Feu à T-Systems : profiteur de guerre, auxiliaire des flics, dévastateur de l’environnement
Traduit de l’allemand de de.indymedia, 26 octobre 2024
Nous nous sommes réjouis des différentes initiatives qui ont apporté une réponse pratique à l’appel du Salon du livre anarchiste des Balkans (Balkan Anarchist Bookfair) à des journées d’actions contre le militarisme et le nationalisme, et nous voulons continuer sur cette lancée avec notre attaque contre T-Systems. C’est pourquoi, dans la nuit du 22 au 23 octobre, avec de l’essence et des pneus, nous avons mis le feu à l’arrière de son siège berlinois, situé Pascalstraße dans le quartier de Charlottenburg.
« La guerre est une partie intrinsèque du système capitaliste. Qu’elle soit de faible intensité ou pleine et entière, elle sert d’outil important pour l’expansion du capitalisme en ouvrant de nouvelles sources d’exploitation, telles que la terre, la mer, les minéraux, tous·te·s les êtres vivant·e·s ; ou la production et la vente d’armes comme capital. Nous ne tombons pas dans le piège de considérer qu’un conflit est binaire entre États-nations, bien que nous acceptions ses nuances et ses contextes de la façon dont ils se produisent : nous le voyons comme une guerre du capital contre la société. » (BAB, août 2024)
Guerre et dévastation environnementale :
les deux faces d’une même médaille
L’expansion du capitalisme au niveau mondial et la destruction de la Terre sont le résultat de siècles de terreur, de guerre et d’exploitation. Depuis au moins le siècle dernier, le monde qui s’est construit sur ces bases se dirige les yeux fermés vers une catastrophe d’une dimension encore inconnue. Outre les graves atteintes à l’environnement dues à l’extractivisme sans limites et les souffrances incommensurables causées par le sang versé pour la domination, le pouvoir et le profit, la guerre et l’armée font partie des principaux responsables de cette catastrophe, avec plus de 5% des émissions de CO2 dans le monde. Même en temps de soi-disant paix.
La croissance économique, condition sine qua non de la pérennité de ce système, et les prétentions hégémoniques qui en découlent pour les nations concurrentes en matière d’accès à la terre, aux matières premières et aux travailleur.euses réduit.es en esclavage conduisent inévitablement à des conflits. Le fait que certaines ressources s’épuiseront bientôt suite au pillage de la planète au cours des époques antérieures ne fait qu’alimenter ces conflits.
La lutte pour les matières premières et les technologies nécessaires à la transformation « verte » de l’économie et les confrontations militaires actuelles annoncent déjà une nouvelle escalade des crises et des guerres mondiales. Cela s’accompagne d’une course aux armements entre les États et les blocs de pouvoir, ainsi que d’une militarisation massive de la société. Le changement d’époque amorcé par le gouvernement fédéral allemand ne marque pas seulement un changement de discours en faveur d’une frénésie guerrière générale au nom de soi-disant « valeurs démocratiques », mais se manifeste déjà de manière tragique par des livraisons d’armes au front ukrainien, et par la complicité inconditionnelle de l’Allemagne dans la guerre génocidaire menée par Israël contre la population palestinienne à Gaza et au-delà.
Que certain.es profitent de telles évolutions et que la guerre soit un business très lucratif fait partie de la réalité perverse de la routine capitaliste. Dans ce contexte, les entreprises informatiques et technologiques jouent un rôle toujours plus décisif dans la manière de mener la guerre, comme nous le montre de manière brutale l’utilisation par l’armée israélienne de programmes d’assassinats basés sur l’Intelligence Artificielle. L’une de ces entreprises informatiques est T-Systems.
Armée, police, industrie de l’armement, ou mafia pétrolière :
T-Systems les fournit toutes
T-Systems et sa filiale Rola Security Solutions font partie du groupe
Deutsche Telekom [l’équivalent d’Orange dans l’hexagone] et proposent des solutions informatiques à plus de 400 gros clients et à différentes administrations de la défense et de la sécurité. En font partie des services nationaux et internationaux de l’armée, des renseignements, de la sûreté d’État et de la police, ainsi que des entreprises d’armement comme Airbus et MAN SE, divers constructeurs automobiles comme VW et Daimler, ou des groupes pétroliers comme BP et Shell. Dans ce contexte, Telekom semble si soucieuse de soigner une image propre d’entreprise civile, que cet incendie contre sa branche militaire et de sécurité de sa filiale T-Systems est systématiquement passé sous silence par les médias.
La division de T-Systems Information Services GmbH (IFS) que nous avons attaquée fournit non seulement un paquet complet pour le travail de police numérique et des solutions informatiques pour l’industrie, mais aussi des offres étendues pour l’utilisation militaire. Il ne s’agit pas là seulement de faire fonctionner les ordinateurs de l’armée fédérale comme sur des roulettes, mais T-Systems est également en première ligne, au sens propre du terme, en développant, exploitant et entretenant des logiciels pour les systèmes de commandement et d’armement de la marine allemande. Ainsi, avec son réseau de sociétés, Telekom est un soutien important de l’infrastructure militaire et, au besoin, impliquée directement dans des actions de guerre.
L’entreprise achetée par T-Systems en 2014, Rola Securitys Solutions, est également d’une grande importance. La boite d’informatique fournit à la police, à l’armée fédérale et aux services secrets des logiciels pour les recherches et pour les mesures opérationnelles. Qu’il s’agisse d’empreintes digitales, de données GPS, de nom de suspect.es, de pièces à conviction, d’ADN ou d’écoutes téléphoniques, la plupart des services de sécurité allemands sont des clients de Rola et alimentent leur logiciel entre autres avec de telles données d’enquêtes et de surveillance afin de détecter des traces et des liens invisibles pour un œil humain. L’entreprise exploite également un système d’information militaire, de renseignement et de police des frontières pour l’élaboration d’images stratégiques et opérationnelles de la situation. L’entreprise est ainsi un rouage du système de la politique d’asile raciste et du régime frontalier assassin de la Forteresse Europe. Ces activités répugnantes procurent à Rola Securitys, qui offre ses services plus ou moins sans concurrence à l’État, un bénéfice annuel de plus de 8 millions d’euros.
Solidarité avec les opprimé.es et les exploité.es de ce monde
Courage et force à tou/tes les réfugié.es et déserteur.es
Liberté et bonne chance aux prisonnier.es et à celleux qui sont en
cavale, et spécialement à Nanuk, emprisonné récemment à Berlin.
Attaquer le militarisme et le nationalisme – saboter les profiteurs de guerre !