Paris, 1er mai : aux familles des vitrines…

Paris 1er mai 2022, le Naturalia allègrement pillé

AFP, 1er mai 2022 (extrait)

Le cortège parisien du 1er Mai a été émaillé de violences ce dimanche. En fin de journée depuis la préfecture de Police, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait état de huit policiers «blessés» au cours de la journée dans la capitale. Il annonce aussi que «45 interpellations ont eu lieu ». Le parcours du cortège a aussi été le théâtre de dégradations de mobilier urbain, des incendies de poubelles et le saccage de dizaines d’enseignes bancaires, agences immobilières et sociétés d’assurances. Selon RTL, «  Sur un peu plus d’un kilomètre, c’est près de 41 magasins ou banques qui ont leurs vitrines cassées. »

Le ministère de l’Intérieur a dénombré 116 500 manifestants en France, dont 24 000 à Paris (contre 50 000 pour la CGT). Selon une comptabilisation du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, ils étaient 21 000 manifestants dans la capitale. L’an dernier, les syndicats avaient revendiqué plus de 170 000 manifestants dans tous le pays, dont 25 000 à Paris. Le ministère de l’Intérieur avait quant à lui dénombré 106 650 manifestants en France, dont 17 000 dans la capitale.


« Parasites », « lâches » et demande de « neutralisation »
chez la France Insoumise

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, a dénoncé sur Twitter dès le 1er mai des « violences parasites » qui « invisibilisent la marche des syndicats et servent la propagande à nos pires adversaires. Ras le bol. Le préfet de police savait. Incapable de garantir le droit de manifester en paix. »

Comme à son habitude, le candidat officiel d’une partie de la dite mouvance radicale à la récente Présidentielle (des bouffons Guillon et Youlountas, jusqu’à Nantes Révoltée et Paris-Luttes) a donc fait dans les grandes largeurs, en affirmant non seulement que le pillage de magasins bio, la casse et le saccage de banques et autres agences immobilières faisaient en ce 1er mai rien moins que le jeu du fascisme, mais aussi en creux que flics et vandales marchaient de concert.

Une sale habitude qui remonte à loin, en ayant par exemple déjà contribué directement à l’incarcération du « camarade Ninja » après la manifestation du 16 octobre 2010 contre la réforme des retraites. Ce dernier avait alors été accusé d’être un « flic infiltré » sur tous les plateaux télés et réseaux sociaux par Mélenchon et ses affidés, avec force vidéos à l’appui tournant en boucle pour enjoindre à l’identifier, une vidéo sur laquelle le « camarade Ninja » mettait un coup de pied chassé contre un voisin-citoyen afin de libérer de ses sales pattes un inconnu qui venait de défoncer la vitrine d’une banque avec un potelet métallique. Arrêté douze jours plus tard, incarcéré et passé en procès en décembre suivant, l’un de ses avocats ne put alors que déplorer à la barre que « sans cette vidéo et les interventions de Messieurs Mélenchon et Thibault, que mon client ne connaît pas et qu’il ne souhaite pas connaître, nous n’en serions pas là. » Le camarade prendra alors 18 mois de prison, dont 6 mois ferme avec maintien en détention, pour ce coup de pied chassé sans ITT, auquel le futur leader de la France Insoumise avait décidé de donner une ampleur nationale afin de faire son beurre contre tous les « casseurs ».

Enfin, sur BFMTV, en ce 1er mai 2022, le député LFI Alexis Corbière a pour sa part réitéré les vieilles accusations complotistes de collusion entre préfecture et blacks blocs, en commentant en direct : « C’qu’y a d’étonnant, c’est qu’on a un préfet Lallement qui est souvent très répressif quand il s’agit des Gilets jaunes… mais quand il y a des gens cagoulés qui viennent pour casser, alors là on n’arrive pas à les contrôler. Avouez que c’est troublant. Il n’y a pas eu de dispositif [policier] vraiment pour être à la hauteur du rendez-vous… J’ai envie de dire, les casseurs cassez-vous, quoi ». Sur twitter, le député a aussi exprimé « toute (sa) solidarité avec ce sapeur-pompier et ses courageux collègues » [un pompier –qui sont des militaires dans la capitale– a été bousculé lors de la manif par une street médic, alors qu’il essayait d’éteindre une barricade enflammée], en estimant que « celui qui l’agresse ainsi est un lâche et un sale type qui fait le jeu de tous ceux qui veulent flétrir ce beau 1er mai plein de joie et d’espoir ».

Quant à l’eurodéputée LFI Manon Aubry, elle a déclaré en direct sur France Info le 2 mai, « oui, le préfet Lallement a une responsabilité, et il doit participer à la neutralisation de ces casseurs. »