[Cette lettre de prison de la compagnonne anarchiste Marianna M. a été publiée en grec le 30 mars 2025 sur Indy Athènes, puis traduite en français sur Indy Nantes le 7 avril]
Ce qui donne du sens à la vie donne aussi du sens à la mort
Le 31 octobre, au troisième étage d’un appartement situé rue Arkadias, alors que mon compagnon et combattant Kyriakos Xymitiris manipulait des matières explosives, une explosion a eu lieu, entraînant tragiquement sa mort. En quelques minutes, alors que je me trouvais par hasard dans la pièce voisine, le temps s’est figé, tout est devenu noir, et j’étais incapable de bouger. La situation était incompréhensible, l’évolution inimaginable. Ensevelie sous les décombres, j’essayais de comprendre ce qui s’était passé. Je demandais de l’aide, cherchant du regard mon compagnon. Peu à peu, je réalisais que, bien que le fil de l’action de mon compagnon ait été brutalement coupé, sa vie et ses choix de lutte constitueraient une lueur historique de résistance déterminée, de cohérence et de dévouement, un tremplin et une inspiration pour le combat. Deux silhouettes sont apparues, offrant leur aide, tandis que je leur indiquais l’endroit où j’avais vu mon compagnon pour la dernière fois, cet endroit où nos regards coupables s’étaient croisés, des regards remplis de colère contre le monde dans lequel nous vivons, pleins de foi et d’élan dans les moments de véritable liberté.
En quelques minutes, j’ai été transportée à l’hôpital de garde « Evangelismos ». J’ai immédiatement subi des examens et des opérations. Hématome à la tête et d’innombrables points de suture sur la partie supérieure de mon corps. Je suis restée intubée et totalement inconsciente pendant les trois jours suivants. Un laps de temps suffisant pour que les salauds de l’« antiterrorisme » se précipitent à l’hôpital pour exiger un échantillon de sang. Le lundi, en reprenant mes esprits, j’ai été transférée aux soins intensifs, où je suis restée clouée au lit pendant trois jours supplémentaires. Les conditions là-bas étaient décentes, avec un personnel médical prêt à aider à ma récupération. Cependant, la salle était encerclée par des forces de police qui entraient dans l’unité de soins intensifs pendant les cinq minutes de visite accordées à ma famille.
Deux jours plus tard, j’ai été transférée – sans raison apparente – dans une chambre d’isolement, surveillée par plusieurs policiers statiques et autant d’autres mobiles dans les couloirs et les étages. La porte de ma chambre restait constamment ouverte, ne laissant aucune intimité, même pendant les examens médicaux. Sous le regard « vigilant » de toutes sortes de flics, je devais manger, être examinée, et faire ma toilette. Suivant les ordres, le personnel médical et infirmier adoptait pour la plupart une attitude distante, montrant une empathie quasi inexistante, même pour les besoins les plus élémentaires, comme réaliser un examen sans la présence d’un policier homme.
L’ambiance vindicative a été renforcée par l’insistance de la 22e juge d’instruction du tribunal de première instance d’Athènes à mener la procédure d’enquête malgré ma faiblesse physique et mentale. Après avoir demandé une attestation de ma « fonctionnalité » suffisante, qu’elle a interprétée à sa guise, elle m’a finalement accordé un délai fictif de 30 heures. Elle a ainsi confirmé que sa priorité était ma détention provisoire et ma poursuite en vertu de l’article 187A, une décision déjà prise à l’avance.
Le vendredi 15 novembre, à peine un jour après ma deuxième opération, j’ai été transférée aux prisons pour femmes de Korydallos. Vivre dans ces conditions était difficile. Sous des conditions d’hygiène déplorables et avec des blessures non cicatrisées au corps et à la tête, le mécanisme répressif jouait avec ma santé. Sans les soins médicaux nécessaires, sans accès aux médicaments indispensables. Une situation que toutes les détenues affrontent, considérées comme des citoyennes de seconde zone, sans droit à des soins médicaux, avec des examens médicaux superficiels voire inexistants de la part des médecins de la prison, une interdiction des actes médicaux nécessaires, l’interruption des traitements médicamenteux suivis à l’extérieur, et des mois d’attente pour des examens urgents dans des hôpitaux externes.
