L’UE demande à ses citoyens de se faire un « kit de survie »
de 72 heures pour faire face aux risques de guerre
Le Parisien/Libération/Le Figaro, 27-28 mars 2025
La Commission européenne a proposé mercredi 26 mars une « stratégie de préparation et de gestion de crises », a expliqué la commissaire européenne en charge de ce dossier, Hadja Lahbib, dans un entretien à l’AFP. « Nous allons soutenir les États membres dans la confection de ce qu’on appelle un sac de résilience, et donc avoir tous les citoyens prêts à résister, à être en autonomie stratégique pendant minimum 72 heures », a-t-elle ajouté. Avec une liste d’une dizaine de produits jugées indispensables pour remplir ce kit de survie, qui vont de la bouteille d’eau à la lampe-torche en passant par les papiers d’identité ou les allumettes, et de la nourriture non périssable.
Dans l’Hexagone, le gouvernement avait déjà confirmé mardi 18 mars que tous les Français vont recevoir, avant l’été, un « manuel de survie » sous forme de brochure d’une trentaine de pages abordant les pratiques à adopter pour se préparer et réagir en cas de crise, allant d’un accident industriel, un événement climatique grave et jusqu’au conflit armé. D’après l’AFP, le document est réalisé par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et pourrait s’appeler «France résilience», ou «Tous résilients» [sic], inspiré des livrets édités par la Suède, la Norvège et la Finlande (voir ci-dessous).

Trois axes seront abordés dans ce «manuel de survie». Savoir se protéger en adoptant les bons gestes «selon la typologie de crise» en constitue la première partie : s’abriter, rester chez soi ou évacuer, s’éloigner des cours d’eau… À travers des «dessins et des phrases simples et claires», les ménages sauront comment ajuster leur posture. Le deuxième axe entend, lui, répondre à la question suivante : «que faire en cas d’alerte ?» La brochure apprend ainsi aux foyers à reconnaître un coup de sirène, mais également à s’informer sur les canaux et chaînes d’informations, ou à suivre les consignes envoyées par SMS. Le projet gouvernemental veut également sensibiliser. Au cœur de cette troisième partie, le livret «recense les dispositifs de volontariat proposés aux Français qui souhaitent se mobiliser», détaille encore Libération. Réserviste dans les armées, la police, les pompiers ou la sécurité civile…
Autre fait notable : le livret invite les Français à constituer un «kit de survie», afin de réagir sereinement en cas de «crise». Le gouvernement préconise d’y glisser quelques indispensables : de l’eau potable – six bouteilles par personne -, des lampes de poches, une trousse de premiers secours complète, des denrées non périssables telles que des boîtes de conserve, du riz ou des pâtes, sans oublier la fameuse radio à piles, pour se tenir informé de l’actualité. À l’instar de la Norvège, le «livret de survie» contient une «check-list» (une feuille avec des cases à cocher, NDLR), pour s’assurer d’être autonome plusieurs jours. Concernant sa diffusion, le «manuel de survie» pourrait être imprimé, mais également diffusé «via Internet, les sites officiels et les réseaux sociaux».

Enfin, alors que le gouvernement s’apprête à diffuser son manuel de survie, la Ville de Grenoble a déjà sauté le pas au début de l’année. Inondation, canicule, glissement de terrain, risque industriel et nucléaire, cyberattaque, feux de forêt, épidémie, rupture de barrage : le livret s’attarde sur chaque risque, et détaille les bons réflexes à adopter. Au total, 80 000 livrets ont été distribués début 2025 dans les boîtes aux lettres de la ville. Ils contiennent notamment des conseils pour préparer un « sac d’évacuation », soit les « indispensables » à avoir dans son sac à dos en cas d’urgence. Gourde, trousse de secours, lampe torche, radio, batterie externe : autant d’objets à emporter avec soi « pour être prêt en toute situation« .

Une documentation complète, mais qui peut se révéler anxiogène pour les habitants. « Je peux entendre que le contexte actuel soit anxiogène, mais il n’y a aucun rapport avec la distribution du livret, rassure Antoine Back, adjoint au maire en charge des risques et de la résilience territoriale. Maintenant, face à l’anxiété que peut provoquer la situation internationale, on peut se préparer, on peut passer à l’action. Ce qui est vraiment anxiogène, c’est le sentiment d’être impuissant face aux évènements. Or, nous ne sommes ni désarmés ni impuissants. Parfois ça passe par des petites choses comme préparer un sac d’évacuation, qui n’est pas prévu pour des situations de guerre je le rappelle, mais plutôt pour un black-out électrique, ou une inondation. »
Antoine Back invite par exemple les Grenoblois à préparer leur sac d’évacuation en famille, et de faire participer les enfants sous la forme d’un jeu. « C’est simple à faire, et on se sent mieux après », conclut-il, proposant d’y ajouter de la nourriture à partager ou un jeu de société pour faciliter l’entraide et la solidarité en cas d’évènement imprévu.