Berlin (Allemagne) : plonger la ville dans le noir

traduit de l’allemand de chronik, 2 octobre 2021

(Tagesspiegel). Depuis la nuit de vendredi à samedi 2 octobre, 9000 foyers [d’autres articles parlent de 15 000 foyers] sont privés d’électricité à cause d’un incendie dans le quartier de Prenzlauer Berg. Des inconnus ont mis le feu sur une passerelle au-dessus de la ceinture ferroviaire périphérique de Berlin (Ringbahn), pont sur lequel se trouvent des canalisations de chauffage urbain ainsi que d’autres conduites d’alimentation électriques. Le feu, très important, a été éteint vers 3h45 et les réparations devraient au moins durer jusqu’en début de soirée.

[Ndt : Le courant dans le quartier de Prenzlauer Berg n’a en fait été rétabli qu’après 15h, ce qui a notamment signifié toute la journée plus de feux rouges pour la circulation, beaucoup de magasins et banques fermés faute de pouvoir ouvrir leur rideau métallique et leurs caisses, plus de téléphone portables puisque les antenne-relais sur les toits n’étaient plus alimentées ou encore beaucoup de voitures électriques à plat, plus d’ordinateurs, ni de télés ou appareils ménagers fonctionnels dans les habitations].
La coupure d’électricité a touché une partie centrale du quartier de Prinzlauer Berg, des bouts de l’Allée Schönhauser, de la rue de Dantzig, les environ du terrain de sport Jahn, la rue de Eberswald ainsi que les plus petites rues attenantes. La circulation des trains et des S.Bahn [RER] n’a été interrompue que momentanément, lors de l’intervention des pompiers. Les experts en incendie de la police criminelle et de la sûreté d’État venus sur les lieux enquêtent pour déterminer s’il agit d’un incendie volontaire qui pourrait avoir des mobiles politiques.

Depuis 2011 plusieurs incendies contre des infrastructures techniques de la Deutsche Bahn [SNCF] ont été revendiqués par des groupes radicaux sur internet dont certains ont pris des noms de volcans islandais, comme Hekla ou Grimsvötn. Le communiqué de la première attaque était signé « Le grondement du Eyjafjallajökull ». Les auteurs étaient appelés « Vulcains » au sein de la police.

En 2018, 2019 et 2020 des attaques similaires ont de nouveau eu lieu. En 2018, des câbles électriques avaient aussi été incendiés sur le pont de Mörsch, privant 6000 foyers d’électricité pendant des heures dans le quartier de Charlottenbourg. Et il y a exactement un an une « cellule Féministe-Révolutionnaire-Anarchiste » a incendié des câbles de la SNCF en guise de protestation contre l’expulsion de la Liebigstrasse 34. Il n’y a pas eu pour l’heure de revendication de ce dernier incendie. Cependant il y a un appel à une manifestation ce samedi contre l’expulsion du « Köpi-Wagenplatz »[terrain de maisons sur roues]. Jusqu’à présent aucun auteur n’a été arrêté.

Avec peu de moyens, les attaques contre des câbles SNCF n’en ont pas moins des effets considérables. Parfois des trains n’ont pas pu circuler pendant des jours et le réseau de téléphonie mobile a aussi été touché. Depuis des années la police soupçonne que certains des auteurs auraient des connaissances à l’intérieur de l’entreprise du rail, permettant de toucher des nœuds décisifs.

La police a mis en place une cellule spéciale afin de coordonner ses interventions et de pouvoir réagir rapidement à d’autres faits de cette sorte. Un porte-parole du syndicat de police GdP a twitté à l’occasion : « Ceux qui commettent des incendies contre des éléments importants de notre infrastructure d’alimentation agissent de manière insensée et attaquent notre vie commune démocratique. Ces attaques extrémistes n’ôtent peut-être pas de vies humaines, mais elles n’en constituent pas moins une tentative perverse de déstabilisation qu’on ne devrait pas minimiser. »