Hambourg (Allemagne) : la maison du ministre écolo sur le grill !

Switch off the system of destruction !
Switch off la « modernisation verte » !
(traduit de l’allemand de de.indymedia, 13 décembre 2024)

Attaque contre Jens Kerstan, ministre de l’environnement de Hambourg

Dans le quartier de Bergedorf, nous avons mis le feu à la pompe à chaleur située devant sa villa, rue Sichter n°16, dans la nuit du 10 au 11 décembre 2024, à l’aide d’un engin incendiaire à retardement composé de bouteilles d’essence et d’allume-feu.

L’une des thèses les plus populaires de Omid Nouripour, l’ancien président [2022-2024] du parti des Verts, est la suivante : « Nous sommes fiers d’être un parti d’État ». Pour lui, cela n’avait pas de connotation historique négative, mais cela représentait une dimension positive. Le passage des Verts de l’opposition jusqu’aux responsabilités gouvernementales n’a pas pris beaucoup d’années. Joschka « baskets » Fischer a été l’un des premiers Verts à occuper des postes ministériels au niveau régional dans le Land de Hesse [où il est devenu ministre de l’environnement et de l’énergie en 1985, prêtant serment en baskets blanches, ce qui fit alors scandale NdT], et il a aussi mené les Verts à la première coalition au niveau fédéral avec le parti social-démocrate SPD de Gerhard Schröder.

Peu de temps après, l’armée allemande a participé à des missions de guerre à l’étranger avec l’accord explicite des Verts [au Kosovo et en Afghanistan], et l’Agenda 2010 une des plus importantes attaques contre le système de sécurité sociale en Allemagne a été organisé avec les Verts, prouvant qu’ils avaient compris le sens du mot « parti d’Etat ». Aujourd’hui encore, des ministres verts dans le gouvernement fédéral comme Annalena Baerbock [aux Affaires étrangères] et Robert Habeck [à l’Économie et du Climat] illustrent de manière exemplaire les effets de la Realpolitik de ce « parti d’Etat » : livraisons d’armes dans des régions en guerre, 100 milliards de fonds spéciaux pour l’armée allemande, des milliards de subventions pour l’industrie des semi-conducteurs, des contrats d’importation de gaz naturel liquéfié avec les pires dictatures tortionnaires de la planète, abolition du droit d’asile, expulsions vers des régions en guerre, refoulement des réfugiés aux frontières,…

Le projet politique des Verts est de gouverner, quelles que soient les conditions et peu importe avec qui. Car seul celui qui obtient des responsabilités gouvernementales a le pouvoir de façonner quelque chose au plan sociétal, n’est-ce pas ? La vérité est plutôt que celui qui obtient des responsabilités gouvernementales doit d’abord servir les intérêts des fonds d’investissement et des grands groupes industriels. Ceux qui n’ont pas encore voulu le faire devront l’apprendre très vite. Et ce qu’il y a de bien avec les Verts, c’est que lorsque le système sera vraiment en crise, ils apporteront aussi des idées sur la manière d’organiser de manière encore plus durable la modernisation du cycle éternel du pillage des ressources naturelles, de l’exploitation de la main-d’œuvre, de l’augmentation des taux de profit et de la destruction de toutes les bases de la vie : avec des énergies renouvelables au lieu de combustibles fossiles, avec la mobilité électrique au lieu de moteurs à combustion, avec des pompes à chaleur et des éoliennes au lieu de centrales à charbon.

Ce projet est également bien observable à Hambourg depuis de nombreuses années : en 2008, les Verts hambourgeois ont organisé la première coalition avec la CDU [la droite chrétienne-démocrate] au niveau national. Le chef du groupe parlementaire des Verts au gouvernement était alors Jens Kerstan. Anja Hajduk, aujourd’hui conseillère en chef du ministre de l’Économie Robert Habeck et secrétaire d’État dans son ministère, était alors sénatrice (donc ministre du Land) pour le développement urbain et l’environnement. Lors de la campagne électorale précédente, les Verts hambourgeois avaient encore promis d’empêcher la construction de la centrale à charbon du groupe Vattenfall en projet dans le port de Hambourg. Après les élections, les choses ont rapidement changé, et la construction de la centrale a été approuvée par le nouveau gouvernement régional noir-vert [CDU-Verts], puis la centrale a été exploitée de 2015 à 2021.

Depuis 2015, Kerstan est ministre pour l’environnement et l’énergie dans le gouvernement régional de Hambourg, entre-temps devenu rouge-vert [SPD-Verts]. Et pour les vestiges de la centrale à charbon de Moorburg et l’avenir du port de Hambourg, de plus en plus en crise, Jens Kerstan, le maire Tschentscher et Robert Habeck ont développé une vision : Hambourg doit devenir la plaque tournante centrale de l’« hydrogène vert ».
Un électrolyseur géant doit être construit sur le site de l’ancienne mine de charbon. Dès 2027, 10.000 tonnes d’hydrogène vert devraient être produites et 800 mégawatts de puissance devraient être atteints. En 2028, le premier terminal de transport d’« ammoniac vert » devrait être opérationnel à Hambourg (l’hydrogène est transformé en ammoniac afin de pouvoir être transporté plus facilement). Le contexte : le ministère fédéral de l’économie part du principe qu’au moins 70% des futurs besoins en « hydrogène vert » en Allemagne devront être importés. Habeck et son entourage ont donc fait le tour du monde, comme pour la recherche de fournisseurs de gaz liquide, conclu des contrats et lancé des projets : au Brésil, au Maroc, en Égypte, aux États-Unis, au Canada, en Australie, au Chili, en Namibie,…

