Des architectes aux avocats vendus à la pref’, le business
de la machine à expulser
A bas les CRA, 29 juin 2021
La politique raciste du gouvernement, qui agrandit ou construit de nouveaux CRA pour enfermer toujours plus d’étrangers en vue de les expulser, fait les affaires de nombreuses boîtes qui profitent du business de la taule… Autant d’entreprises complices de la machine à expulser. Autant d’entreprises qui ont des noms, des adresses, des patrons… 1er épisode de notre série sur les boîtes collabos.
Depuis quelques années et toujours à coûts de millions, les projets de construction et d’extension de CRA (Centre de Rétention Administrative) et de LRA * (Local de Rétention Administrative) pullulent. Que ce soit à Lyon-Saint-Exupéry, Olivet et Bordeaux, Coquelles, Lesquin ou au Mesnil-Amelot, la liste s’agrandit de jour en jour.
En 2021, le gouvernement prévoit de dépenser 22 millions d’euros pour amplifier sa politique répressive en créant de nouvelles places de rétention. Objectif affiché : atteindre 800 places de plus en 2023 par rapport à 2018. Soit une hausse de 60 %… Cette inflation carcérale découle directement de la politique sécuritaire et xénophobe de l’Etat, qui a allongé la durée d’emprisonnement possible en CRA, passée de 45 à 90 jours (loi du 10 septembre 2018), afin de bénéficier de plus de temps pour tenter d’expulser les étrangers. En 2019, près de 24 000 personnes avaient ainsi été déportées.
Cette politique fait les affaires de nombreuses boites qui profitent du business de la taule : des architectes aux groupes de BTP, des avocats vendus à la pref’ aux entreprises qui font tourner ces prisons…
1°- Une aubaine pour les architectes de l’enfermement
Pour certains architectes, qui se sont spécialisés dans l’emprisonnement, la création de nouveaux CRA ou leurs agrandissements, est une aubaine.
Parmi ces architectes de l’enfermement, on peut citer :
Anaa architectes, qui après avoir conçu le CRA de Lesquin a élaboré son extension. Parmi les « réalisations » de cette agence, située 14 Rue du Quai à Lille et reprise depuis 2011 par Thomas Houot et Aurélia Neveux, un comico à Wattignie.
À Coquelles, c’est le cabinet Pierre Louis Carlier qui a planché sur un projet consistant en « l’amélioration des conditions de rétention ». La réponse des architectes du 18, rue Jean Moulin à Lille ? « Étendre le bâtiment pour accueillir plus de retenus ».
Au passif de l’agence Patrice Chabbert, située au 32 chemin de la Butte à Toulouse, 4 projets dans les taules, dont un bâtiment dédié aux unités chargées de mater les rebellions dans les prisons et le CRA à l’aéroport de Toulouse Blagnac.
À Lyon, le nouveau CRA situé à Colombier-Saugnieu est signé RI2L (8, rue de la République, 13001, Marseille) et la maîtrise d’ouvrage assurée par l’Atelier d’architecture de Sèv, situé au 55 Montée de la grande Collonge à Gleize.
Chez Iam, au 86 rue des amidonniers à Toulouse, les architectes Mathieu Potevinet Geoffroy Sampaolo ont travaillé sur le CRA de Mayotte.
Celui de Palaiseau a été dessiné par l’Atelier d’architecture Emmanuel Nebout (3 Rue des Trésorier de la Bourse à Montpellier), à Marseille c’était le cabinet CCD architecture (7, rue d’Italie) qui s’y était attelé.
* Ces locaux sont créés par arrêté préfectoral, à titre permanent ou non. La durée d’enfermement est de 48h maximum mais peut être allongée de plusieurs jours sous certaines conditions.
Premier épisode (29 juin) :
Une aubaine pour les architectes de l’enfermement
Deuxième épisode (6 juillet) :
De juteux contrats pour les constructeurs de taules
Troisième épisode (12 juillet) :
Surveillance, bouffe, nettoyage… les boîtes charognards qui font tourner les CRA
Prochain épisode :
Médecins et assos en profitent aussi