Contre la construction d’une nouvelle prison en Seine-Saint-Denis (et partout ailleurs…), 8 pages, A5, mars 2021
Extrait de la conclusion :
La construction d’une prison révèle tout un pan de ce qui est nécessaire à son existence. En effet, un lieu d’enfermement ne sort pas de nulle part, il ne peut voir le jour que par le travail d’un ensemble de personnes et d’entreprises. Certaines sont déjà connues pour avoir mené les études d’impact du projet (Egis, Technosol, Even conseil, CDVIA, B&L évolution, cabinet Earth avocats). D’autres vont bientôt être choisies pour la conception et la construction, peut-être parmi les entreprises du BTP comme Bouygues, Eiffage ou Vinci qui continuent de construire de nombreux lieux d’enfermement. À cela s’ajoutent celles qui fourniront les éléments spécifiques comme les portes, les serrures, les barreaux, les meubles, les barbelés, les systèmes de surveillance et de brouilleurs d’ondes, etc. Avant le début du chantier, il est possible de saboter la machine qui se met en branle. Car ces entreprises ont des bureaux, des lieux de productions, des entrepôts, des véhicules, ainsi que du matériel, des données informatiques et du personnel circulant entre ces différents sites. Autant de cibles disséminées sur le territoire qui offrent des prises concrètes et accessibles pour enrayer le processus de construction.
Par la lutte contre de nouvelles prisons on entend aussi s’attaquer à celles existantes. Cela peut passer par prolonger à l’extérieur les révoltes individuelles ou collectives qui se produisent régulièrement à l’intérieur. Quelle que soit l’étanchéité des murs, il y aura toujours des brèches pour déjouer les moyens de contrôle et maintenir une communication entre le dedans et le dehors.
Cela peut également passer par s’attaquer à tout ce qui travaille à l’existence de la prison. À bien y regarder, la prison ne se résume pas à quatre murs protégés par des gardes armés. Des universités où est théorisée la nécessité de l’enfermement et de son perfectionnement, aux écoles pour matons ou éducateurs en passant par les médias qui diffusent le discours sécuritaire et les entreprises qui assurent le nettoyage et le ravitaillement des prisons, la taule s’appuie sur le travail de tout un tas de gens à l’extérieur. Elle repose aussi sur les entreprises qui profitent des peines dites alternatives et sur les infrastructures technologiques qui permettent le contrôle hors les murs.
Peu importe par quel bout on s’y prend, il y a toujours moyen d’agir !
[Indymedia Nantes, 11 avril 2021]