L’histoire se répète comme une farce

En Namibie, il est prévu d’implanter une gigantesque production d’hydrogène dans le parc national de Tsau Khaeb, sur la côte sud-ouest. Les aménagements portuaires, les usines de dessalement, les électrolyseurs, les parcs éoliens et solaires prévus à cet effet détruiront les écosystèmes locaux. Les lieux où s’est produite la politique d’extermination du colonialisme allemand doivent disparaître, mais pas sans que les populations qui y vivent aient été associées à la planification. Hahaha ! Au final, jusqu’à deux millions de tonnes d’« ammoniac vert » devraient être exportées vers l’Allemagne à partir de 2030 et transbordées dans le port de Hambourg. Exactement là où, il y a 120 ans déjà, les soldats et colonisateurs allemands ont embarqué pour aller commettre le génocide des Nama et des Herero [entre 1904 et 1908] et où les richesses minières volées ont été déchargées par les navires des armateurs de Hambourg qui revenaient de Namibie.
A Hambourg, l’« hydrogène vert » importé permet surtout d’assouvir la soif d’énergie quasi infinie des aciéries, des usines d’aluminium et de la fonderie de cuivre Aurubis. Aurubis est une entreprise qui, depuis plus de 100 ans déjà, fait par exemple extraire du cuivre au Chili dans des conditions inhumaines. Quant à l’« ammoniac vert » chilien destiné à l’Allemagne, il proviendrait de la région près de Punto Arenas, où il existe également un projet de Porsche et de Siemens Energy visant à produire des « e-fuels », notamment pour le modèle préféré des amateurs de moteurs à combustion, la Porsche 911.

Mais revenons aux bas-fonds de la politique locale hambourgeoise. Les Verts hambourgeois ont avalé pas mal de couleuvres depuis qu’ils sont au gouvernement. Il s’agit notamment de grands projets d’infrastructure qui s’accompagnent d’une destruction gigantesque de l’environnement. Outre la construction de la centrale à charbon de Moorburg déjà mentionnée, il y a par exemple le dragage de la rivière Elbe, qui revient tous les deux ans, afin que les porte-conteneurs toujours plus grands puissent encore accoster dans les terminaux hambourgeois. Une résistance quelconque du ministre de l’Environnement Jens Kerstan, qui descend de la famille de grands armateurs propriétaires de la compagnie TT-Lines ? Pas le moins du monde ! Est-ce la loyauté envers sa famille ou simplement la prise de conscience de la réalité des rapports de force ? Ou est-ce qu’au final il s’en fout ? Prenons encore l’extension de l’autoroute A26 Est, un projet de plusieurs milliards qui entraînera encore plus d’émissions de CO2 et qui ne pourra être mis en œuvre qu’au prix d’une vaste imperméabilisation des surfaces, de la destruction des marais et de l’abattage des forêts…

Mais pour les Verts hanséatiques en charge du gouvernement, ce ne sont que des détails. Ils aiment voir plus grand et surtout penser à leur propre image. C’est ainsi qu’ils ont pensé, avec le maire SPD Tschentscher, à établir un tout nouveau format international à Hambourg après le succès du « Festival de la démocratie » (le sommet du G20 en 2017 à Hambourg) : la « Hamburg Sustainability Conference (HSC) ». Cette pompeuse conférence dite de durabilité, qui réunit 1000 décideurs du monde entier, doit servir de décor au gouvernement rouge-vert du Land pour se présenter comme un lieu important de « transformation durable ». La première édition de la HSC a déjà eu lieu en octobre 2024, et des répétitions annuelles doivent maintenant suivre pour devenir, selon les idées du maire Tschentscher et du sénateur à l’environnement Kerstan, un théâtre de guignol similaire à la conférence sur la sécurité de Munich « MSC », sauf qu’il ne s’agit pas de guerre, mais d’écologie.

Et Jens Kerstan ? Il se réjouit déjà de sa retraite politique après les prochaines élections municipales de mars 2025. Lui qui, pour compenser ses vols privés réguliers vers la finca familiale à Majorque, a acheté un terrain au Panama afin d’y reboiser la forêt tropicale. Il nous dégoûte ! Notre cadeau d’adieu pour lui :

Dans le quartier de Bergedorf, nous avons mis le feu à la pompe à chaleur située devant sa villa, rue Sichter n°16, dans la nuit du 10 au 11 décembre 2024, à l’aide d’un engin incendiaire à retardement composé de bouteilles d’essence et d’allume-feu.

Éteindre le système de destruction !
Switch off la « Modernisation verte » !

« La mort de certains a plus de poids que le mont Tai… » : Rest in power, Kyriakos !
Free Marianna, Dimitra, Dimitris et Nikos !
Free Hanna, Maja, Nanuk, Johann et Daniela !

Des ami.es des nuits claires de Berlin