Suresnes (Hauts-de-Seine) : caméras « à détection de comportements suspects »

À Suresnes, la vidéosurveillance va détecter
« les comportements suspects »

actuHautsdeSeine, 21 mars 2021

Black Mirror pour les uns, avancée technologiques pour les autres… Comme à chaque fois où l’intelligence artificielle est mise en place, le débat sur la place de l’humain dans le dispositif est relancé. À Suresnes (Hauts-de-Seine), les commentaires vont bon train ces derniers jours depuis que la municipalité a annoncé, dans le journal municipal, « expérimenter la mise en oeuvre d’algorithmes sur des caméras dômes de son système de vidéoprotection placées sur la voie publique. »

Une expérimentation mise en place qui doit permettre « la détection en temps réel des personnes présentant un comportement suspect et de favoriser la constatation des infractions routières. » Ce partenariat a été passé avec la société XXII Group, installée sur la commune. Un échange de bons procédés, l’entreprise poursuivant le développement de son outil en conditions réelles et la Ville ne déboursant pas un centime. Concrètement, de l’intelligence artificielle sera ajoutée sur les caméras de la ville.

Mais qu’est-il entendu par « comportement suspect » ? Il s’agit en réalité de la détection par l’intelligence artificielle d’une situation paramétrée au préalable par un agent du centre de supervision urbain : « C’est l’opérateur qui doit décider que, par exemple, si dans une zone de la caméra, un groupe de personnes reste tant de temps figé à telle heure, qu’un attroupement se forme ou autre, il s’agit d’un comportement suspect qui sera détecté », explique William Eldin, PDG de XXII Group.

L’entrepreneur qui a grandi sur la commune précise que « il n’y a pas de reconnaissance facile ou biométrique : on ne sait pas faire. » Pour l’intelligence artificielle, l’humain est mis sur le même plan qu’un véhicule, un arbre, une poubelle ou tout autre objet. Il s’agit d’une unité dont les caractéristiques ne sont pas détectées.

Pour la Ville, l’objectif est de « permettre une intervention en temps réel et plus rapide des forces de police » a expliqué Yoann Lamarque, adjoint à la sécurité, lors du conseil municipal du 10 février, mais aussi « d’analyser le trafic routier et de prévenir les infractions. »

Cette expérimentation, qui doit durer un an et demi dès que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) aura donné son aval (probablement avant l’été), ne sera pas expérimenté d’un seul coup sur l’ensemble des 300 caméras que compte la ville. Car l’algorithme ne sera pas installé sur tout le système de vidéosurveillance mais individuellement sur les caméras-tests, au cas par cas. Et les images ne seront pas conservées.

Le partenariat doit par ailleurs permettre de faire évoluer le logiciel de XXII Group. Car William Eldin voit plus loin que le volet sécuritaire : « Grâce à l’expérimentation, on souhaite créer les cas d’utilisation de l’algorithme et sortir du carcan de la sécurité : faire éteindre les lumières en pleine nuit lorsqu’il n’y a personne, détecter les dépôts sauvages, analyser le taux de remplissage des poubelles, faire passer un feu au vert la nuit s’il n’y a personne… » Autant de possibilités qui ont séduit la municipalité. Mais Guillaume Boudy, le maire, prévient : « Il faut pas aller non plus trop loin dans ces technologies. »


Rencontre avec William Eldin ancien de Coyote et fondateur de XXII
Business-cool, 30 avril 2020 (extrait)



Bonjour William, merci de répondre à nos questions. Tout d’abord, peux-tu présenter ton parcours, si atypique, à nos lecteurs pour qu’ils apprennent à te connaître ?
Bonjour à tous et merci de me lire. J’ai 33 ans, je suis papa de Noah, 3 ans et marié à Mélanie, que j’ai rencontrée au collège ! J’ai commencé, vers 12 ans, à créer un groupe de musique (électro-analogique), puis, à 16 ans, un label et des sons qui ont pas mal tournés. Ensuite, j’ai fait pas mal de radio, NRJ, Fun radio… en tant qu’animateur. À 18 ans, je me fais attraper pour un excès de vitesse et l’idée de monter un magasin spécialisé en détecteur de radar me parait de bon sens. Je deviens le petit spécialiste français et, quatre ans après, en 2008, après avoir monté quatre magasins, je rencontre Fabien Pierlot, fondateur de Coyote avec qui je m’associe. À partir de 2013, je m’intéresse à la vision par ordinateur, premièrement chez Coyote, puis je décide de vendre mes actions pour monter XXII, qui est d’ailleurs le nom de mon groupe de musique de l’époque. XXII c’est la boite de ma vie, à la conquête de l’intelligence humaine par l’imitation de ses capteurs ! Je commence par la vision, notre capteur majeur.

