Mardi 25 mars, la Cour des comptes a publié un rapport titré « Le dialogue social dans la police nationale », détaillant les moyens alloués aux syndicats de flics, qu’elle a évalué à 54 millions d’euros pour la seule année 2022. Si tous les syndicats de fonctionnaires sont subventionnés par leur employeur étatique au titre de gardiens de la paix sociale, la Cour des comptes relève tout de même que ceux de la flicaille sont particulièrement bien lotis.
Au total, ce coût annuel de 54 millions d’euros se compose pour l’essentiel de crédits-temps, c’est-à-dire de postes de permanents ou de détachés à temps partiel pour exercer des fonctions syndicales. Mais pas que, puisque le ministère de l’Intérieur verse également des subventions directes aux syndicats de flics, soit 1,4 millions d’euros qui sont allés en 2023 dans la poche d’Alliance (30% du total), de FO-Police (38% du total) ou de la CFDT-Police (8% du total). De ce côté-là, rien par contre pour la CGT-Police ou pour SUD Intérieur/Solidaires, qui malgré leurs efforts n’ont pas réuni assez de voix chez leurs collègues pour toucher une partie du pactole, ce qui ne les a cependant pas empêché de gratter des heures de délégation syndicale chez les bleus.
Le rapport la Cour des comptes ne remet évidemment pas en cause la légitimité des syndicats, ni l’importance de la cogestion syndicats-Etat dans une institution aussi cruciale que la police nationale. En 100 pages, il décrit par exemple comment au plus fort de la crise des « gilets jaunes », la « journée noire » d’action policière du 19 décembre 2018 a suffi « pour que s’engagent le soir même des discussions entre le ministre et les syndicats, aboutissant à un accord sous forme de protocole signé par les trois organisations syndicales majoritaires de la police nationale ». A la clé, diverses allocations et revalorisations salariales qui ont engendré un coût cumulé – jusqu’en 2021 – de 147 millions d’euros.
Enfin, au-delà des subventions versées sur des bases juridiques discutables, la Cour des comptes relève que le « niveau de syndicalisation » dans la police est de l’ordre de « 70 % à 80 % des personnels », contre 24 % dans l’ensemble de la fonction publique d’État, et que le montant des moyens alloués aux syndicats de flics est « particulièrement élevé lorsqu’il est rapporté au nombre de fonctionnaires de la police nationale (147 904 agents) », puisqu’il s’établit « à 367 euros par agent et par an, soit plus de deux fois plus que la moyenne dans l’ensemble de la fonction publique (154 euros par agent et par an) ». De quoi faire pâlir les autres syndicats de fonctionnaires, comme ceux de l’éducation nationale, pour lesquels les collègues policiers constituent assurément un modèle de réussite…
[Synthèse de la presse, 25-26 mars 2025]