Les compagnies aériennes et associations qui font tourner la machine à expulser

Expulsions : les compagnies aériennes y trouvent leur compte
A bas les CRA, 27 juillet 2021

Expulser a un coût et là-dessus, l’Etat ne lésine pas. En 2021, il prévoit de consacrer plus de 34 millions d’euros à ce que l’administration nomme pudiquement les « frais d’éloignement ». 5ème volet de notre série sur les boîtes collabos.

L’essentiel de cette somme va permettre à la PAF d’acheter des billets d’avions aux compagnies aériennes comme Air France sur des vols réguliers.Pour réserver les billets, le ministère de l’intérieur passe par « son » agence de voyage. Depuis 2017, AMEX TRAVEL (American Express Global Business Travel), située au 18 rue des deux gares, bâtiment ouest, à Rueil-Malmaison, est chargée de gérer les déplacements des keufs.

En plus d’utiliser des compagnies traditionnelles, le ministère de l’intérieur affrète aussi un Beechcraft 1900 D, un appareil à hélice de 19 places, qui permet de réaliser des expulsions notamment de familles vers les Balkans et le Caucase.Cet avion est mis à dispo par la société Twin Jet. Une collaboration fructueuse pour cette compagnie située au 1070 rue du Lieutenant Parayre à Aix en Provence et dirigée par Guillaume Collinot. Montant de l’appel d’offre remporté en 2018 : 6 millions d’euros.

La France fait aussi de plus en plus appel à Frontex pour déporter des étrangers. En 2018, l’État avait utilisé 54 vols organisés par l’agence européenne (contre 3 en 2014) déportant alors 1 050 personnes. Avantage pour l’État, ces vols sont réalisés sur le budget de Frontex, lui–même alimenté par l’Union européenne.

Depuis 2015, voici les compagnies de transport qui ont collaboré ou collaborent toujours avec l’État dans les déportations : AMEX TRAVEL, Twin Jet, Air France, Royal Air Maroc, Régie des Transports Métropolitains (Marseille).

Premier épisode (29 juin) :
Une aubaine pour les architectes de l’enfermement
Deuxième épisode (6 juillet) :
De juteux contrats pour les constructeurs de taules
Troisième épisode (12 juillet) :
Surveillance, bouffe, nettoyage… les boîtes charognards qui font tourner les CRA
Quatrième épisode (12 juillet) :
Surveillance, bouffe, nettoyage… les boîtes charognards qui font tourner les CRA
Cinquième épisode (20 juillet) :
Médecins et associations profitent aussi du business de l’expulsion
Sixième épisode (27 juillet) :
Expulsions : les compagnies aériennes y trouvent leur compte

Prochain épisode :
Les avocats au service de la Préfecture touchent des millions


Médecins et associations profitent aussi du business
de l’expulsion

A bas les CRA, 20 juillet 2021

Cette année, 25 millions d’euros serviront à financer ce que l’Etat appelle « la prise en charge sanitaire et l’accompagnement social » des détenus en centre de rétention. Une thune qui sert notamment à financer les assos’ et les médecins présents dans les CRA. 4ème volet de notre série sur les boîtes collabos.

Cette somme va ainsi permettre le financement des UMCRA -unités médicales – qui résultent de convention entre les hostos (CHU de Bordeaux, Hôpital de Calais, Centre Hospitalier de Meaux etc etc) et le ministère de l’intérieur, moyennant quoi ils envoient des médecins et infirmiers en CRA.

Cette thune sert aussi à payer les 5 associations présentes dans les CRA : ASSFAM-groupe SOS Solidarité, Forum réfugiés-Cos, France terre d’asile, La Cimade, Solidarité Mayotte.

Pour vous donner une idée des sommes en jeu, lors du dernier appel d’offre de décembre 2020, la Cimade a empoché le marché de 7 CRA pour près de 10 millions d’euros ; Forum réfugiés-Cos a remporté 6 CRA pour plus de 6 millions d’euros ; France Terre d’asile a obtenu 4 CRA et 2,8 millions d’euros ; ASSFAM-groupe SOS Solidarité repart avec 4 CRA et 5 millions d’euros.

En acceptant d’intervenir en CRA, médecins et asso légitiment l’existence de ces taules et donc participent à la machine à expulser. En étant présents, ils cautionnent les mauvais traitements subis par les prisonniers, lorsqu’ils ne les provoquent pas. Régulièrement des détenus témoignent sur les (mauvaises) pratiques des médecins en CRA.