Allemagne/Autriche : à propos des perquisitions, convocations et arrestations à Munich et Salzbourg en février 2025

(Traduit de l’allemand de de.indymedia, 17 avril 2025

Que s’est-il passé ?

Le 26 février 2025 à Munich, dans ses alentours et dans la région de Salzbourg, quatre domiciles, lieux de réunion et d’entreposage ont été perquisitionnés par les flics sur ordre du Parquet général de Munich. Les jours suivants, il y a encore eu des perquisitions supplémentaires. D’après ce que nous savons à présent, ces opérations visaient quatre inculpé-e-s ainsi que des personnes sous statut de témoins dans trois instructions différentes pour encouragement/approbation de délits, pour constitution d’une organisation criminelle et pour un début de suspicion de participation à des attaques incendiaires (Voir : A propos de la dernière vague répressive, solidarité avec N. et M., 8 mars 2025*). Au cours des perquisitions, divers ordinateurs, imprimantes, médias de stockage, téléphones et des revues ont été saisies. Deux des quatre inculpé-e-s ont été placé-e-s en prison préventive sous prétexte d’absence d’adresse de résidence. Selon la presse, les accusations ne seraient pas suffisantes pour des mandats d’arrêt contre les deux autres accusés. De plus, des personnes définies comme témoins ont été convoquées par le parquet général de Munich. Il ne nous est pas encore possible d’évaluer quelles procédures d’instructions concernent ces convocations, quels croisements font les flics entre quelles procédures et s’ils disposent d’éléments importants,

Les personnes concernées et leurs soutiens doivent à présent faire face à l’incarcération, se préparer aux interrogatoires à venir, et aux procès qui vont probablement suivre, ainsi qu’organiser le soutien pour les personnes en prison. Nous leur envoyons des salutations solidaires et de la force pour les prochains temps.

Sur quoi se basent les procédures d’instruction ?

Les procédures sont construites de manière plutôt compliquée. Nous voulons essayer ici de les décrire brièvement, même si nous ne pouvons pour l’heure le faire que sur la base des posts sur indymedia et des articles de journaux. Pour mieux comprendre, il est peut-être aidant de résumer d’abord ce qui a précédé ces opérations: depuis plusieurs années et avec une belle régularité, des véhicules des engins de chantiers, des trains, du matériel de construction, des bâtiments, des puits de câbles ou des antennes de communication brûlent à Munich et alentours. Tout cela a donné lieu à des dégâts matériels s’élevant désormais à une coquette somme de dizaines de millions. La plupart de ces actions n’ont pas été accompagnées de communiqué de revendication, certaines autres oui. Aux dires de la presse locale, les flics n’ont pu trouver de trace exploitable pour identifier les auteurs pour aucune des actions. Ils présument seulement que les incendies ne relèvent pas d’une hasardeuse auto-combustion et ont quelque part quelque chose à voir avec des « infrastructures critiques » au sens large du terme. Enfin, en janvier 2025, 23 fourgons de la brigade de police canine munichoise ont cramé sur un parking non surveillé. Rien que là, le montant des dégâts s’est élevé à plus de deux millions d’euros. Voilà pour la description de la situation. Depuis quelques années, le groupe d’enquêteurs „Ermittlungsgruppe Raute“ des keufs cherche en vain à élucider ces affaires. D’après ce que nous en comprenons, il y a en plus du « début de suscription de participation à six attaques incendiaires » une autre instruction pour «  encouragement/approbation de délits« . Cela se base sur une brochure intitulée « feuille incendiaire contre le parc éolien qui aurait été mise en circulation fin 2024 en lien avec le projet d’installation de douzaines d’éoliennes pour le consortium chimique „Wacker“. Les flics l’attribuent à quatre inculpée-e-s. Deux d’entre elleux sont en outre accusé-e-s, outre de participation à cette brochure, de faire partie d’une organisation criminelle. On peut lire dans la presse locale munichoise que cela ferait allusion à une autre procédure d’instruction quelque peut poussiéreuse, datant de 2022 contre le journal « Zündlumpen« . Celui-ci a paru de manière très régulière entre 2019 et 2021 à Munich et commentait dans une perspective anarchiste ce qui se passait dans la ville et le pays. La procédure à l’encontre de Zündlumpen est pour le moins curieuse et mériterait en elle-même d’être examinée attentivement, mais cela dépasse notre cadre ici (Voir : Gendarmes et voleurs ?, 25 mars 2025). A notre avis, en plus de criminaliser le journal en tant que tel, cette procédure a surtout servi à attaquer des structures anarchistes à Munich, amenant à de vastes saisies ainsi qu’à la fermeture de la bibliothèque anarchiste « Frevel« . Ressortir maintenant cette procédure de sa caisse a possiblement pour objectif de faire apparaître la brochure contre les éoliennes dans un contexte plus large et pour cela aussi plus menaçant, ainsi que d’habiller un peu la demande de placement en détention préventive. En effet, les flics n’ont aucune preuve d’une participation concrète de certain-e-s des accusé-e-s à quelque attaque incendiaire que ce soit. Dans un article du Welt am Sonntag de la mi-mars 2025, il est question d’une cinquantaine d’attaques incendiaires, en même temps que l’article tente d’établir un lien entre les investigations à Munich et d’autres procédures d’instruction au niveau national. Concrètement sont mentionnés d’une part les attaques des dits groupes Volcan, parmi lesquelles est aussi comptabilisé le pylône électrique incendié près de l’usine brandebourgeoise en 2024. D’autre part, un lien possible est fait avec la « Campagne Switch-off« . Dans ce même article évoque aussi qu’il pourrait y avoir des liens de contenu et structurels entre des actions offensives à Munich et Berlin et qu’apparemment des instructions seraient en cours à ce propos. Il n’est pas par qui ces instructions seraient menées. On peut néanmoins supposer que là c’est le BKA qui mène la danse.

