Pouillé/Nalliers (Vendée) : saboter la flotte des agro-industriels [MàJ]

[Mise à jour plus bas :  revendication du sabotage paru dans la presse locale (qui s’est bien gardée de le reproduire intégralement) & condamnation de l’action par la Confédération Paysanne, qui rejoint ainsi logiquement ses collègues de la FNSEA et de la Préfecture.]

Vendée : deux réserves d’eau dégradées, la guerre de l’eau
est déclarée
Le Journal du pays yonnais/20 Minutes, 10 août 2022 (extraits)

Dans la nuit du 8 au 9 août dernier, deux réserves de substitution situées dans le sud Vendée, à Pouillé et Nalliers ont été vandalisées. Selon les premières constations, les bâches en plastique, qui tapissent les bassins, ont été découpées sur les bords.

Ces deux réserves, aussi appelées bassines, d’une surface d’environ 8 hectares chacune et contenant 807 000 m3 pour celle de Nalliers et 870 000 m3 pour celle de Pouillé, sont utilisés par les agriculteurs pour irriguer les cultures. Elles ont été construites en 2014 et en 2017. Propriétés du syndicat mixte Vendée Sèvre Autizes, elles sont remplies l’hiver en pompant l’eau des nappes phréatiques. Pour l’heure, l’eau de ces réserves devrait pouvoir être utilisée.

Mais les réparations vont coûter cher : « Les dégâts occasionnés sont en cours d’estimation mais il est évident que l’unité de mesure sera le million d’euros », poursuit le syndicat. « Ces actes de dégradation des réserves sont d’autant plus répréhensibles qu’ils ne sont pas signés, déplore le syndicat dans un communiqué. Le syndicat n’a donc aucun interlocuteur avec qui établir un dialogue constructif et faire évoluer les modes de gestion

Du côté des agriculteurs, la tension est à son comble. Rassemblés devant la préfecture de Vendée ce mercredi 10 août 2022, juste avant l’habituel Comité Eau qui se tient tous les 15 jours avec les acteurs de l’eau du département, les représentants du monde agricole ont laissé éclater leur colère.  » Aujourd’hui, les agriculteurs du sud Vendée sont en guerre. On vient de leur saccager leurs outils de travail, qui a été construit avec raison avec les autorités. On n’est plus dans le temps des négociations, on doit agir« , a déclaré Éric Porcher, responsable de la commission eau de la FDSEA.

Ces réservoirs d’eau géants ne font pas l’unanimité puisque des activistes dégradent régulièrement ces équipements, comme le 6 novembre 2021, dans les Deux-Sèvres voisins [voir par exemple ici ou ]. Les opposants aux bassines dénoncent notamment la privatisation de l’eau par certains agriculteurs.


Deux réserves d’eau pour l’irrigation dégradées
dans le sud Vendée, l’action revendiquée

La Nouvelle république, 10 août 2022 (extrait)

Mercredi 10 août en milieu de journée, un autre communiqué de presse est parvenu aux rédactions, émanant d’un groupe anonyme, si ce n’est son adresse e-mail « rivieresencolere », sous le titre « Nous revendiquons le débâchage de deux méga-bassines« . Une photo, visiblement prise en début ou fin de nuit sur une des réserves, accrédite son message…

Comme les journaflics locaux (qui l’ont reçu) n’ont pas tenu à le reproduire en entier, nous l’avons recherché par nous-mêmes, et le voici :

« Bonjour,

Nous sommes des jardiniers, des pêcheurs et des amoureux des cours d’eaux. Cet été, comme tout le monde, nous subissons la sécheresse et les restrictions d’utilisation de l’eau qui vont avec. Cet été, comme tout le monde, nous voyons les monocultures de céréales inadaptées à nos régions être grassement arrosées. Cet été, nous voyons les milions de mètres cubes d’eau, présents dans les méga-bassines, fondre comme neige au soleil. Une eau qui a été directement pompée dans les nappes phréatiques. Cette eau nous manque. Elle devrait servir en priorité à notre alimentation, aux rivières et à la diversité en faune et en flore qu’elles abritent.

Les méga-bassines sont le pansement d’une agriculture-industrielle en bout de course. Une industrie qui, à la place de nous nourir, tue les poissons et les abeilles et rend malade ceux qui la consomment. Il faut changer de modèle. Et pour commencer, il faut arrêter de construire et d’utiliser des méga-bassines.

Face à ce constat, nous ne pouvions rester sans rien faire. Alors, comme chacun le peut, la nuit du 8 au 9 août, nous avons enfilé des gants et masqué nos visages, nous avons pris des pinces et des couteaux, et nous avons enlevé la bâche qui recouvrait deux méga-bassines du sud vendée. Celle située au nord est de la commune de Nailliers proche de la départemntale D99 et celle au sud est de Pouillé. Pour prouver nos dires nous fournissons en pièce jointe deux photos prises cette nuit là.

Ce n’est pas une attaque contre les agriculteurs qui les utilisent, mais contre le système industriel qui les exploitent eux aussi. C’est aussi un message à la préfecture et au gouvernement: s’il n’y a pas vite un arrêt des projets de méga-bassines, nous appliqueront, de fait, un moratoire aujourd’hui plus que vital. Nous sommes des millions, à vivre directement les conséquences du réchauffement, à voir nos rivières s’assécher, et nous sommes prêts à passer à l’action.

Nous vous remercions de bien vouloir relayer ces informations et ce communiqué.

Cordialement »


Vandalisme des réserves d’eau : la Confédération paysanne
de Vendée appelle au calme

Ouest France, 12 août 2022

La Confédération paysanne de Vendée a réagi jeudi soir après qu’un groupe a vandalisé deux réserves d’eau du sud de la Vendée, à Nalliers et Pouillé. Elle condamne l’action et demande un moratoire.

Le syndicat appuie néanmoins sur le fait que cet acte de vandalisme, bien que regrettable, n’est pas surprenant vu la gouvernance défaillante de la gestion de l’eau selon eux. Un groupe s’autoproclamant jardiniers, pêcheurs et amoureux des cours d’eaux a revendiqué ces actes, arguant qu’ils n’étaient pas contre les agriculteurs mais contre le système industriel qui les exploite eux aussi.