[Reçu par mail]
Tract distribué dans quelques manifs « covid » à Paris depuis le 25 juillet 2021 (modifié d’un mot le 2 septembre).
À quoi sert le QR code sanitaire ?
Usage moral. Le QR code sanitaire incite tous les habitants à contribuer à diviser la société en deux. Les titulaires étant censés vertueusement se soucier d’autrui tandis que les récalcitrants sont marqués, par défaut, comme des mauvais citoyens irresponsables qui refusent volontairement de s’adapter à la marche de l’Histoire. Cette arriération imposée, ce débit social, est forgée par l’amalgame incontournable qu’implique le chantage entre liberté de circulation et vaccination.
C’est ainsi que la majorité qualitative des adaptés est sommée de se dégager de la minorité qualitative des inadaptés. La majorité dont il est question ici n’est pas à estimer comme nombre — bien qu’elle soit mise en courbes par les gestionnaires pour qu’ils évaluent l’efficience de leurs ordres. Il s’agit d’une capture de la liberté, censée relever de choix subjectifs : de celle de l’individu majeur ayant dépassé son statut mineur antérieur d’enfant social — qui, lui, est renvoyé au tout-à-l’ego des « antivax » et autres « complotistes ».
Tous les refus de s’adapter, toutes les critiques de l’aliénation, toutes les contestations de la réduction des voies d’émancipation à des noeuds d’informations sont réputés relever de l’hystérie puérile qui crie « Non maman, j’veux pas aller à la piqûre ! » La presse, pixelisée et imprimée, a rarement aussi bien porté son nom qu’en diffusant sans critique le catastrophisme de cette panique organisée : en pressant chacun de se tamponner son crédit social.
Usage étatique. Le QR code sanitaire abolit le secret médical et comme il est inséré non seulement dans les bases de données des services de santé mais au moins lié aux boîtes d’informations téléphonantes ou domiciliées par lesquelles tout le monde est obligé de gérer l’administration citoyenne de son existence sociale, c’est tous les fichiers personnels qui n’ont plus de secret pour l’État. Ses algorithmes lui tiendront lieu de délibération politique.
Usage capitalistique. Le QR code sanitaire donne accès à l’historique sanitaire de chacun. Dès lors, c’est la valorisation des services sanitaires qui remplace les résidus d’entraides sociales mutualisées. Il achève ainsi les régimes de retraite, les modalités de cogestion des maladies et accidents professionnels, la gratuité des actes médicaux. Plus même besoin de loi pour gérer les corps humains malades, les arbitrages assurantiels donc bancaires sont prêts à s’y substituer. La santé QR codée est une mine de données « qualitatives » améliorant la prospection calculatoire des algorithmes. C’est désormais même sans travailler que le corps humain est une matière première livrée à l’extraction de plus-value. L’existence est valorisée.
« Aurais-je quelque chose à cacher, parce que je ne veux rien montrer de moi à tout le monde ? »
Séraphin Durad
[Tract distribué dans quelques manifs « covid » à Paris depuis le 25 juillet 2021, modifié d’un mot le 2 septembre]