Archives par mot-clé : Colorado

Etats-Unis : les attaques contre les centres anti-avortement ne cessent pas [mis à jour]

24 juin 2022. Manif devant la Cour Suprême des Etats-Unis (« La maternité forcée c’est l’esclavage des femmes »).

Vendredi 24 juin, la Cour suprême des États-Unis a enterré un arrêt qui, depuis un demi-siècle, garantissait le droit constitutionnel des Américaines à avorter. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant cet arrêt emblématique de 1973, quand chaque État pouvait les autoriser ou non. Une moitié des États du pays, surtout dans le Sud et le centre, plus conservateurs et religieux, pourraient bannir tout avortement légal à plus ou moins court terme. D’ores et déjà, 13 d’entre eux (Arkansas, Idaho, Kentucky, Louisiane, Mississippi, Missouri, Dakota du nord, Oklahoma, Dakota du sud, Tennessee, Texas, Utah et Wyoming) ont décrété son interdiction quelques heures à peine après la décision de la Cour suprême (ou sous 30 jours pour certains), y compris en cas de viol ou d’inceste. Au total, ce sont près de 26 qui pourraient interdire l’avortement.

Si les attaques contre des centres religieux anti-avortement se sont multipliées tout au long du mois de juin, elles ont ont continué dès la nuit qui a suivi la décision de la Cour suprême. Le FBI est désormais chargé au niveau fédéral d’enquêter sur la trentaine d’attaques déjà recensées (dont plusieurs incendies criminels). Voici celles qui se sont immédiatement produites à Lynchburg (Virginie), Longmont (Colorado), Montpelier & Burlington (Vermont) et Portland (Oregon).
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Buffalo (Etats-Unis) : le centre des anti-avortement part en fumée

Amherst (Buffalo, N-Y),7 juin 2022 : le centre de santé des anti-avortement de CompassCare part en fumée

Le 2 mai, un avant-projet de décision de la Cour suprême des États-Unis a fuité dans la presse, révélant qu’une majorité de ses juges étaient prêts à annuler la jurisprudence de 1973 rendue dans l’arrêt Roe vs Wade, qui légalisait l’avortement dans tout le pays de façon constitutionnelle. Si la Cour Suprême confirmait cet avant-projet au 30 juin prochain, cela renverrait immédiatement chaque État nord-américain à la possibilité d’interdire ou d’autoriser les avortements, ainsi qu’à toutes leurs législations antérieures à 1973. Treize États ont d’ailleurs déjà voté des « trigger laws », des lois interdisant l’avortement qui s’appliqueront automatiquement dès l’officialisation de la décision de la Cour Suprême.

Depuis, de grandes manifestations pacifiques se sont tenues, organisées par des associations comme le planning familial américain et la Women’s March, appelées aussi par plusieurs syndicats et collectifs, tous faisant appel au bon vouloir des politiciens (notamment démocrates). Mais d’autres ont décidé de passer à l’action directe, en faisant référence dans leur communiqué au Jane Collective, ce collectif féministe qui avait favorisé des IVG illégales sûres à des milliers de femmes avant 1973. C’est ainsi qu’à Madison (Wisconsin) le 8 mai dernier, le siège du groupe de pression anti-avortement Wisconsin Family Action avait été consumé par deux molotovs, accompagné d’un tag « Si l’avortement est menacé, vous l’êtes aussi » ainsi que d’un A cerclé. L’attaque avait été revendiquée deux jours plus tard par le groupe Jane’s Revenge [la vengeance de Jane].

Amherst (Buffalo, N-Y),7 juin 2022

Et pour ne pas en rester là, mardi 7 juin vers 3h du matin, c’est cette fois le centre de santé anti-avortement CompassCare, situé à Amherst, en banlieue de Buffalo (Etat de New-York) qui a été entièrement ravagé par les flammes. A l’arrière du bâtiment trônait un immense tag disant : Jane was here [Jane est passée ici]. Compasscare se présente comme un de ces centres de santé qui fournit des soins de grossesse, pompeusement baptisé « clinique », mais est en réalité un bastion bien connu de l’extrême-droite religieuse, dont l’objectif est d’attirer les jeunes femmes pour les empêcher à tout prix d’avorter.

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