LA GÉOMÉTRIE DE L’ANTITERRORISME
Alors que j’étais encore inconsciente, quelques heures seulement après l’explosion, l’appareil judiciaire s’est aligné sur les directives de l’antiterrorisme pour élaborer un acte d’accusation monstrueux. La manipulation (d’une petite quantité) de matières explosives et de mécanismes, connue uniquement de mon compagnon Kyriakos et de moi-même, a été qualifiée d’organisation. L’appartement, auquel nous avions accès depuis seulement quelques jours, a été désigné comme un repaire. Les objets légaux trouvés dans l’appartement où je vivais avec Kyriakos, exhibés dans les journaux télévisés de 20 heures, ont été qualifiés de suspects. Avec ces données, l’antiterrorisme me poursuit pour « terrorisme ». À ce stade, je ne me concentrerai pas sur l’aspect juridique ni ne parlerai en termes d’innocence ou de culpabilité. Je refuse d’accepter un acte d’accusation basé sur l’article 187A, surtout lorsqu’il exploite de manière abjecte la mort de mon compagnon. Et je compte déconstruire tout scénario répressif. Cependant, je défendrai jusqu’au bout mon choix d’être dans cet appartement, la nécessité de lutter avec des moyens qui ne se limitent pas au cadre de la légalité bourgeoise, les choix de mon compagnon, sa mémoire et notre relation.
En traçant des cercles concentriques, l’antiterrorisme tisse sa propre toile répressive. Elle place au centre Kyriakos et moi, et avec une géométrie tremblante, elle positionne amis, compagnons et inconnus. Dans le premier cercle, elle arrête la camarade anarchiste Dimitra (qui s’est présentée volontairement) dans une opération digne d’Hollywood à l’aéroport d’Athènes, où – contrairement au féminicide de Kyriaki Griva – une voiture de patrouille jouant le rôle de taxi la récupère à l’aéroport pour l’emmener au quartier général de la police (GADA). La seule « preuve » est qu’elle nous a remis les clés de l’appartement d’Arkadias, à Kyriakos et moi, sous prétexte d’accueillir des connaissances de l’étranger, sans connaître l’objectif de son utilisation. Il est à noter qu’au moment de l’explosion, elle se trouvait à l’étranger, où elle vit depuis plusieurs années. Elle est également poursuivie sous l’article 187A. Dans le deuxième cercle, elle place le camarade Dimitris, qui s’est également présenté volontairement au GADA, restituant les clés de l’appartement d’Arkadias à la propriétaire, comme le lui avait demandé Dimitra. Avec pour seule implication la remise des clés, sans rien savoir de plus et étant au travail au moment de l’explosion, il fait lui aussi face aux mêmes accusations. Vingt jours plus tard, l’« antiterrorisme » complète un autre cercle avec l’arrestation du camarade anarchiste N. Romanos. Dans son cas, le mécanisme répressif a déployé sa vindicte en utilisant une empreinte partielle sur un objet transportable – un sac – trouvé dans l’appartement d’Arkadias. Deux jours plus tard, dans le dernier cercle, A.K. est arrêté, lui aussi sur la base de la preuve risible d’une empreinte sur le même sac. Apparemment, l’« efficacité » des laboratoires de la police grecque a réussi en 20 jours à impliquer deux personnes avec lesquelles je n’ai aucune relation, en exhumant une empreinte, alors que des tonnes de xylène liées au massacre de Tempi n’ont pas été retrouvées deux ans après. Ces deux derniers arrêtés font face au même acte d’accusation bancal.
LES ÉBAUCHES DES MÉDIAS
La ligne de l’« antiterrorisme » n’a pas été suivie uniquement par la juge d’instruction, mais aussi par les médias, toujours dociles. Dès le premier instant, ils se sont lancés dans une de leurs habituelles chasses aux sorcières, ciblant et diffamant. Les compteurs des mouchards ont enregistré d’innombrables heures à reproduire et enrichir le scénario mal ficelé de l’antiterrorisme, s’adonnant à leur habituelle construction de profils « coupables ». Avec des acrobaties juridiques, ils ont lié sans preuves des affaires, laissé des sous-entendus, commenté via des télé-flics et des télé-psychologues notre origine sociale, notre caractère, notre psyché. Les mêmes mouchards qui parlaient de sacrifices nécessaires dans le massacre de Tempi, qui déversent des torrents racistes à la moindre occasion, qui couvrent violeurs, proxénètes, flics assassins, et qui s’inclinent depuis toujours devant les armateurs, les industriels et les politiciens.
