De nombreux facteurs poussent la société techno-industrielle vers une modification importante de sa production énergétique. Certains ont argumenté que la croissance progresse directement proportionnellement à la disponibilité d’énergies. Plutôt qu’une substitution d’une ressource énergétique par une autre, elles se sont additionnées : l’exploitation du pétrole n’a pas fait disparaître le charbon. Aujourd’hui, au vu des quantités astronomiques d’énergie qu’engloutit la production industrielle, il est totalement inconcevable – sans renoncer à la croissance – d’abandonner certaines ressources énergétiques au profit d’autres.
Pour les États et les industriels, il s’agit plutôt de diversifier le mix énergétique afin de pouvoir tirer un profit maximal des caractéristiques particulières des différentes ressources et d’étayer des stratégies géopolitiques. Cette diversification n’est pas nouvelle : elle est au cœur du développement capitaliste depuis le début de l’industrialisation. Cette continuité dans la course effrénée d’additions énergétiques alimentant l’enfer industriel ne rend pas moins réelle l’actuelle « transition énergétique », c’est-à-dire, la reconfiguration du mix énergétique pour diminuer la part d’énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).
Quelque part, la gravité de la crise écologique (et des effondrements systémiques qui pourraient en découler), la finitude des énergies fossiles et la complexité du nucléaire, a fini par rendre économiquement envisageable et géopolitiquement soutenable l’exploitation d’autres sources énergétiques, comme en témoigne les investissements massifs dans l’éolien, le photovoltaïque et la biomasse. C’est dans cette optique qu’il faut considérer le lapin blanc de l’hydrogène. Les industriels se font de moins en moins timides à son sujet, et d’autres l’ont d’ores et déjà baptisé « le pétrole du futur ».
Texte originellement publié dans la revue Takakia,rugissements contre la société techno-industrielle, #1 (hiver-printemps 2023-2024).
[Trouvé sur Indymedia Nantes, 29 juin 2024]