[Mardi 19 août à Kassel (région de Hesse), vers 3h du matin, des flammes ont englouti quatre véhicules civils appartement au parc automobile de l’armée allemande (Bundeswehr), garés sur le site de l’ancienne caserne Lüttich du quartier de Marbachshöhe. Tous les quatre (un Iveco, deux Mercedes Vito et un break Volkswagen) ont été entièrement détruits par cette attaque, et les dégâts estimés à 150 000 euros par la police. Voici la traduction du communiqué paru le lendemain sur de.indymedia, et signé par « des anarchistes »…]
Jamais prêt pour la guerre ! Feu au parc automobile de la Bundeswehr à Kassel
C’est la guerre, et l’Allemagne se prépare. Une frénésie militaire, politique et économique a éclaté, et tout le monde est censé s’y rallier. L’ « Opération Allemagne » doit rendre le pays prêt pour la guerre d’ici cinq ans, et le camouflage fleurit partout : Rheinmetall, KNDS et consorts s’accaparent des sites les uns après les autres, la clause civile s’effrite dans les universités, la direction du groupe Volkswagen envisage ouvertement de se lancer dans le secteur de l’armement, les hôpitaux et les structures d’approvisionnement sont préparés à la guerre et la Bundeswehr (armée allemande) fait la promotion du service militaire dans les écoles, sur les réseaux sociaux et sur les panneaux publicitaires à travers des campagnes d’image soigneusement polies. L’investissement dans l’armement devient un principe de durabilité. Parallèlement au réarmement matériel et idéologique, on observe un glissement autoritaire à l’intérieur du pays, comme le montre la répression contre la solidarité avec la Palestine ou le mouvement antimilitariste. Ce tournant répressif historique est également en plein essor.
Même Friedrich Merz [le chancelier allemand] sait que le capitalisme traverse une grave crise mondiale, qui affecte également le modèle allemand de « champion mondial des exportations » : « Ce sont surtout les Américains qui ont assuré la paix et notre liberté, nous nous sommes concentrés sur l’économie – et celle-ci a fonctionné à merveille. Les marchés mondiaux, les produits intermédiaires bon marché provenant principalement de Chine, l’énergie à bas prix provenant principalement de Russie, la transformation en Allemagne, puis l’exportation dans le monde entier, tel était le modèle économique allemand. Tout cela est désormais remis en question. »
Des temps difficiles vous attendent donc, chers citoyens. Mais si le capital allemand veut continuer à exploiter le monde, à enrichir les riches et à produire enfin à nouveau des hommes forts et capables de se défendre, alors nous devons en passer par là. Et nous devons le faire tous ensemble. Cet état d’esprit ne se cantonne pas à Blackrock. Il résonne de tous côtés dans la République : préparez-vous à la guerre si vous voulez conserver votre prospérité et votre liberté. Car la lutte pour le pouvoir au XXIe siècle est loin d’être terminée, elle entre dans une nouvelle phase.
Le fait qu’on nous demande aujourd’hui de nous préparer à une troisième guerre mondiale, ici aussi, nous rappelle la réalité du monde. Pendant toutes les années où nous pouvions nous raconter des histoires de paix et de prospérité, les canons tonnaient ailleurs. Depuis des années, la guerre fait des ravages là où il y a encore quelque chose à prendre : en Irak, au Yémen, à Gaza ; elle détruit des sociétés au Mexique, au Kurdistan et au Brésil ; et elle viole des populations en Ukraine, au Congo et au Sahara.
Mais ceux qui ne misent que sur la guerre sont incapables de parvenir à une paix véritable. La lutte contre la guerre est une lutte contre le capitalisme, qui a besoin de chaque crise pour générer de nouveaux profits, tout comme c’est une lutte contre le patriarcat, qui nous martèle depuis des millénaires qu’il y aura toujours des dominants et des dominés dans ce monde. Dans cette logique, il n’y a pas de place pour l’humanité, la communauté et la dignité. Cette guerre ne sera jamais la nôtre. C’est une guerre de dominants, imprégnée de masculinité destructrice, de mégalomanie et d’exploitation. Ni Trump, ni Poutine, ni Xi Jinping, ni Netanyahou ne se battent pour des valeurs humaines.
Nous ne nous laisserons pas distraire par leurs petits jeux. Une vie meilleure ne peut être obtenue que lorsque les gens, au-delà des frontières nationales, se battent pour un monde qui ne soit pas à vendre et dans lequel les vies humaines ne soient pas utilisées à bon marché. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un mouvement pour la paix combatif, qui soit à nouveau à la hauteur de son nom. Nous avons besoin d’une multitude d’initiatives, de réseaux, d’actions et de résistance pour contrer la menace d’un embrasement généralisé. Notre action en fait partie et nous nous réjouissons de tous ceux qui se réunissent, s’organisent, résistent et cherchent des solutions.
Jamais seuls, toujours ensemble, toujours internationaux ! Oui, la guerre et le fascisme sont déjà à nos portes, mais avec tous nos amis qui luttent à travers le monde, cela peut être le tournant de notre époque. Car le général Bodemann a raison sur un point lorsqu’il dit : « Le plus important, c’est qu’au final, dans cette guerre, chaque citoyen et chaque citoyenne compte. » Monsieur Bodemann, nous sommes d’accord là-dessus.
Alors : faites ce qui compte vraiment !
Ne soyez jamais prêt à faire la guerre – ni aujourd’hui, ni en 2029, ni plus jamais !
Salutations de solidarité au camp de désarmement de Rheinmetall, qui aura lieu du 26 au 31 août à Cologne !
VIDÉO
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