Montréal (Canada) : sabotage contre un projet de plateforme logistique

Montréal Contre-information, 28 août 2021

M. Raymond,

Nous apprenions récemment que vous vous étiez qualifié pour une subvention du Gouvernement du Québec d’une somme de 580 000$ pour votre contribution à la lutte contre les changements climatiques. Félicitations! Nous tenions également à mettre la main à la pâte. C’est pourquoi nous avons décidé d’alléger l’attirail de votre machinerie lourde en grillant deux de vos Tonkas. Dans la nuit du 25 au 26 août, nous avons incendié une pelle mécanique et un bulldozer sous les yeux endormis du gardien de nuit.
Laissez donc les peupliers et les poissons tranquilles! Prenez un peu de temps pour vous, au chalet, ou à la mer. Peut-être qu’une balade en forêt vous fera réaliser qu’en votre béton il n’y a point de vie.

Il semble évident que la bête acharnée de travail que vous êtes n’est que très peu affectée par la perte de quelques engins. En effet, nous constatons que les travaux vont bon train malgré tout. Vous faites fausse route. Le chantier doit cesser immédiatement et nous nous attèlerons à cette tâche becs et ongles, coûte que coûte. L’invitation est donc lancée pour un automne chaud !

On se revoit très vite.

Des citoyens concernés


Attaque incendiaire sur le chantier du futur terminal
La Presse (Canada), 10 septembre 2021 (extrait)

Le conflit autour d’un futur terminal de transbordement dans Hochelaga-Maisonneuve vient de prendre une tournure inquiétante : des écologistes ont récemment incendié de la machinerie de chantier et le promoteur dit craindre pour sa sécurité devant cette « radicalisation violente ».

Le projet industriel de Ray-Mont Logistiques rue Notre-Dame Est fait face à une forte opposition citoyenne depuis plusieurs années. La tension est toutefois montée de plusieurs crans ces derniers jours parce que « plusieurs actes de vandalisme et méfaits » ont été commis sur le chantier, selon l’entreprise.

Au premier chef : des équipements lourds incendiés dans la nuit du 25 au 26 août, selon une lettre de revendication publiée sur une plateforme où des militants d’extrême gauche se vantent de leurs actions illégales :  « Le chantier doit cesser immédiatement et nous nous attèlerons à cette tâche », écrivent les auteurs de l’attaque dans le court texte. « Laissez donc les peupliers et les poissons tranquilles ! […] Une balade en forêt vous fera réaliser qu’en votre béton il n’y a point de vie. »

Dans une lettre transmise par l’entreprise à la mairesse de Montréal et au maire de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve – que La Presse a obtenue, le président de Ray-Mont Logistiques confirme ces attaques. Du côté de l’association Mobilisation 6600 Parc-Nature, opposée au projet de terminal de transbordement, on se dissocie des évènements des derniers jours :  « Nos méthodes d’action sont pacifiques et vont le rester », a commenté la porte-parole Cassandre Charbonneau-Jobin. Les attaques incendiaires ne font absolument pas partie de l’arsenal du groupe, a-t-elle juré : « On va à la rencontre des gens, on passe des pétitions, on informe les gens. »

Le projet de Ray-Mont Logistiques – une installation où des marchandises arrivées en vrac par train seraient placées dans des centaines de conteneurs chaque jour – suscite de l’inquiétude et de l’opposition dans le quartier en raison de sa proximité avec des zones résidentielles. Les voisins craignent les impacts d’une valse incessante de camions et de trains, la pollution de l’air, ainsi que l’apparence visuelle du site.

L’administration Plante s’est elle aussi opposée au projet, mais a perdu sa bataille devant les tribunaux pour tenter de bloquer le chantier. Depuis, les acteurs du dossier tentent de trouver un terrain d’entente. Ray-Mont Logistiques a lancé une poursuite en dommages de 373 millions contre la Ville de Montréal. Le terrain choisi, à proximité immédiate du port de Montréal, est très fortement contaminé parce qu’il accueillait auparavant une fonderie.