Comment interprétons-nous cette opération?

1ère interprétation : les flics devaient réagir à la pression croissante des récits dans la presse et voulaient se venger pour les bagnoles de keufs cramées. C’est surtout le moment des perquisitions qui plaide pour cette interprétation. Au cours des derniers mois les médias locaux ont clairement fait monter la pression sur les enquêteurs à propos des attaques incendiaires à Munich. Si ce que prétendent les différents articles de journaux locaux est vrai, jusqu’à présent les keufs n’ont quasiment aucune trace exploitable et pas le moindre début d’indice. Cela se reflète aussi dans spéculations délirantes de la presse, sur qui pourrait bien détruire, et pour quelles raisons, des engins forestiers, des antennes de télécommunication, et des câbles de fibre optique. Dans tous les articles, les flics apparaissent littéralement comme des idiots: incapables d’empêcher les incendies, incapable de dire qui fait tout ça et pourquoi, si ce sont toujours les mêmes personnes ou même si les actions ont quelque chose à voir entre elles. Il n’est pas difficile d’imaginer dans quelle ambiance les bilans de situation se sont déroulés dans le commissariat central de Munich ou au ministère de l’Intérieur après l’attaque contre les 23 bagnoles de flics non surveillées juste avant la conférence sur la sécurité de l’OTAN. Que ce soit par vengeance ou « PR-Arbeit », en tout cas le lien temporel entre les perquisitions et les bagnoles de flics incendiées est plus qu’évident. Les flics voulaient envoyer le message: nous avons tout sous contrôle, nous avons enquêté, nous avons des inculpé-e-s, nous avons réalisé des perquisitions et des arrestations, blablabla. Et la presse reprend toutes ces conneries et les imprime. Le résultat c’est que la réalité apparaît maintenant cul par dessus tête. Les gros titres donnent l’impression que l’attaque contre les bagnoles de keufs aurait été élucidé à peine trois semaines plus tard, que de nombreux éléments de preuves auraient été saisis lors des perquisitions, et que les prétendu-e-s auteurices, qui seraient en plus responsables pour beaucoup d’autres attaques de la « mystérieuse série incendiaire », auraient été arrêté-e-s.