LA TRAJECTOIRE DE L’APPAREIL JUDICIAIRE
L’« antiterrorisme » a ouvert la voie, les médias l’ont pavée, et maintenant l’appareil judiciaire est appelé à la bétonner. Ainsi, la juge d’instruction, à travers des suppositions, tente d’interpréter mes intentions. Avec des alchimies juridiques, elle me poursuit sous la loi antiterroriste 187A, ce qui aggrave automatiquement toute « infraction » que j’ai pu commettre. Par ce choix, elle ne fait pas que faire grimper le tarif des peines, mais reconnaît implicitement l’explosion comme une action organisée et intentionnelle, ce qui, vu les circonstances – une explosion dans un appartement d’un immeuble habité – ne pourrait correspondre à la réalité. Les idées et valeurs anarchistes – contrairement à celles de l’État et du système de pouvoir – ont prouvé au fil des années leur éthique révolutionnaire et leur opposition aux logiques de pertes collatérales. Les attaques anarchistes sont ciblées, mettant en priorité la sécurité des personnes non impliquées. Ainsi, faire exploser l’appartement n’aurait jamais pu être mon objectif ni celui de mon compagnon, malgré les efforts du mécanisme étatique pour nous coller l’étiquette de « danger public ». Le gouvernement a eu l’audace, au-delà de l’instrumentalisation répressive et politique de l’explosion, de verser des larmes de crocodile pour les dégâts matériels du bâtiment, afin de confier la réparation à TERNA, une entreprise notoirement liée à l’État par des contrats directs, impliquée également dans le scandale des barrages défectueux à Volos. Avec toutes ces manœuvres, la juge d’instruction envoie un message clair : toute action anarchiste dépassant les lois sera poursuivie sous le 187A, et quiconque refuse de se soumettre à la loi et à l’ordre imposés par le système sera éliminé de manière exemplaire.
Nous sommes ainsi cinq personnes, dont quatre n’ont aucun lien avec ce qui s’est passé le 31 octobre dans l’appartement d’Arkadias, à devoir répondre à des suppositions et des scénarios fabriqués. Le prêt et la restitution d’une paire de clés pour un hébergement, ainsi que des empreintes partielles sur un sac, non seulement constituent pour la juge des « preuves » suffisantes pour une poursuite, mais sont jugés capables d’attribuer à tous les accusés le même degré d’implication dans l’acte d’accusation.
LA RÈGLE GÉOMÉTRIQUE DE TOUTE POURSUITE SOUS LE 187A
Notre cas n’est cependant pas une exception. Les affaires où des combattants sont poursuivis sous la législation « antiterroriste » sont innombrables. Des poursuites qui appellent le monde de la lutte à affronter un système judiciaire prêt à jouer un rôle politique actif, aggravant les chefs d’accusation avec l’usage de la loi antiterroriste, dont l’ambiguïté permet à la justice de l’interpréter à sa guise. Dans le but de contrôler et d’intimider ses adversaires politiques, de réprimer de manière préventive, d’éliminer l’ennemi intérieur et toute forme de violence sociale et politique, la législation « antiterroriste » est l’arme principale de la politique répressive de l’État. En plaçant au centre les expressions armées de la lutte et les pratiques qui défient les lois, la loi antiterroriste impose un régime spécial, tant sur le plan judiciaire que sur celui de l’incarcération. Durcissement des peines, suppression des jurys mixtes, compositions spéciales de juges, salles spéciales et régime juridique d’exception en sont quelques caractéristiques. Cette attaque ne se limite pas à ceux qui choisissent consciemment d’élargir leur action par des moyens armés, mais n’hésite pas à cibler – souvent avec la même intensité – leurs proches, cherchant leur isolement social et politique. La question est simple : qui appellera qui terroriste ? Qui jugera qui ? Comment un système judiciaire, existant pour servir et protéger les intérêts des puissants, la violence qu’ils exercent quotidiennement, l’exploitation et l’oppression qu’ils imposent, peut-il juger le monde de la lutte ? Les véritables sujets exerçant une terreur systématique ne sont autres que les patrons et leurs représentants politiques, ceux que le complexe législatif disculpe depuis toujours, poursuivant ceux et celles qui défient leur domination en proposant une société d’égalité et de solidarité.
