Le chiffre du jour : 65 millions

Francois (Martinique) 17 octobre 2024 : supermarché Carrefour Market après pillage

A la Martinique, les émeutes et les pillages font au moins « 65 millions d’euros » de dégâts pour les entreprises
Le Monde, 18 octobre 2024 (extrait)

Supermarchés, entrepôts, concessionnaires automobiles et loueurs de véhicules, magasins d’électronique, établissements de restauration… La liste des entreprises martiniquaises dévalisées et incendiées durant ces nuits d’émeute est longue et variée. « Nous avons recensé 115 entreprises, pour une perte totale estimée – pour les stocks et les bâtiments – entre 65 et 75 millions d’euros », résume Philippe Jock, le président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la Martinique. Dans celles-ci, jusqu’à 950 salariés pourraient être concernés par des mesures de chômage partiel, selon les estimations de la CCI, et « plus de 300 emplois sont menacés ; certains seront perdus », poursuit M. Jock. Une mauvaise nouvelle pour cette île de 350 000 habitants, où 11 % de la population était au chômage en 2023, selon des données publiées par l’Insee, en juin.

Outre ces pertes directes, nombre d’entreprises ont souffert des importantes difficultés de circulation causées par les barrages routiers érigés par les émeutiers ou par les opérations escargot à répétition, organisées par des syndicats en soutien au mouvement contre la vie chère. Les fermetures d’écoles, le couvre-feu – en vigueur jusqu’au 21 octobre – sont autant de raisons qui incitent les Martiniquais à rester chez eux.

Martinique, 16 septembre : dès le début du mouvement contre la vie chère, pillage de containers sur le port

« Les commerçants de Fort-de-France évoquent des baisses de chiffre d’affaires comprises entre 50 % et 70 % », rapporte le président de la chambre de commerce, qui s’inquiète déjà des « importantes annulations en matière de tourisme de séjour » et des baisses de fréquentation, alors que la saison touristique est sur le point de débuter. L’association Zilea, qui regroupe des professionnels du tourisme, a déclaré ne pas souhaiter communiquer, pour l’heure, à ce sujet. Pour les collectivités aussi, l’ardoise est élevée. « Rien que pour le mobilier urbain, on évalue [la facture] à plusieurs centaines de milliers d’euros », expliquait Didier Laguerre (Parti progressiste martiniquais), le maire de Fort-de-France, à l’issue de la première vague d’émeutes, fin septembre.