Berlin (Allemagne) : sur le procès dit « rendez-vous » contre deux anarchistes

Lundi 27 mai auprès du tribunal de Moabit (Berlin), commencera le procès contre deux anarchistes accusé.es « d’entente en vue de commettre un crime (incendie) en lien avec des inconnus » . Les faits reprochés remontent à la nuit du 15 au 16 février 2023, lorsque deux personnes ont été localisées grâce à la caméra thermique d’un hélicoptère de la police fédérale effectuant un vol de reconnaissance pour la surveillance des infrastructures ferroviaires, qui a rapidement signalé leur présence à l’intérieur d’un tunnel près de la gare d’Adlershof.

Désormais, à cause des inlassables avancées technologiques, un hélicoptère semble capable de localiser, de filer et d’espionner des personnes en mouvement même à 10 kilomètres de distance, en dehors du champ de vision et d’audition de ses cibles. Les policiers qui se sont précipités sur les lieux, bloquant les deux sorties du tunnel, immobilisant les deux compagnon.nes et tentant de leur extorquer des informations sur la raison de leur présence sur les voies, ont passé de nombreuses heures à fouiller la zone à la recherche de graffitis, de peinture fraîche et de bombes aérosols. Ce qu’ils ont réussi à trouver dans un premier temps, c’est un sac à dos contenant des gants, des talkies-walkies et une liste de plaques d’immatriculation de véhicules de flics en civil. Ce n’est qu’après avoir fouillé la zone à plusieurs reprises qu’un autre sac à dos contenant un bidon de liquide inflammable et des gants de cuisine est apparu à côté d’un conduit de câbles.

Comme, selon les flics, le motif de la présence des compagnon.nes sur place a alors changé puisqu’ils auraient désormais eu l’intention de mener une action contre la compagnie ferroviaire allemande, c’est la Police criminelle qui a pris le relais avec des chiens, avant qu’ils ne soient arrêté.es. Après presque deux jours de détention préventive, ils ont été libéré.es en attendant le procès, avec l’obligation de pointer au comico deux fois par semaine (réduite à une fois à l’approche du procès).

Les dates provisoires du procès sont les suivantes : 27.05. – 14h00 / 06.06. – 09h15 / 13.06. – 09h15 / 01.07. – 09h15 / 04.07. – 09h15 / 08.07. – 09h15 / 11.07. – 09:h15. Une première synthèse de l’enquête était déjà parue ici en juillet 2023 et depuis, un site en allemand a été créé pour suivre l’affaire (https://verabredet.noblogs.org). Parmi différentes initiatives solidaires sorties ces derniers temps en Allemagne, une affiche a été collée à Hambourg, dont nous livrons une traduction ci-dessous.


Un rendez-vous pour un crime nommé Liberté !

Face à la misère globale du capitalisme, il est facile de se sentir impuissant et seul :
Guerres pour des raisons géopolitiques ; destruction de la planète ; exploitation systématique de beaucoup pour l’enrichissement de quelques-uns ; incitations, attentats et meurtres racistes ; féminicides et autres violences liées au genre ; assassin.es armé.es en uniforme dans les rues et aux frontières militarisées…
Cette société se sent plus souvent dérangée par ceux qui s’opposent à toute cette merde que par ceux qui la produisent.

Mais il existe aussi des rebelles qui se battent de jour comme de nuit pour créer des ruptures et, avec elles, des moments d’autodétermination et de dignité.
Ce sont des saboteurs pour la subversion de l’existant.
Car il n’y a rien de pire que de devenir sans voix et inactif. Et quand il n’est pas rare de désespérer et de se sentir seuls dans nos luttes, souvenons-nous des liens invisibles de la solidarité, des portes qui nous sont ouvertes jour et nuit, des personnes dans les idées et les actions desquelles nous nous retrouvons, même si nous ne les avons jamais rencontrées.

Où que vous soyez, n’attendez pas, car nous avons pris notre rendez-vous*.

Le 16 février 2023, deux compagnon.nes ont été arrêtés dans un tunnel des chemins de fer de Berlin, car les flics les soupçonnent d’avoir voulu mettre le feu à des infrastructures ferroviaires. Après quelques jours de garde à vue, ils ont été libérés avec obligation de pointer chez les flics, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Ils doivent maintenant être jugés pour « entente en vue de commettre un crime ». Montrons-leur qu’ils ne sont pas seuls. Car nous avons un rendez-vous.

Solidarité et complicité !
Liberté pour tous et toutes !

Des anarchistEs

*Ndt : le mot allemand « Verabredung », avec lequel jouent l’affiche et différentes initiatives de solidarité, signifie en langage courant « prendre rendez-vous »/« avoir un rencard ». Mais son second sens est aussi celui de « se concerter », qui est une référence au motif de l’accusation, « entente en vue de commettre… » (souvent traduit en anglais par « conspiration »). Le titre de l’affiche « Un rendez-vous pour un crime nommé Liberté ! » se comprend donc aussi comme « Une concertation/une conspiration pour un crime nommé Liberté !

[Traduit de l’allemand de de.indymedia, 16 mai 2024]