[En la matière, on pourra aussi relire ici l’article Préparation à la guerre : « sac de résilience », « manuel de survie », « sac d’évacuation » au menu des autorités (29 mars 2025)]
Les hôpitaux français doivent se préparer à un possible conflit
armé : ce que contient la lettre du ministère de la Santé aux ARS
La Dépêche/France Info, 27 août 2025
Les hôpitaux doivent se préparer à faire face à des situations de crises et un possible « engagement majeur » de la France d’ici mars 2026. C’est ce que préconise une instruction du ministère de la Santé adressée aux directeurs des agences régionales de santé le 18 juillet et révélée par Le Canard enchaîné.
Selon ce document, le milieu médical français doit pouvoir être prêt à réagir en cas de conflit armé généralisé en Europe. Ainsi, le courrier, consulté par l’AFP, invite les ARS à un scénario dans lequel il faudrait prendre en charge 100 combattants blessés au front par jour dans des centres médicaux de transit (CMT), sorte de gares de triage régionales, et dans les hôpitaux civils pendant deux mois, voire à des pics de 250 militaires pendant trois jours. Le Canard enchaîné précise que cela signifie entre 10 000 et 50 000 hommes qui pourraient être attendus dans les hôpitaux sur une période de 10 à 180 jours. Par ailleurs, les soignants sont appelés à rejoindre le Service de santé des Armées, « quel que soit leur secteur d’exercice« .
Anticiper la possible généralisation du conflit
Il est également mentionné que « dès à présent », l’Agence régionale de santé doit sensibiliser « la communauté soignante aux contraintes d’un temps de guerre marqué par la raréfaction des ressources, l’augmentation des besoins et la survenue d’éventuelles rétroactions sur notre territoire« .
« Dans le contexte international que nous connaissons il est nécessaire d’anticiper les modalités du soutien sanitaire en situation de conflit de haute intensité« , explique le ministère de la Santé dans le document.
Interrogée à ce sujet sur BFMTV ce mercredi 27 août, Catherine Vautrin s’est justifiée en parlant d’une simple préparation face à d’éventuelles « crises ». « Il est tout à fait normal que le pays anticipe les crises, les conséquences de ce qu’il se passe. Cela fait partie de la responsabilité des administrations centrales« , déclarait la ministre de la Santé.
Des TGV médicalisés : le plan du ministère de la Santé en cas de guerre contre la Russie
Le Point, 26 septembre 2025
En réponse à une demande de l’Otan, le ministère de la Santé prépare un dispositif d’évacuation de blessés en cas de guerre avec la Russie en Europe. Des urgentistes français pourraient aller secourir des blessés, à bord de TGV médicalisés. Pendant la crise du Covid-19, dix rames avaient été spécialement équipées pour permettre une réanimation à bord, avec du personnel médical. En 2020, elles avaient ainsi rapatrié 202 malades en état grave des hôpitaux de l’Est et de l’Île-de-France, vers les hôpitaux moins encombrés de l’ouest de la France, sans aucun décès.
Ces rames médicalisées n’existent plus, il s’agit de trains « standard », doubles rames, qui pourraient être transformés en unité médicalisée. Selon nos informations, le ministère de la Santé envisage désormais de les utiliser, en cas de guerre en Europe, pour rapatrier des blessés français ou d’autres pays d’Europe jusque dans des hôpitaux de l’Hexagone.
Des TGV médicalisés opérationnels en 48 heures
Des instructions avaient déjà été données par le ministère de la Santé aux agences régionales de santé, le 18 juillet dernier, pour préparer les hôpitaux à un conflit à haute intensité, comme cela avait été révélé par Le Canard enchaîné le 25 août. Le lendemain, la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, ne démentait pas l’information. Elle ajoutait que cette démarche « fait partie de l’anticipation, comme la constitution de stocks stratégiques » et rappelait les critiques faites de la non-préparation de la France avant la crise du Covid.
Le dispositif est déjà au point. « Ces TGV médicalisés sont opérationnels dans un délai de 48 heures après le déclenchement d’une alerte. Les tests effectués sont concluants », nous explique le médecin urgentiste. Un autre membre du même groupe de travail nous confirme cette information. Contacté, le ministère de la Santé ne fait pas de commentaires, pas plus que la SNCF. La solution des trains, en zone de conflit, a des avantages, car la plupart des pays européens ont le même écartement de voie standard – sauf l’Espagne. D’ailleurs, en Ukraine, Volodymyr Zelensky utilise beaucoup le train, plus sécurisé que les avions face aux drones.