En solidarité avec Boris, hospitalisé depuis plus d’un an suite à l’incendie de la cellule dans laquelle il était en détention provisoire pour avoir incendié deux antennes de téléphonie mobile, un recueil de textes circule depuis mai 2022 sur papier à travers l’Hexagone. Titrée Des chaînes technologiques aux barreaux de prisons, tout un monde à abattre, cette copieuse brochure a inspiré des compagnons d’outre-Rhin, qui ont agrémenté leur traduction de nouveaux textes, afin de continuer à porter la solidarité avec Boris au-delà des frontières, et dont on trouvera ci-dessous l’introduction.
Erhobenen Hauptes, Flammenden Herzens. Textsammlung rund um den Fall von Boris und den Kampf gegen die technologische Infrastruktur in Frankreich, (en allemand), 76 pages A4, novembre 2022
Préface à Têtes hautes, cœurs ardents. Recueil de textes autour de l’affaire de Boris et de la lutte contre les infrastructures technologiques en France.
(traduit de l’allemand)
Il y a plus de deux ans, dans la nuit du 9 au 10 avril 2020, un anarchiste de la ville française de Besançon nommé Boris a fait une petite promenade nocturne et a laissé derrière lui deux antennes-relais en feu, ce qui a provoqué l’effondrement non seulement du réseau régional de télécommunications des différents opérateurs de téléphonie mobile français, mais aussi du réseau radio des flics. Deux piliers de la civilisation techno-industrielle en moins, du moins pour un certain temps.
Malheureusement, les flics ont trouvé un bouchon au pied d’un des pylônes, et dessus, une trace d’ADN qu’ils ont attribuée à Boris. En septembre 2020, il a été arrêté et placé en détention provisoire. Lors de l’interrogatoire par les flics, il a reconnu avoir mis seul le feu aux deux antennes-relais. Le 19 mai 2021, le tribunal l’a finalement condamné, en l’absence de son avocate, à quatre ans de prison, dont deux avec sursis. Boris a alors fait appel, mais avant que ce procès ne puisse avoir lieu, un incendie s’est déclaré dans sa cellule début août, lui causant de graves brûlures. Pendant des mois, il est resté dans le coma. Depuis, il a repris conscience, mais il continue de se battre avec acharnement. Paralysé des quatre membres, mais plein de volonté de vivre, il est confronté à l’arrogance et à la toute-puissance de l’appareil médical, qui n’arrive pas à croire qu’un « patient » ait sa propre tête. Récemment, les compagnons de Besançon ont repris la parole pour lancer un nouvel appel à la solidarité avec Boris.
Cette brochure reprend ces appels, ainsi qu’une sélection de textes et de tracts parus autour de l’affaire de Boris. Non seulement pour soutenir un compagnon qui subit de plein fouet la violence de la répression, mais aussi pour soutenir son combat, qui nous inspire et qui est aussi le nôtre, et qui s’inscrit en France dans toute une série d’attaques et de luttes, afin de poursuivre et porter dans l’espace germanophone le débat sur les sabotages d’infrastructures, les incendies d’antennes-relais, les dégradations de câbles de fibre optique, les attaques contre les infrastructures électriques et énergétiques, tel qu’il est mené en France.
Car l’attaque de Boris n’est pas la seule du genre, elle s’inscrit dans toute une vague d’attaques de pylônes de téléphonie mobile. Une vague qui n’a cessé de prendre de l’ampleur jusqu’à aujourd’hui. Si les statistiques officielles faisaient état d’une centaine d’antennes-relais brûlées en France en 2020, elles étaient déjà passées à 150 en 2021. De même, les câbles de fibre optique ont également été endommagés à raison d’une trentaine par mois en moyenne au cours des six derniers mois en France, sans compter de nombreuses autres attaques contre des entreprises de télécommunications et autres sabotages d’infrastructures. Des attaques qui ne sont pas du goût des puissants, car elles menacent « les activités les plus sensibles et les plus essentielles du pays« , représentent un danger potentiel pour l’économie des pays et pourraient au moins freiner, voire compromettre (au moins localement) –c’est en tout cas ce que laissent entendre certains politiques, agents de renseignement et représentants du monde économique– le projet de développement global du réseau technologique et de la numérisation du monde.
C’est pourquoi, en plus des textes qui concernent l’arrestation de Boris, nous avons ajouté des textes qui traitent de la lutte contre l’infrastructure technologique telle que Boris l’a menée. Parmi eux, bien sûr, celui que Boris a écrit lui-même sur ses motivations à incendier ces antennes-relais, « Pourquoi j’ai cramé les deux antennes du Mont Poupet« , ainsi qu’un texte initialement paru dans Zündlumpen, « Quand, si ce n’est pas maintenant ? » qui avait été traduit en français dans la brochure Brûler les foyers du virus technologique, à laquelle les flics s’étaient à l’époque particulièrement intéressés lors des perquisitions chez Boris et deux autres compagnons de Besançon. Vous trouverez également dans ce recueil le deuxième texte de la même brochure, « Sabotages contre la normalité numérique« , mais aussi plusieurs autres textes, principalement traduits du français, qui traitent de la vague d’attaques actuelle sur ce territoire.
En réaction à la répression contre Boris, plusieurs attaques ont eu lieu en France, revendiquées par des personnes qui mènent leur lutte en solidarité avec Boris, tandis que le nombre d’attaques anonymes contre des antennes-relais et des infrastructures technologiques continue aussi de plus belle. On trouvera une sélection des deux aspects dans cette brochure.
Que la toile de la domination technologique s’enflamme à tous les coins de rue !
Têtes hautes
Coeurs ardents
Solidarité avec Boris