2ème interprétation : les flics veulent avant tout rassembler des connaissances sur les manières de fonctionner et des indications sur la participation concrète à certaines actions, mettre en insécurité et intimider. Bien sûr, c’est toujours le cas. Ce qui est plutôt intéressant ici, c’est la manière dont les perquisitions ont été faites.Pour aller dans le sens de l’intimidation, il est notable qu’au moins l’une des perquisitions a été effectuée avec un gigantesque dispositif d’environ 70 flics en cagoules et armes automatiques en main. Plusieurs objets ont été fracturés et fouaillés en absence des personnes concernées. Des chiens renifleurs, des détecteurs de métaux et des projecteurs ont été employés. La presse parle en tout d’au moins 140 flics ayant participé à l’ensemble des perquisitions. Les critères pour décréter qui serait sous statut de témoin et la manière dont les flics ont procédé avec ces personnes nous indiquent qu’il pourrait s’agir pour le moment avant tout d’enquêter sur les structures. Aucune différence n’a été faite entre inculpé-e-s et témoins pour les perquis’ et les saisies. Les convocations pour interrogatoires émanent directement du Parquet, ce qui signifie qu’à ne pas s’y rendre, on risque des mandats d’amener, et que refuser de répondre aux questions peut entraîner des amendes ou des détentions administratives (Beugehaft). Il n’est pas à exclure que, dans la foulée d’autres investigations, des témoins se fassent inculper. Mais nous partons du principe que les flics vont maintenant observer très précisément qui rencontre qui, comment les personnes concernées affrontent la situation et qui se solidarise encore. Avant les perquisitions et également dans le cadre des enquêtes en cours depuis déjà plus longtemps sur les attaques incendiaires, il y a eu de nombreuses et surveillances et des écoutes réitérées. Nous partons du principe que ces mesures sont encore en vigueur et sont probablement même encore plus étendues. Il faut donc envisager que des personnes pour l’instant pas concernées par les instructions, puissent y être inclues.

3ème interprétation : les perquisitions et les instructions pourraient faire partie d’une offensive plus vaste contre les actions et les structures subversives bien au-delà de Munich. Cette interprétation repose sur l’article déjà mentionné du Welt am Sonntag, qui fait allusion à de possibles liens supra-régionaux. Nous ne savons pas si cet article émane seulement de l’imagination galopante des auteurs, ou s’il a été alimenté par des discussions en off avec le BKA et/ou des services de renseignements. Mais il est frappant que dernièrement le Welt am Sonntag se soit livré aussi à des « investigations » dans d’autres contextes. Au cours de l’année passée il s’est intéressé tant à de prétendus arrières-plans structurels de la « campagne Switch-off » qu’à fournir une « analyse » des actions et de supposées structures organisationnelles des dits groupes Volcan au niveau national, suite à l’attaque contre Tesla de mars 2024. Il est à notre avis improbable que ces articles aient été écrits et publiés sans des indications volontaires provenant des autorités en charge des investigations (« Dans la ligne de mire des éco-extrémistes », Die Welt, 27 mai 2024). De plus, à la même période, une « analyse des risques » est parue dans le Frankfurter Allgemeinen Zeitung, décrivant surtout une prétendue disposition croissante à employer la violence dans la gauche radicale, reprenant de manière réchauffée le narratif d’une RAF du climat, tout en le mélangeant avec la procédure contre des antifascistes radicaux (« A quel point les extrémistes de gauche allemands sont-ils dangereux ? », FAZ 14 mars 2024). Là le spectre est donc encore élargi et dans ce cas comme dans le précédent, nous partons du principe que la publication des articles a pu avoir lieu dans l’intérêt politique et avec l’aval des structures répressives fédérales. Depuis des décennies, les deux journaux servent de porte-voix du Parquet Fédéral et de l’Office de Protection de la Constitution (Verfassungsschutzbericht).

