Dimanche 17 janvier 2021, plusieurs porte-parole du pouvoir ont tenu à nous apporter quelques nouvelles de l’immense relais TDF des Cars, situé à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Limoges. Qui peut en effet oublier que la nuit du 11 janvier dernier, un sabotage incendiaire sur ses câbles avait privé près de 1,5 millions de personnes de télévision, radio et de réseau mobile dans cinq départements ? Le feu avait alors rendu hors d’usage les antennes implantées sur le pylône TDF de 230 mètres de hauteur, ainsi qu’une antenne 4G d’Orange située à proximité.
Du côté d’Europe1, qui s’inquiète dans un long reportage de « L’inquiétant boom des destructions d’antennes relais », on tient d’une part à confirmer qu’au moins 70 de ces structures de la domination ont été sabotées en 2020 (même si un certain Nuñez en attribuait -lui- 102 rien qu’à la dite « ultra-gauche » depuis mars dernier*), soit une tous les trois à cinq jours, mais surtout à ajouter que selon Nicolas Guérin, président de la Fédération française des télécoms, une convention pour améliorer la coopération entre les opérateurs, les gestionnaires d’antennes et les services de police, est en cours d’élaboration sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Il s’agira essentiellement de mieux anticiper les attaques et d’améliorer la transmission d’informations pour les enquêtes. « Le but, c’est de permettre aux services de police d’intervenir plus efficacement. Les opérateurs leur fournissent des informations sur la localisation des antennes et, en retour, ils nous montrent les faiblesses de nos sites», précise-t-il, parce que « l’objectif est d’arriver à mieux repérer les attaques en amont». On apprend d’ailleurs à l’occasion, que dans le cas de l’incendie de l’antenne de Limoges-Les Cars, une brigade cynophile a par exemple arpenté le site détruit et ses alentours pendant deux jours.
Môssieur Guérin, grand responsable d’une partie de ces infrastructures critiques de surveillance, d’aliénation et d’exploitation connectée, explique aussi que malgré tout il est bien entendu impossible de mettre un flic derrière chaque pylône et que leur implantation diffuse offre un avantage indéniable aux saboteurs (« On a 50.000 sites en France, c’est impensable d’organiser des rondes»), tout en précisant que chaque attaque retarde également le déploiement de nouvelles antennes – de par les moyens forcément limités en techniciens et équipements de remplacement (« les antennes attaquées sont souvent des sites isolés, sans réserve de matériel sur place»). Ainsi, « au-delà du coût, ce qui est embêtant c’est que toutes les ressources que l’on affecte à ces réparations se font au détriment de l’amélioration de la qualité du réseau. Quand vous devez réparer un site, le personnel est détourné de la couverture des zones blanches». Ou comment expliquer qu’au-delà du fait que ces destructions font bien entendu déjà sens en soi –selon celui donné par la multiplicité de ses protagonistes, qui iraient « des anti 5G aux anarchistes»–, chacune d’entre elles affecte aussi directement l’ensemble de ces structures dans un rapport global.
En passant, mister Fédération française des télécoms ne peut s’empêcher de parler gros sous, puisque rien qu’installer une antenne coûte entre 100 et 200.000 euros et que « même en cas de dégâts mineurs, on parle de dizaines de milliers d’euros de matériel à remplacer». La facture finale concernant le relais TDF détruit sur les hauteurs du village des Cars pourrait ainsi avoisiner 1 million d’euros au bas mot.
Côté réparations et délais, ce sont les journaflics locaux du Populaire du Centre qui apportent quelques précisions, sous un titre pour le moins apologétique : « Quelques minutes pour l’incendier, plusieurs mois pour remettre en état l’émetteur…».
Sur l’immense pylône dont certaines barres de fer ont été tordues par la chaleur et où plusieurs centaines de câbles et gaines ont fondu jusqu’à une hauteur de 100 à 150 mètres, les équipes de TDF et ses sous-traitants sont désormais à l’œuvre pour essayer de poser un énorme câble provisoire (16 centimètres de diamètre, 300 mètres de long, 6,1 tonnes) qui a été acheminé par convoi spécial depuis la Bretagne, avant même de songer à enlever tous les câbles calcinés. Pour poser ce câble provisoire, il faudra au préalable découper des éléments des passerelles du pylône afin qu’il puisse passer : « Il a un rayon de courbure limité, il faut libérer du passage », explique Jocelyn Le Rohellec, responsable de l’équipe locale de TDF.
