Lundi dernier, les zélés porte-voix de la préfecture de Bavière ont été un peu déboussolés dans leurs comptes-rendus de l’actualité dominicale. Alors que le premier week-end de décembre avait été marqué par des chutes de neige bloquant temporairement le trafic ferroviaire et aérien de Munich, le suivant a en effet connu des pics de chaleur aussi soudains qu’inhabituels. En cause, des incendies tout sauf fortuits qui sont venus s’inviter aux prémices de l’hiver, mettant ainsi hors d’état de nuire plusieurs structures de la domination.
Sans image, sans un mot, et en trois endroits différents : dans la forêt de Forstenrieder au sud-ouest de la ville, dans la forêt de Perlach située plus au sud, mais aussi en plein centre de Munich, sous un pont qui enjambe le fleuve Isar. Dans les deux premiers cas un peu plus champêtres, comme le dit un grand quotidien régional, « ce serait une énorme coïncidence que deux machines forestières lourdes, volumineuses et coûteuses, mais très éloignées l’une de l’autre, prennent feu en même temps en raison de défauts techniques ». A chaque fois, c’est une abatteuse, cette machine à 500 000 euros pièce servant à couper, ébrancher et débiter les arbres en un rien de temps, qui est partie en fumée sous les étoiles.
Quant à la troisième attaque, survenue vers 3h30 du matin avec des flammes endiablées jaillissant d’un puits de câbles, elle a touché un nœud de fibres optiques contenant près de 20 000 connexions. Ce dernier se trouvait sur un chantier à côté d’une passerelle piétonnière aménagée le temps de rénover le très central pont Ludwigsbrücke de Munich. L’incendie a notamment interrompu le réseau régional du fournisseur NGN Fiber Network, en coupant l’ensemble des services municipaux de bourgs parfois distants de 30 kilomètres, comme Holzkirchen (15 000 habitants).
Les investigations concernant ces trois incendies de la nuit de dimanche à lundi 11 décembre, ont été confiées à un groupe d’enquêteurs spécialisés (nommé EG « Raute »), créé il y a quelques semaines par la préfecture de police de Munich pour enquêter sur des cas similaires. Du côté du parquet, c’est l‘Office central bavarois de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme (ZET) qui a été chargé du suivi de l’affaire, puisque ces nouvelles attaques « peuvent être attribués à la série d’incendies criminels contre des infrastructures et des engins de construction dans l’agglomération de Munich et en Haute-Bavière, qui occupent les enquêteurs depuis des mois. Les dégâts se chiffrent en millions et les auteurs sont soupçonnés d’appartenir au spectre de l’extrême gauche. »
[Synthèse des médias régionaux allemands (Süddeutsche Zeitung, Merkur & BR24), 11-12 décembre 2023]