Dans l’Etat nord-américain de l’Oregon, le jour même de l’investiture de Donald Trump, il ne s’est pas passé que la destruction en règle des 33 fenêtres et portes d’un bureau des élections à Portland. A une petite centaine de kilomètres plus au Sud, dans la ville de Salem, la police a en effet ouvert une enquête pour un « incendie criminel » survenu cette même nuit du dimanche à lundi 20 janvier.
Un incendie qui pourrait être banal, si ce n’est qu’un dimanche vers 3h45 du matin juste après la célébration trumpiste, ben bon, et quand en plus il s’agit d’une belle Testa flambée juste devant son concessionnaire à la vitrine fracassée d’un autre côté, ben quoi.
Évidemment, la police et la presse se demandent s’il y a un lien entre ce qui s’est passé à Portland et à Salem, ou encore s’il y a un lien entre l’attaque incendiaire contre un concessionnaire Tesla et la présence de son président techno-fasciste Elon Musk au sein du gouvernement des États-Unis.
Amherst (Buffalo, N-Y),7 juin 2022 : le centre de santé des anti-avortement de CompassCare part en fumée
Le 2 mai, un avant-projet de décision de la Cour suprême des États-Unis a fuité dans la presse, révélant qu’une majorité de ses juges étaient prêts à annuler la jurisprudence de 1973 rendue dans l’arrêt Roe vs Wade, qui légalisait l’avortement dans tout le pays de façon constitutionnelle. Si la Cour Suprême confirmait cet avant-projet au 30 juin prochain, cela renverrait immédiatement chaque État nord-américain à la possibilité d’interdire ou d’autoriser les avortements, ainsi qu’à toutes leurs législations antérieures à 1973. Treize États ont d’ailleurs déjà voté des « trigger laws », des lois interdisant l’avortement qui s’appliqueront automatiquement dès l’officialisation de la décision de la Cour Suprême.
Depuis, de grandes manifestations pacifiques se sont tenues, organisées par des associations comme le planning familial américain et la Women’s March, appelées aussi par plusieurs syndicats et collectifs, tous faisant appel au bon vouloir des politiciens (notamment démocrates). Mais d’autres ont décidé de passer à l’action directe, en faisant référence dans leur communiqué au Jane Collective, ce collectif féministe qui avait favorisé des IVG illégales sûres à des milliers de femmes avant 1973. C’est ainsi qu’à Madison (Wisconsin) le 8 mai dernier, le siège du groupe de pression anti-avortement Wisconsin Family Action avait été consumé par deux molotovs, accompagné d’un tag « Si l’avortement est menacé, vous l’êtes aussi » ainsi que d’un A cerclé. L’attaque avait été revendiquée deux jours plus tard par le groupe Jane’s Revenge [la vengeance de Jane].
Amherst (Buffalo, N-Y),7 juin 2022
Et pour ne pas en rester là, mardi 7 juin vers 3h du matin, c’est cette fois le centre de santé anti-avortement CompassCare, situé à Amherst, en banlieue de Buffalo (Etat de New-York) qui a été entièrement ravagé par les flammes. A l’arrière du bâtiment trônait un immense tag disant : Jane was here [Jane est passée ici]. Compasscare se présente comme un de ces centres de santé qui fournit des soins de grossesse, pompeusement baptisé « clinique », mais est en réalité un bastion bien connu de l’extrême-droite religieuse, dont l’objectif est d’attirer les jeunes femmes pour les empêcher à tout prix d’avorter.