Villeurbanne (Rhône) : Vinci entre dans la danse


A Lyon, la piste de l’ultragauche après le ciblage
d’une filiale de Vinci

Le Monde/Le Progrès, 25 avril 2025

Le siège social de l’entreprise Citinéa, filiale du groupe français Vinci Construction, a été le théâtre d’un incendie mineur, mardi 22 avril. Le feu de détritus, d’origine volontaire, se serait éteint de lui-même, avenue Paul-Kruger, dans le quartier Grandclément, à Villeurbanne. L’équipe aurait été alertée par une odeur de brûlé. L’affaire n’aurait sans doute pas mobilisé outre mesure les forces de l’ordre, si un tag DDPF (Défense des prisonniers français) n’avait pas été peint sur un mur. Cette inscription fait son apparition sur nombre des attaques de prisons et de biens d’agents pénitentiaires enregistrées en France, depuis la mi-avril.

Or, cette filiale régionale du groupe Vinci Construction, spécialisée dans les travaux de ­maçonnerie, vient d’être désignée dans le marché public de construction d’un nouveau ­centre de rétention administratif à Longvic (Côte-d’Or), près de ­Dijon. Ce centre de 140 places doit ouvrir fin 2026, afin de répondre à l’intensification des mesures d’éloignement des personnes en situation irrégulière sous l’impulsion du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau.


La thèse d’un acte politisé est accréditée par une revendication, parvenue par mail au bureau de l’Agence France-Presse de Lyon, mercredi en fin de matinée, le lendemain de la tentative d’incendie. Le message n’est pas authentifié, mais l’envoi, qui a précédé la médiatisation de l’affaire, laisse supposer que l’auteur anonyme, déjà au courant, voulait amplifier la portée symbolique de l’incendie :

« C’est pour dénoncer Vinci et toutes les autres entreprises qui gagnent de la thune en construisant des prisons où des milliers de gens sont maltraités », justifie l’auteur. Le courriel poursuit : « On continuera nos attaques tant qu’ils continueront ces constructions et contre tous les responsables des prisons. Ils peuvent sécuriser les parkings des taules pendant un moment mais pas pour toujours, et on a plein d’autres cibles en attendant. On restera imprévisibles pour défendre les droits des prisonniers. »

Cette revendication fait aussi écho à un long texte mis en ligne, dimanche 20 avril, sur la plateforme Rebellyon. Ce site d’information lyonnais, « alternatif et anti-autoritaire », est connu pour relayer les thèmes de prédilection des courants autonomes. Intitulé « Soutien au DDPF », l’article reprend des extraits de messages des groupes Telegram et des comptes TikTok qui ont revendiqué les actions de ce mystérieux mouvement, et qui ont depuis été fermés. « Force à tous.tes les prisonnier.es et à leurs soutiens », mentionne aussi le texte, non sans faire référence à l’histoire de l’extrême gauche lyonnaise, et ses relations anciennes avec la défense des prisonniers.