Berlin (Allemagne) : saboter à la source le complexe industriel de Tesla

Lundi 17 mai 2021, le célèbre patron milliardaire de SpaceX et de Tesla Elon Musk s’est déplacé à Grünheide, petite ville située à l’est de la capitale allemande dans le Brandebourg, afin de visiter le site de sa future usine de voitures électriques de luxe, qui sera sa quatrième « Gigafactory » dans le monde (après celles des Etats-Unis et de Chine), exploitant 12 000 personnes. Il a annoncé son ouverture programmée pour fin 2021, où Tesla devrait y produire d’un côté 500 000 voitures du Model Y, mais aussi des cellules de batteries pour en faire à terme la plus grande usine d’Europe en la matière.

La nuit du 25 au mercredi 26 mai vers 3 heures, ses beaux projets avaient toutefois un peu de fumée dans l’aile et prendront un peu de retard. En effet, à environ 250 mètres du site de l’usine Tesla de Berlin/Grünheide –et plus précisément à proximité immédiate de l’autoroute A10 au niveau de la sortie Freienbrink –, le groupe Volcan a incendié avec succès six câbles électriques à haute tension (110 000 volts) de la compagnie Edis qui alimentaient le chantier et se trouvaient dans un couloir dédié derrière une clôture.

On se souvient que ce n’est pas une première pour ce groupe berlinois, qui avait déjà saboté en avril 2020 les câbles de l’Institut Fraunhofer pour les télécommunications chargé de développer l’application étatique de traçage pour smartphone sur le Covid-19,  et avait aussi incendié en mars 2018 deux grosses liaisons de fibres optiques et de câbles électriques situées sous le pont Mörschbrücke (à
Charlottenburg), appartenant à différents gros opérateurs civils et militaires, avec des dégâts conséquents. Les premières attaques du Groupe Volcan contre des infrastructures électriques ou de fibre optique remontent à mai 2011 à la gare d’Ostkreuz, provoquant une perturbation de la circulation des trains pendant plusieurs jours, puis en mai 2013 contre un conduit de câbles à Zehlendorf, perturbant encore une fois le trafic ferroviaire.

[Synthèse de la presse allemande, 26 mai 2021]

Le texte original de la revendication du Groupe Volcan se trouve ici en allemand, dont nous avons traduit le début suivi d’un second extrait ci-dessous :

« Dans la nuit du 25 au 26 mai 2021, nous avons attaqué l’alimentation électrique du chantier de construction de la Giga-Factory de Tesla à Berlin-Grünheide, en mettant le feu à six principaux câbles haute tension.
Tesla n’est ni verte, ni écologique, ni sociale. Tesla est une entreprise qui exploite la terre et la vie des peuples à l’échelle mondiale, elle s’appuie sur et produit des conditions coloniales. Notre feu s’oppose au mensonge de la voiture écologique. L’objectif était le sabotage du chantier de construction de la Giga-Factory de Tesla. Mettre fin à l’idéologie du progrès technologique illimité et à la destruction mondiale de la planète ne se fera pas seulement avec de belles paroles.
A l’avancée de cette destruction – nous opposons le sabotage.
Grève du climat pour un monde différent ! »

(…)
« Pourquoi sabotons-nous Tesla ?

Une usine automobile est en chantier à Grünheide près de Berlin. Tesla y construit une « Giga-Usine ». Aussi arrogants que soient ce nom et ce projet, son promoteur l’est tout autant : Elon Musk. Ses fantasmes patriarcaux d’omnipotence sont censés sauver le monde ? Nous pourrions en rire si ce n’était pas si grave : la production de véhicules à batterie prétendument «propres et respectueux du climat » n’est qu’une nouvelle contribution à la destruction de la planète.

Notre action montre la vulnérabilité de ce projet, elle sape la supposée «toute-puissance» dont Musk afflige le Brandebourg. Là, il établit des règles de construction comme un seigneur féodal et ignore, par exemple, toutes les objections concernant la pénurie d’eau imminente dans la région. Il veut positionner stratégiquement son usine, d’une part à proximité des ouvriers polonais, et d’autre part à proximité de Berlin, qui pourrait bientôt être gouvernée par les Verts et où se trouvent les futurs acheteurs. Les politiciens, l’administration et leurs organes de presse, qui courbent l’échine devant Musk en raison des nouveaux emplois et des avantages de la situation économique espérée, condamneront fermement notre action et nous diffameront en nous traitant de terroristes. Il s’agit d’une déformation des faits – notre attaque détruit des biens matériels, sabote les processus de travail et détruit l’argent, pas les moyens de subsistance. Si nous avons exclu tout danger pour la vie humaine dans cette action, nous la menons aussi comme une déclaration enflammée contre le mensonge du capitalisme vert. Nous nous dressons contre la poursuite de la destruction de nos moyens de subsistance au niveau local et global, et contre l’exploitation des personnes à travers la folie technologique expansive. Notre attaque est un appel à attaquer le « Green Deal ». En soutien aux luttes sociales dans le monde. Pour des raisons écologiques. Pour des raisons anticoloniales. Pour des raisons féministes. Pour des raisons de lutte de classe. Pour des raisons finalement révolutionnaires et anti-autoritaires. »