L’ESPACE ENVIRONNANT LA CONSTRUCTION RÉPRESSIVE
Il devient ainsi évident que l’essence de nos poursuites n’est pas juridique, mais politique, et ne peut être comprise qu’à travers le contexte actuel. Un contexte où l’Occident, qui a tenté pendant des années de laver ses mains des siècles de colonialisme en vendant l’inclusion et les droits, impose désormais ouvertement sa stratégie globale et son hégémonie idéologique. Même dans un climat d’instabilité où les initiatives, les « défections » et les démonstrations – plutôt creuses – de puissance du maître du monde sèment l’insécurité parmi ses anciens partenaires européens, le bloc impérialiste occidental tente de prouver – en vain – sa « supériorité » culturelle et son « progressisme », tout en cherchant à dominer des points d’intérêt géopolitique. L’Union européenne se dépouille irrémédiablement de son masque humanitaire, revenant avec force à la répartition de l’échiquier mondial. Elle joue un rôle décisif dans les évolutions globales, soutenant financièrement et militairement l’attaque d’Israël contre la Palestine combattante, appuyant militairement l’Ukraine, et surveillant ses frontières face à des millions de personnes que sa propre politique a poussées à la migration.
La Grèce ne fait évidemment pas exception. En transformant le pays en une gigantesque base militaire de l’OTAN, l’État grec s’allie activement avec Israël (une alliance qui revêt également des intérêts économiques). Dans un climat d’instabilité, à peine quelques années après les mémorandums, le mécanisme étatique choisit de se concentrer sur les dépenses militaires, le renforcement de l’appareil répressif et la sécurisation de ses frontières, aggravant ainsi encore davantage la situation de la base sociale. Avec des privatisations, l’inflation et la misère, des attaques contre le syndicalisme, les conventions collectives, le système de santé publique et le système éducatif, le gouvernement, prenant le relais de la social-démocratie et de sa stratégie de la carotte et du bâton, passe à une droite néolibérale qui combine – maladroitement – un progressisme assimilable avec le dogme de la loi et de l’ordre. Il tente de s’adapter aux besoins d’un néolibéralisme moderne et progressiste qui, après l’éclatement de la bulle de l’ascension sociale, du yuppisme et des golden boys, ne peut offrir qu’une illusion d’intégration des identités où « tous les bons » ont leur place dans le capitalisme – comme dans une publicité bien ficelée de Benetton. Des identités historiquement exclues obtiennent enfin une « voix », à condition que cette voix ne remette pas en question le système qui les a exclues en premier lieu. Et comme ce progressisme de façade a des jambes courtes – et un réservoir limité d’électeurs –, la loi et ses exécutants sont appelés à faire le « sale boulot » – visant un autre réservoir. Les codes pénaux et correctionnels se durcissent, des unités répressives spéciales sont créées, les corps de police existants sont renforcés, les frontières terrestres et maritimes sont équipées, les patrouilles s’intensifient. Pour chaque « problème », une nouvelle loi ; pour chaque loi, un flic – peut-être formé, certes, aux cas de violence domestique. L’État ne se contente pas de s’armer, il est prêt au combat.
Un combat contre la « criminalité » qui, selon leurs dires, menace fondamentalement l’ensemble social. À chaque coin de rue, un « crime » a lieu, perpétré par des bandes armées de mineurs, d’adultes, de migrants, de locaux, de pauvres hères, de barons, de supporters, d’organisés ou de désorganisés, et l’État, en tant que régulateur autoproclamé de nos vies, nous propose obsessionnellement des peines plus sévères et plus de police – qui, d’une manière ou d’une autre, finit toujours par être impliquée dans les « crimes » qu’elle réprime. Dans un contexte où le mécanisme étatique n’a rien à offrir sinon une poigne répressive et pénale, il transforme le dogme « Loi et Ordre » en ligne directrice centrale du gouvernement.
