Plombée par l’inflation, l’Argentine est confrontée
à une vague de pillages de commerces
En Argentine, une vague de pillages de supermarchés et de commerces depuis quatre jours a mis le pays en alerte, ravivant le souvenir traumatique de la «Gran Crisis» de 2001 [Voir ici la brochure Recueil de textes argentins (2001-2003), ed. Mutines Seditions, 2003], sur fond d’élection présidentielle prévue en octobre. Même si le gouvernement nie tout lien de cause à effet, cette vague intervient alors que le peso argentin vient d’être dévalué d’environ 20% mi-août. La troisième économie d’Amérique latine est aux prises avec une inflation endémique, à deux chiffres depuis plus de douze ans, et de 115% sur un an. JPMorgan anticipe même une inflation de 190% à la fin de l’année. Une inflation telle que le gouvernement a lancé en mai un billet de banque de 2.000 pesos, le plus important qui n’ait jamais circulé.
Les pillages, survenus aussi bien dans la ville de Bariloche, en Patagonie dans le sud du pays, qu’autour de la capitale Buenos Aires ou encore dans la région viticole de Mendoza, sont l’oeuvre de petits groupes qui pénètrent par effraction dans des commerces pour voler biens alimentaires et autres produits. Des bandes de 20 personnes, 40 ou plus, fondent sur un supermarché ou autre commerce, en mode «attaque de piranhas», ou de plus petits groupes, mus par des appels de dernière minute, via les réseaux sociaux, forcent parfois l’accès aux commerces fermés. Les assaillants s’emparent alors de la nourriture, mais aussi ce qu’ils trouvent: alcool, cigarettes, objets divers et variés, comme en témoignent les chariots de supermarché pleins abandonnés à l’arrivée de la police. Parfois, comme mardi à Moreno, le feu est mis au magasin. Lire la suite