Conclusion : l’offensive des flics est une réaction tant au nombre conséquent d’attaques incendiaires non élucidées au cours des dernières années à Munich, qu’à des publications telles que Zündlumpen et la brochure contre le parc éolien. Nous comprenons aussi les procédures d’instruction comme une attaque contre des structures anarchistes, réfractaires, antagonistes et subversives en général. Il faut attendre pour connaître les constructions juridiques pénales qui vont être utilisées contre les inculpé-e-s. Nous allons maintenant voir comment les keufs vont procéder: comment les convocations des témoins et les examens de demandes de remise en liberté vont se passer, si des perquisitions complémentaires ou une extension du cercle des personnes concernées vont avoir lieu, si cela va aboutir à des renvois en procès et pour quels motifs parmi les nombreuses accusations. Tout cela n’est pas dans nos mains. Pour le moment, ce qui est important pour nous c’est de repousser collectivement la tentative des flics de menacer et d’intimider certain-e-s. Ça serait bien que nous parvenions à répondre politiquement et pratiquement à cette attaque de sorte à ce que les keufs en restent encore plus de rond de flanc qu’après l’attaque contre leurs sales bagnoles.

Comment pouvons-nous répondre à cette attaque ?

Pour l’instant, il s’agit d’abord de soutenir directement les personnes incarcérées. Elle se réjouiront probablement du courrier, des actions de solidarité, de feux d’artifices et les autres inculpé-e-s et témoins peuvent certainement aussi avoir besoin de soutien. Les procès à venir coûteront beaucoup d’argent et nécessiteront beaucoup de temps. Vous trouverez plus bas des infos pratiques sur les manières dont vous pouvez apporter du soutien. Nous aimerions aussi ajouter deux points que nous trouvons importants : d’une part nous devrions réfléchir à comment nous pouvons nous protéger et organiser contre une (potentielle autre) répression de la part du Parquet et des flics. D’autre part, et en considérant que cette offensive ne vise pas seulement les personnes actuellement inculpées mais aussi fondamentalement des pratiques et des manières de s’organiser antagonistes, nous aimerions partager avec vous nos réflexions sur une praxis subversive dans la situation politique actuelle. Vous aurez peut-être des désaccords ou vous y verrez peut-être aussi des similitudes. Avec ce que vous pensez.

Sur les manières d’affronter une nouvelle répression

Nous partons du principe que les autorités répressives espèrent obtenir des indices à propos des attaques incendiaires non élucidées, mais que pour l’instant elles cherchent surtout à comprendre les liens et les manières de fonctionner de contextes activistes et offensifs. Cela veut dire que les perquisitions ayant déjà eu lieu ne vont potentiellement pas leur suffire. Nous devons anticiper qu’il peut y avoir d’autres mesures de surveillance, filatures, perquis’ et arrestations, y compris dans d’autres villes et régions. Alors faites bien le ménage chez vous, dans votre matos de stockage, caves et garages, utilisez tails et TOR quand vous surfez ou vous communiquez sur internet, laissez quelquefois vos téléphones à la maison, et discutez avec vos ami-e-s de comment vous pouvez vous protéger basiquement de al surveillance. Et ne spéculez surtout pas sur ce que que des personnes pourraient avoir fait ou pas. Les keufs utiliseront tout ce qu’ils auront pu obtenir là-dessus pour se faire une image plus précise et vous menacer, vous et d’autres, ou vous traîner devant un tribunal. Les flics espèrent sûrement que les perquis’ et les enquêtes leur permettront d’intimider non seulement les personnes concernées, mais aussi nous toustes. Ces dernières années, les flics et les parquets ont fort généreusement distribué les accusations d’organisation criminelle (§129). A Munich, cela ne vise pas seulement des journaux tels que le Zündlumpen. A l’heure actuelle, le parquet général de Munich mène par exemple aussi une procédure sous l’article 129 contre le groupe « Dernière Génération », même si avec ses actions celui-ci ne lutte pas pour abolir le capitalisme mais pour l’introduction de limitations de vitesse sur l’autoroute. Par conséquent : discutez avec vos ami-e-s comment affronter les peurs et les insécurités. Ne laissez jamais aucune perquisition, convocation pour témoigner, ou arrestation vous amener à faire quelque déclaration que ce soit, et ne signez rien. Réfléchissez à comment vous pouvez vous soutenir mutuellement si les keufs choppent certain-e-s d’entre vous.