Dans une telle ligne, l’ennemi intérieur est identifié dans tout groupe social qui perturbe le climat de « sécurité ». Migrants, toxicomanes, « misérables », fractions en lutte. Et bien sûr, dans cette liste, le mouvement anarchiste ne pouvait manquer. Un mouvement qui, historiquement et fièrement, engendre parmi ses rangs des combattants et des combattantes qui agissent de manière tranchante et décisive contre l’État et le pouvoir. Ce sont ces initiatives qui défient la domination, créent des conditions dynamiques, proposent des solutions ici et maintenant, et déconstruisent le monopole étatique de la violence. À travers la diversité des moyens de lutte, le mouvement anarchiste a prouvé sa place dans le cours de l’histoire. Une place où les logiques d’attente n’ont pas leur place, où les limites de la légalité bourgeoise semblent insignifiantes face aux années de violence de l’État et du capital, où le lourd manteau de la responsabilité repose d’abord et avant tout sur nous. Où la vision d’un monde d’égalité et de solidarité commence aujourd’hui, où le compromis n’est pas une option, où l’attaque contre la barbarie du système est une « décision volontaire empreinte d’une profonde empathie », et le passage à la contre-violence révolutionnaire, une conséquence logique et un outil nécessaire. À cet ennemi intérieur, le message est clair : quiconque ne s’assimile pas sera éliminé.
LE COMPAGNON, LE LIANT ET LE BÂTISSEUR
Non omnis moriar
(Je ne mourrai pas entièrement, quelque chose de moi restera vivant)
Le camarade Kyriakos Xymitiris s’est lui aussi rangé parmi ces ennemis intérieurs déterminés. Un homme d’une clarté cristalline et révolté. Un compagnon qui a allié la théorie à la pratique, qui s’est lancé dans la lutte et a vécu sa vie pleinement, assumant la responsabilité de son rôle historique. Comprenant son identité politique dans toute son ampleur, il n’a pas cédé aux logiques de procrastination et d’inaction, ne s’est pas reposé sur ses lauriers, a lutté contre vents et marées, a rêvé et a pris position dans la bataille. Sur un chemin parsemé de carrefours, Kyriakos choisissait toujours le bon sentier. Tantôt praticable, tantôt ardu, tantôt visible, tantôt invisible. À travers son parcours de lutte, sa participation sans compromis à toute l’étendue du mouvement anarchiste, le compagnon incarne un combattant anarchiste consciemment multidimensionnel, capable de condenser la mosaïque particulière des formes et expressions de lutte que l’anarchie englobe. En réalisant sa propre transcendance individuelle, il a adapté sa vie aux exigences et aux besoins de la résistance, choisissant un mode de vie synonyme de lutte. Avec sensibilité, empathie, autocritique, combativité et détermination, il a servi la lutte anarchiste. En participant à des processus ouverts, des occupations, des gardes, des luttes syndicales, des maraudes féministes et antifascistes, des actions et des affrontements, il a voulu contribuer à l’acuité de l’anarchie. Cherchant avec obstination et persévérance des moyens de contrer la violence quotidienne de l’État et du capitalisme, il a exploré les pointes armées de la lutte, déplaçant le conflit au cœur de la domination et démystifiant la violence des oppresseurs. Les yeux toujours tournés vers la Cause Révolutionnaire, il s’est jeté dans la bataille avec tous les moyens à sa disposition.
Assassiné par le monde du pouvoir qu’il a tant combattu pour changer, que sa mémoire subversive devienne un appel à la lutte. Que sa mémoire arme les esprits et les mains des combattants et des combattantes. Honorons nos morts loin des logiques donquichottesques et défaitistes, avec la poursuite et l’intensification de la lutte, avec tendresse et honneur.
Que le 31 octobre reste gravé dans l’histoire comme un parcours de lutte, une journée de responsabilité, un moment de résistance. Car la lutte ne tolère ni compromis, ni cloisonnements, ni égoïsmes. Elle ne rentre pas dans les lois, les contrats ou les limites. Car la lutte exige détermination et vision. Elle demande foi et dévouement, des relations authentiques et généreuses. Car la lutte a besoin d’êtres humbles et prêts. Des êtres véritablement révoltés et cohérents. Des gens comme Kyriakos, cet homme magnifique
qui a rempli le ciel de son étoile,
aux côtés de tant de camarades,
qui, par leur lumière – même derrière les barreaux –,
parviennent à éclairer nos nuits les plus coupables.
Nous avons raison, nous vaincrons.
Kyriakos Ximitiris immortel
L’Etat et le capital sont les seuls terroristes
Force et solidarité à tous les camarades enfermés
La solidarité est l’arme des peuples
Marianna M.