Au mieux, TDF espère le rétablissement de la télévision pour tous ceux qui sont actuellement libérés de leurs chaînes, en Haute-Vienne, en partie en Corrèze, en Creuse, en Charente et en Dordogne dans le « courant de la semaine », soit une dizaine de jours après le sabotage. Et encore, pas de façon complète, comme quoi réorienter les autres émetteurs pour rétablir le signal est parfois plutôt limité. « Nous pensons qu’avec la montée du câble, nous pourrons, la semaine prochaine, rétablir la télévision dans des conditions dégradées, car nous n’aurons pas 100% de couverture. Cela prendra encore plusieurs semaines avant de pouvoir rétablir complètement le signal», précise Jean-Louis Mounier, le directeur général de TowerCoTDF, à France3 Nouvelle Aquitaine.
Par la suite, « TDF prévoit une bonne année de travaux pour remettre le site en état, repasser les câblages définitifs, repeindre le pylône. Rien que pour nettoyer la structure correctement, les équipes avancent en général de 15 centimètres par heure», conclut son responsable technique au scribouillard du Limousin.
* soit, d’après sa fameuse interview exclusive, « environ 60% » des 170 actions de sabotages accolées à cette mouvance par ses services.
[synthèse de la presse du 17 janvier 2021]
Retour progressif à la normale des communications après l’incendie du pylône des Cars, en Haute Vienne
France3 Aquitaine, 29 janvier 2021
L’installation des nouveaux câbles de transmission a été finalisée sur le site des Cars ce lundi 25 janvier 2021. Cette antenne avait été endommagée par les flammes le 12 janvier dernier. Un incendie revendiqué par un comité « pour l’abolition de la 5G et de son monde ».
« Tout au long de la semaine, les équipes de TDF ont ré-aiguillés et réglés les émetteurs secondaires du réseau pour alimenter de nouveau la zone de couverture », explique Pauline Mauger, responsable communication de TDF.
Au total, une cinquantaine de personnes a été mobilisée, dont une quinzaine sur le terrain, pour rétablir une qualité satisfaisante. Une solution provisoire en attendant une transmission optimale. « Ces travaux vont se poursuivre durant plusieurs mois et engendrer plusieurs centaines de milliers d’euros », concède Pauline Mauger sans pouvoir apporter plus de précisions : « Il est difficile d’estimer le coût global, la mobilisation des équipes sur place et en supervision. Une certitude : cela freine le déploiement des antennes 5G avec le personnel accaparé pour cette réparation. Il nous faut également engager des travaux de peinture du pylône en respect du balisage pour l’aviation civile et militaire ». Ce sont au total 1,5 million d’habitants qui sont concernés, répartis sur la Haute-Vienne, la Corrèze, la Charente et le nord de la Dordogne.
Quid des réseaux de téléphonie mobile et d’internet ?
L’antenne-relais d’Orange a également été incendiée sur le même site le 12 janvier dernier. « Les antennes à proximité ont été reconfigurées dans un premier temps en solution provisoire pour couvrir partiellement la zone », explique Julie Calvet, chargée de communication chez Orange Limousin Poitou-Charentes. Et d’ajouter : « Les locaux ont subi d’importants dégâts des eaux suite, sans doute, à l’intervention des pompiers lors de l’incendie ». L’opérateur a déployé une équipe sur place depuis le début de semaine pour remettre en fonction cette antenne 4G. « Le rétablissement optimal sera effectif au plus tard le jeudi 4 février après les réglages à distance », précise Julie Calvet.
L’antenne de Bouygues Télécom, installée sur le pylône de TDF, a également été détruite. Selon une source interne, « les travaux de dépollution ont débuté, l’équipe sur place est à pied d’oeuvre pour rétablir le service le plus rapidement possible », mais elle concède :« le chantier est important et prioritaire mais cela va prendre plusieurs semaines, sans que l’on puisse définir une date de reprise ». Concernant SFR, l’incendie a mis hors service plusieurs faisceaux hertziens qui alimentent des antennes-relai. « Trois d’entre elles sont encore aujourd’hui impactées », annonce Guillaume Fauré, délégué régionale Altice France SFR Sud-Ouest, « il s’agit de Saint-Yrieix-la-Perche, Bonneval et Bussière-Galant ». Le représentant de SFR ajoute : « Compte tenu des travaux engagés sur le site des Cars, la date prévisionnelle de rétablissement est prévue pour le 5 février. Dans l’attente, nous avons optimisé les antennes environnantes pour compenser autant que possible l’impact pour nos clients ». Free, dernier opérateur concerné, devrait faire un point sur la situation ce lundi 1 février.