De la radio à l’intelligence artificielle en passant par l’antiradar… Si tu devais donner le fil conducteur de toutes tes expériences, quel serait-il ?
Toujours positif, beaucoup d’énergie, une rage profonde et une transparence sans faille. Il y a aussi le culte de la vitesse, j’adore aller vite et construire. C’est difficile à transmettre par écrit, mais c’est quelque chose qui se vit, j’aime tellement la vie que j’imagine que tout est possible, tant qu’on est régulier. Sur la timeline technologique, je peux essayer d’expliquer comme ça :

Passion + rage = Musique + vitesse = groupe de musique + matériel de son analogique = électronique (BAC) + radio (pour le côté musique) + vitesse = antiradar, des boitiers électroniques pour rouler vite + besoin d’innover et de créer = détection automatique de l’environnement (panneaux, dangers) = vision par ordinateur + entreprendre la conquête de nos intelligences = XXII

Parlons désormais de XXII, comment t’es venue l’idée ? Et comment vois-tu l’évolution de cette aventure ?
On a acheté un algorithme de détection de panneaux de limitation de vitesse avec Coyote, en 2013, et j’ai réalisé que la vision par ordinateur et le deeplearning imitaient le processus d’analyse naturel de l’Homme. Avec bon sens, je me suis construit des réflexions et des concepts, puis, dès que j’ai vu clair en cette technologie, il n’y avait plus d’alternative. Il fallait foncer. La vision par ordinateur sera l’intelligence artificielle la plus efficace, car elle reproduit la vision du monde de l’humain et elle sait l’imiter si on lui apprend par des masses de données. C’est fou ! Tu veux apprendre à un algorithme ce qu’est une tasse, tu composes ton dataset de tasses le plus riche possible, différentes tasses, différentes luminosités, angles, etc. Tu « montres » ça à un réseau de neurones et, ensuite, une fois que le réseau de neurones a « appris », tu lui montres des images où il y a des tasses, alors il va reconnaitre le pourcentage de ressemblance avec la base de données d’apprentissage et te dire que ça correspond à une tasse, car ça ressemble à plus de 80%, en moyenne, à ta base de données. C’est magique, complexe et à la fois tellement simple…

Ensuite, en tant qu’entrepreneur, tu es également employeur et donc recruteur. Qu’attends-tu des jeunes employés que tu recrutes ?
De la transparence, de l’envie et du bon sens ! Soyez naturels, soyez souriant, soyez simples, documentez-vous avant de venir nous voir et choisissez votre prochain poste avec passion, c’est le seul driver d’une motivation régulière et de la performance !

Projetons-nous dans le monde de demain, dans lequel l’intelligence artificielle sera omniprésente. Qu’est-ce qui changera fondamentalement dans le quotidien de nos lecteurs, potentiels cadres d’entreprise ? Pour caricaturer : formidable opportunité ou danger imminent ?
Magique, j’imagine un monde sans « via » technologique, un monde où la biologie est notre technologie. Un monde où on a supprimé ce qui, artificiellement, nous réunit, aujourd’hui. Plus de téléphones, on parlera autrement, plus de clés, on ouvrira les portes grâce à notre visage, plus de téléviseurs, on aura l’information partout. On aura tellement imité notre biologie qu’on saura l’augmenter par l’autoapprentissage.

Pour terminer, aurais-tu un mot ou un conseil à adresser à nos lecteurs, se posant des questions sur les entreprises qui sortiront d’école dans les semaines à venir ?
Ce qui est important, la base, c’est d’être heureux. Trouvez votre vibration, votre stimulation et adressez-vous avec passion à votre futur. Il n’y a pas de recette miracle. Écoutez ce qu’il y a au fond de vous et, même si vous échouez plusieurs fois, ce n’est pas grave, recommencez. J’ai l’impression que je vous cite un texte réchauffé, mais ce n’est pas ça. J’ai failli vous quitter plusieurs fois, mourir, et aujourd’hui celui qui se plaint n’a plus mon respect. C’est trop beau ce que l’on vit, avec ou sans peine, on est là, pour faire avancer notre civilisation, notre espèce. Alors pour revenir aux basiques, il suffit d’être simple, sain et motivé. Appréciez la vie et prenez-la du bon côté, c’est agréable.


XXII plonge dans le futur
Les Echos, 19 juin 2017

Face à l’entrée principale [du salon VivaTech, consacré à l’innovation et la technologie], XXII, le très jeune groupe fondé par William Eldin (ex-Coyote) plonge les visiteurs dans l’une des scènes de « Minority Report ». A travers un écran digital de Clear Channel, la start-up implantée à Suresnes (92) présente une application d’intelligence artificielle capable de capter les émotions des personnes qui s’arrêtent devant. Grâce à une caméra et des algorithmes développés en interne, XXII permet de remonter des data sur le temps passé devant l’écran, mais surtout de déterminer quel est l’état d’esprit de chaque passant.

Ce dispositif est déployé dans un tiers du parc des écrans installés dans les centres commerciaux, soit une centaine. Les data sont ensuite remontées par l’afficheur à ses clients qui sont capables d’adapter les messages sur chacun des sites. En marge, la start-up affiche ses avancées en neuroscience à travers une expérience menée avec un encéphalogramme qui permet à son utilisateur de diriger un drone par la pensée. Par ailleurs, XXII travaille sur les contenus d’intelligence artificielle afin de rapprocher la machine des comportements humains.