Au total entre la nuit du 27 au 28 juin et celle du 3 au 4 juillet, il y a eu officiellement 12 031 véhicules brûlés, 2 508 bâtiments incendiés ou dégradés, dont 273 locaux de la police nationale, municipale et de la gendarmerie, 105 mairies incendiées ou dégradées, 168 écoles qui ont fait l’objet d’attaques. 722 membres des forces de l’ordre ont été blessés.
3 625 personnes ont été placées en garde à vue sur l’ensemble du territoire (dont 1124 mineurs). Parmi l’ensemble des interpellés, « la moyenne d’âge est entre 17 et 18 ans (…) le plus jeune a 11 ans et le plus âgé 59 ans, un tiers sont mineurs », « 60% du total n’ont pas de casier judiciaire », « 10% des personnes interpellées sont non-françaises et il y a eu 40 placements en centre de rétention administrative » selon le ministre de l’Intérieur. Sur le nombre de gardés-à-vue, 990 majeurs et 253 mineurs ont été déférés devant le parquet, et 480 majeurs renvoyés au tribunal en comparution immédiate. A ce jour, 380 personnes ont été envoyées en prison, qu’elles aient été condamnées ou placées en détention provisoire en attente d’un procès.
Du côté des dégâts, l’Association des maires de France (AMF) fait état de« 150 mairies ou bâtiments municipaux attaqués depuis mardi, une première dans l’histoire du pays ». Et la Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, a annoncé que 436 bureaux de tabacs ont été touchés depuis le début des émeutes, les trois quarts d’entre eux ont été pillés et 10% ont été totalement détruits.
De plus, environ 370 agences bancaires ont été vandalisées ces derniers jours, dont 80 détruites ou incendiées, selon la Fédération bancaire française (FBF). Sur les 7 000 bureaux de poste présents sur le territoire national, 80 n’ont pas pu rouvrir notamment en raison des destructions, 150 ont « été impactés » et 80 distributeurs automatiques de billets de La Banque Postale « ont été détruits.
Les dégâts pour les entreprises seraient de l’ordre d’un 1 milliard d’euros, selon Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef, le syndicat patronal. Les assureurs font quant eux état d’une facture de départ de 280 millions d’euros, avec les 5800 premières déclarations de sinistres reçues. À titre de comparaison, après plusieurs semaines d’émeutes en 2005, la facture s’était élevée à 204 millions pour les assureurs. Et ce n’est qu’un début des évaluations. Quant à Philippe Laurent, vice-président de l’Association des maires de France (AMF) et maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) il estime que « si on fait le total de ce qui s’est passé sur les bâtiments communaux, les bâtiments publics, la voirie et évidemment les destructions dans les commerces, on doit être à plusieurs centaines de millions d’euros, 300, 400 millions d’euros« …
Dans la région Ile-de-France, c’est en tout 39 bus et une rame de tramway du T6 qui ont été brûlés depuis le 28 juin, dont le total est estimé à « au moins 20 millions d’euros de dégâts » pour les transports publics dans la région. Des dépôts de bus ont été incendiés à Aubervilliers, Provins, Evry, le Blanc-Mesnil, Dugny ou Savigny-sur-Orge. Dix stations de tramway ont été détruites sur les lignes T5, T6, T8 et T9 pour un montant de 2 millions d’euros.
Enfin, « sur les 500 villes qui ont des quartiers prioritaires (QPV), plus de 150 n’ont pas connu d’échauffourées et une cinquantaine de villes qui n’ont pas de quartiers politique de la ville ont connu des échauffourées », a recensé le ministre de l’Intérieur au Sénat le 5 juillet. Et selon les décomptes établis par le ministère de l’Éducation nationale dimanche 2 juillet, 210 établissements scolaires ont subi des incendies et des dégradations (feux de poubelles, destruction ou des tentatives d’effractions). Des classes bien sûr, mais aussi des salles des professeurs et des bureaux administratifs ont été dégradés, voire totalement détruits. Avec « une soixantaine d’établissements qui ont subi des dégâts importants, dont une dizaine ont été détruits ou partiellement détruits » a déclaré le ministre de l’Éducation nationale.
[Mis à jour avec les chiffres du ministère de la Justice, bilan arrêté mardi 4 juillet à 20h, et ceux donnés par le ministre de l’Intérieur lors de son audition au Sénat le 5 juillet après-midi.]