Sur notre rapport aux pratiques offensives et au sabotage

Nous considérons les attaques incendiaires, avec ou sans revendications, comme des exemples d’autodéfense offensive contre le système de violence et de destruction capitaliste. Apparemment les flics et le parquet voient ça de la même manière, même s’ils l’appellent autrement. Par pratiques subversives, nous entendons plus que des attaques incendiaires contre des infrastructures, des attaques contre des nazis et leurs structures. Pour nous, pratique subversive veut dire tout ce qui attaque les rapports sociaux indépendamment des limitations du code pénal et dans le but de les transformer dans un sens émancipateur. En font partie aussi bien les manifs sauvages, les flashmobs, les journaux, les tracts ou les tags, que les émeutes, blocages ou occupations. Cela peut aussi être des actions comme le adbusting [détournement de pubs] ou des dégradations ciblées. La pratique subversive peut être plutôt symbolique ou causer de gros dommages matériels. Elle peut être revendiquée politiquement par des communiqués publics ou se refuser à fournir des explications. La solidarité pratique avec des personnes en butte à la répression étatique est aussi une composante indispensable de la pratique subversive. A notre avis, c’est la manière dont nous évaluons la situation sociale dans son ensemble qui donne sa »légitimité » à une pratique offensive. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus, mais nous voulons ici en rester à quelques lignes directrices ne prétendant pas à une large analyse politique:

Mobilisation pour la guerre, militarisation et nouvel impérialisme

La première chose sur laquelle la CDU et le SPD se sont entendus, en tant que probable nouveau gouvernement de coalition avec le soutien des Verts, c’est sur une gigantesque opération de réarmement . Le réarmement de l’armée fédérale va de pair avec des débats sur la réintroduction d’un service militaire et des réflexions sur le développement de nouvelles armes atomiques européennes. L’expansion impérialiste et le contrôle de son « propre » territoire et de ses zones d’influence par la force militaire et la guerre ne sont pas le privilège exclusif de l’impérialisme russe. Elle est actuellement menée à la fois par les gouvernements turc, iranien ou israélien au Rojava et en Syrie, au Yémen et en Irak, sur le mont du Golan, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Le gouvernement étasunien menace d’annexer le Groenland et le canal de Panama, tandis que le gouvernement chinois menace d’annexer Taïwan. Les alliances politiques et militaires traditionnelles sont en plein bouleversement. Et il est aussi naïf qu’absurde d’espérer que le réarmement massif de toutes parts va maintenant empêcher des guerres. Nulle part n’est perceptible une plus forte résistance politique contre la politique guerrière, elle n’en est néanmoins que plus nécessaire. La guerre a besoin d’infrastructures, d’armement et de livraisons d’armes. Il est toujours juste d’attaquer et de détruire tout cela.

La destruction du climat et de la nature

Nous pouvons là aussi commencer par le programme du prochain gouvernement CDU/SPD [qui est entré en fonction le 6 mai dernier]. De gigantesques investissements dans les « infrastructures » sont destinés à augmenter la capacité guerrière et la croissance économique. Une lutte conséquente contre les dévastations climatiques et environnementales signifierait au préalable rompre avec le principe de la croissance et du profit de la production capitaliste. C’est bien entendu trop demander, même pour les Verts. Pour le moment, un mouvement pour le climat de la « société civile » n’est pas capable d’imposer un « changement de système » dans cette question non plus. En revanche, le sabotage des chaînes d’approvisionnement de la surproduction peuvent au moins mettre des grains de sable dans les rouages de la destruction de la nature, et au moins quelque peu ralentir le tempo des dévastations globales généralisées.

Fuite, migration

Faut-il vraiment argumenter pourquoi le sabotage du régime allemand et européen des frontières, meurtrier et qui ne cesse de s’aggraver est nécessaire et justifié ? Peut-être que dans pas très longtemps les gouvernements européens feront passer leurs meurtres aux frontières sous couvert de protéger les droits humains. En tout cas, on peut déjà prévoir que dans un avenir proche, ce ne sont pas seulement des attaques incendiaires contre des bagnoles de keufs qui seront considérées comme des attaques contre l’État et poursuivies en conséquence, mais aussi le sauvetage civil en mer ou la résistance contre les cartes prépayées.

