pas déclenchée ? »
Pour Amine Becharef, cela n’aurait aucun sens pour un gréviste de vandaliser son outil de travail. « Dans nos revendications il y a l’amélioration des conditions de travail ! rappelle-t-il. Si on reprend notre activité, il nous faudra bien du matériel. Cette grève a toujours été pacifiste. » « Les camions qui ont été vandalisés ne sont pas ceux à changer. Ce qui démontre la stupidité de ces actes qui vont à l’encontre des revendications des grévistes », rappelle FO dans un communiqué.
En raison des dégradations, il ne reste que 14 camions-bennes actifs sur 40. La collecte, déjà affectée par le mouvement de grève, est très réduite dans les quinze villes desservies : Crosne, Yerres, Brunoy, Épinay-sous-Sénart, Quincy-sous-Sénart, Boussy-Saint-Antoine et Varennes-Jarcy dans l’Essonne, Marolles-en-Brie, Santeny, Villecresnes, Mandres-les-Roses, Périgny-sur-Yerres dans le Val-de-Marne, et Brie-Comte-Robert, Combs-la-Ville et Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne.
Un préjudice estimé à 270 000 euros
« Nous fonctionnons sur un service minimum, explique David Nadeau. Nous ramassons en priorité les ordures ménagères et les emballages des conteneurs collectifs, puis celles des zones pavillonnaires. » Certaines rues devront parfois attendre plus d’une semaine pour être desservies. La situation ne reviendra pas à la normale avant « plusieurs semaines », selon le directeur.
« Remplacer des pneus crevés, c’est simple, mais nettoyer les cabines des camions, c’est plus complexe car la poudre des extincteurs est corrosive et s’infiltre partout, notamment dans les composants électroniques », explique David Nadeau. Le Sivom a donc fait appel aux constructeurs des camions Renault et Iveco afin de réaliser des nettoyages spéciaux. Soit un coût de 15 000 euros par camion. Pour le Sivom, le préjudice global se chiffre donc au moins à 270 000 euros.