Ne nous demandez pas pourquoi, mais l’Office of communications (Ofcom), c’est-à-dire l’autorité régulatrice des télécommunications du Royaume-Uni qui regroupe l’équivalent du CSA et de l’ARCEP hexagonaux, boucle son rapport annuel fin novembre sans attendre l’arrivée du nouvel an.
Sorti donc le 17 décembre pour vanter les merveilleux progrès du déploiement de la toile numérique et fêter l’arrivée de la 5G, ce rapport ne pouvait cette fois pas passer à côté des nombreuses destructions d’antennes-relais qui sont aussi montées en flèche outre-Manche à partir du premier confinement. Il faut dire que le fameux pragmatisme britannique n’a pas besoin comme ailleurs de se planquer derrière une fausse pudeur policière pour fournir à ses lecteurs le nombre officiel de sabotages contre ces structures particulières de la domination.
A la page 34 de ce document titré « Connected Nations 2020 », l’Ofcom nous offre ainsi les chiffres du jour au détour de cartes, de tableaux et de bla bla rassurants : selon cet organisme, ce sont pas moins de 159 stations de base de tous les opérateurs – soit des antennes ou leurs locaux techniques – qui ont été attaquées au Royaume-Uni en 2020, causant la perte de 170.000 heures cumulées de communications virtuelles et de télétravail réel.
Et si de son côté l’Ofcom s’est tout de même bien gardée de compléter ces chiffres par ceux des sabotages contre la fibre optique ou par le nombre cumulé de jours d’ITT reçus par les techniciens chargés de réparer les antennes ou d’en installer de nouvelles, du nôtre on n’oublie pas que ces destructions ont touché l’ensemble du continent.
Le 18 mai dernier, soit même pas à la moitié de la cuvée 2020, la GSMA – association internationale représentant les intérêts de plus de 750 opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile dans le monde –, avait par exemple établi dans un premier recensement que 142 attaques s’étaient produites dans 10 pays en Europe. Son « podium », selon ses propres termes, était alors composé du Royaume-Uni, des Pays-Bas et de la France, avec respectivement 87, 28 et 17 attaques. En cette fin d’année, on laissera à chacun.e le soin d’imaginer ce qu’il en est en réalité aujourd’hui, sachant que leur nombre a depuis officiellement doublé ou triplé selon les pays d’Europe concernés…