Mobilisations autoritaires, patriarcales, racistes, fascistes et djihadistes

L’adhésion à l’AfD [parti d’extrême-droite] ne cesse de s’accroître en Allemagne, il en va de même pour la violence de rue contre des personnes identifiées comme « étrangères ». Les partis bourgeois font tomber les masques et pactisent avec des fascistes dans la lutte pour le pouvoir administratif d’imposer leurs projets de dévastation. L’antifascisme pratique est massivement criminalisé. Les fascistes se pressent aux portes du Pouvoir partout en Europe. Aux États-Unis et en Russie, les fascistes sont au gouvernement et contrôlent l’armée, la police et les services secrets. Le délire d’une dystopie sociale dans le monde entier est de plus alimenté par le modèle chinois d’État de surveillance autoritaire et raciste et de divers califats de soldats de Dieu autoritaires djihadistes, quelle que soit leur confession. Ils suscitent et instrumentalisent tous la haine contre d’autres personnes à l’aide constructions telles que la religion, la nation, la culture, le mode de vie ou l’espace vital. Partout, la terreur d’extrême-droite et des fascistes va de pair avec un retour en force des discours patriarcaux et une violence massive contre des femmes, des personnes queer et des enfants qui se font quotidiennement humilier, pourchasser, violer et assassiner. La résistance contre cela est quant à elle taxée de „woke Cancel-Culture gauchiste“. On pourrait énumérer cette liste à l’infini et chacun de ces aspects suffirait déjà en tant que tel pour réagir par l’autodéfense et le sabotage. Il n’y a aucune raison d’attendre que tout cela empire. Il ne semble pas que de grands mouvements de masse émancipateurs et capables de renverser les rapports de violence établis soient sur le point de se développer en Allemagne, en Europe ou ailleurs dans le monde. Dans cette situation, et tant que tout cela n’aura pas radicalement changé, l’offensive n’est pas pour nous seulement une possibilité d’agir parmi de nombreuses autres, mais relève aussi d’une question d’amour propre. Les pratiques subversives sont bien plus qu’une soupape pour notre haine contre un système social reposant sur la soumission, le mépris et la destruction généralisée des fondements de l’existence. Et il arrive souvent, qu’à côté de leur valeur symbolique et des dommages matériels à proprement parler, des actions offensives aient aussi des conséquences pratiques très directes. Lors d’une des nombreuses attaques à Munich, une antenne 5G a été incendiée et la réception est perturbée jusqu’à aujourd’hui dans cette zone. Une autre attaque a touché une usine de graviers, conduisant au retrait de l’entreprise d’un nouveau projet de gravière. L’attaque contre le pylône électrique à côté de l’usine Tesla dans le Brandebourg a causé une perte de production durant des semaines, tout en donnant un énorme élan à la mobilisation contre Tesla. Les occupations de forêts, les blocages de centrales électriques et la lutte autour de Lützerath ont coûté des efforts et des thunes aux flics et aux grandes entreprises. Beaucoup de personnes se sont mobilisées et tous les débuts d’auto-organisation restent aussi des pas et des expériences nécessaires sur le chemin vers un monde sans domination, sans exploitation et sans oppression. Quoi qu’il en soit, il y a toujours bien assez de bonnes raisons et de points de départ conceptuels et pratiques pour une praxis subversive, il suffit de chercher ce qui intéresse le plus ou fait le plus plaisir. Organisez-vous, restez imprévisibles – et qui sait, peut-être que vous inspirerez d’autres…

Amour et force à toustes les subversifs/ves, à l’intérieur comme à l’extérieur des murs !

Groupe autonome „Flaute für Raute“

Infos pour la solidarité pratique Si vous voulez écrire aux deux compagnon-ne-s en prison, contactez solidaritaet-mit-n-und-m@riseup.net et vous recevrez leur adresse.

Autres infos et liens (suivent ici différents articles de la presse locale). Pages pour fureter et pour l’inspiration : https://switchoff.noblogs.org / https://chronik.blackblogs.org/


* NdT : nous avons renvoyé les liens originaux du texte vers leur traduction en français quand elle existait