traduit de l’anglais de Act for freedom now!, 27 janvier 2022
Bien que les flics n’aient pas pu prouver le bien-fondé de leur accusation de terrorisme à son encontre après quatre ans d’enquête, le prisonnier anarchiste Toby Shone risque d’être soumis le 22 février prochain à une Ordonnance de prévention des crimes graves (SCPO – Serious Crime Prevention Order), qui permettra sa criminalisation et sa surveillance totale de façon légale pendant les années qui suivront sa remise en liberté, ainsi que celle de tous ceux qui l’entourent.
En novembre 2020 au Royaume-Uni, une série de descentes coordonnées contre l’un des administrateurs présumés du site 325.nostate.net ont été menées par les flics de l’antiterrorisme dans le cadre de l’Opération Adream. Plusieurs lieux du sud-ouest de l’Angleterre ont été perquisitionnés, et une personne, Toby Shone, a été arrêtée sous la menace d’une arme dans la forêt de Dean, et inculpée en vertu de la loi antiterrorisme. C’était la première fois que l’État britannique essayait de poursuivre un anarchiste en ayant recours à la législation antiterroriste moderne, et la première fois que quelqu’un était poursuivi parce que suspecté de gérer un site internet anarchiste.
Toby était initialement accusé d’avoir fourni un service permettant à d’autres personnes de pouvoir accéder à des publications terroristes, d’avoir collecté des fonds à des fins terroristes et de deux chefs d’accusation de possession d’informations susceptibles d’être utiles à un terroriste. Il a plaidé non coupable, les flics n’ont pas été en mesure de fournir des preuves, et le parquet a été contraint d’abandonner ces charges le 1er octobre 2021. Au final, Toby a été condamné à 3 ans et 9 mois de prison pour 8 infractions liées à des drogues le 13 octobre 2021. Ces « drogues » étaient des plantes psychédéliques et médicinales trouvées par le police dans deux des quatre lieux perquisitionnés en novembre 2020, tous des espaces collectifs. Toby a purgé 8 mois de sa peine en détention provisoire à la prison de Wandsworth et il est actuellement incarcéré à la prison de Bristol. Il devrait être libéré entre août et décembre 2022.
Cependant, l’inspecteur-en-chef Sion Margrie et ces snobs de procureurs Dan Porson-Pounds et Thomas Coke-Smythe continuent leur persécution contre Toby, en demandant une Ordonnance judiciaire qui contrôlerait et surveillerait ses mouvements quotidiens, ses contacts avec les autres, sa résidence, ses finances, ses appareils électroniques, etc. Elle exigerait aussi que des informations précises soient fournies à la police sur tous ses amis, ses contacts, ses proches, ses connaissances et tout client dans un cadre professionnel. Son compte bancaire et son accès au téléphone, à internet et à des dispositifs de stockage de données seraient surveillés et il ne pourrait pas utiliser ceux de quelqu’un d’autre. Il ne pourrait pas utiliser de technologies de cryptage et n’aurait droit qu’à 50 livres en espèces, ce qui l’obligerait à être pratiquement sans argent liquide, de façon à pouvoir tracer ses dépenses. S’il passe la nuit quelque part, il devrait dire aux flics où, quand, avec qui et pourquoi. Si quelqu’un vient lui rendre visite, il devrait également indiquer qui, quand et pourquoi. Toby devrait aussi signaler toute proposition d’embauche, combien il gagnerait et qui il y rencontrerait. En gros, cette Ordonnance le placerait sous une forme d’arrestation domiciliaire et l’obligerait à être complice de sa propre surveillance et de celle de ses amis.
Les Ordonnances de prévention du crime sont souvent utilisées comme des « peines discrétionnaires », lorsque les flics ne parviennent pas à leurs fins du premier coup. La SCPO durera au moins cinq ans après sa sortie de prison et pourra être renouvelée après cette période. Toby risque cinq ans de prison supplémentaires s’il enfreint cette Ordonnance, chose que, bien sûr, les flics espèrent fortement. Cette Ordonnance est conçue pour être enfreinte, car les conditions et les restrictions sont si hallucinantes et si nombreuses qu’il serait impossible de ne pas les enfreindre à un moment ou un autre. Si ses amis refusent de collaborer, ils risquent aussi des poursuites pénales et une peine de prison de 12 mois pour « obstruction».
Les flics affirment que cette Ordonnance de contrôle est nécessaire en raison du mode de vie alternatif et des idées de Toby. Criminaliser un mode de vie pour justifier une Ordonnance de prévention du crime n’est pas seulement scandaleux, mais constitue un précédent très dangereux. Un autre précédent dangereux est l’utilisation d’une SCPO contre un activiste. Il est évident que cette Ordonnance n’a rien à voir avec les accusations pour drogue pour lesquelles Toby a été condamné, et pour lesquelles il a passé plus qu’assez de temps en prison. En revanche, cette Ordonnance a tout à voir avec les accusations de terrorisme pour lesquelles les flics n’ont pu trouver aucune preuve. Elle a tout à voir avec sa participation au mouvement anarchiste.
Comme le montre la nouvelle législation sur le maintien de l’ordre adoptée à la hâte par le régime autoritaire britannique, notamment sous la houlette de sa ministre de l’Intérieur Priti Patel, cette Ordonnance de contrôle ne concerne pas seulement Toby. Il ne s’agit même pas seulement de la répression étatique des projets anarchistes de contre-information. Il s’agit de créer un précédent pour étouffer toute forme de protestation à l’aide d’un outil de surveillance draconien, et de forcer les gens à être complices de leur propre répression et surveillance et de celle de leur entourage. L’Ordonnance contre Toby est semblable, dans sa justification et son contenu, à l’Ordonnance de prévention des perturbations graves (Serious Disruption Prevention Order) qui faisait partie du nouveau projet de loi controversé sur la police, récemment rejeté. Cette Ordonnance aurait obligé une personne à enregistrer ses proches et ses mouvements auprès de la police, sans qu’aucun délit ne lui soit contesté, mais parce qu’elle est décrite et identifiée comme un dissident, réel ou potentiel. En élargissant les limites de la répression contre les activistes, les anarchistes et les dissidents, le Royaume-Uni est en train de glisser vers une dictature à peine dissimulée.
L’audience pour le SCPO contre Toby aura lieu le 22 février 2022, au tribunal de Bristol. Vous pouvez montrer votre solidarité avec lui, à 9 heures au tribunal. Montrez votre solidarité avec lui et les autres prisonniers anarchistes où, quand et de la façon dont vous le pouvez. Nous avons besoin de votre bruit et de vos bonnes vibrations contre cette persécution politique continuelle à l’encontre de Toby Shone.
Vous pouvez trouver plus d’informations sur le cas de Toby ici.
Merci de traduire et de faire tourner ce texte dans vos propres milieux et publications.
Vous pouvez écrire à Toby à cette adresse :
(N’oubliez pas de mettre une adresse d’expédition au dos de l’enveloppe, sinon les lettres n’arriveront pas)