Le Parisien, 1er septembre 2020 (extrait)
Robin n’en revient toujours pas de sa mésaventure, survenue lundi matin à la gare de Lyon. A la suite d’un « malentendu », cet habitant de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) a écopé de 135 euros d’amende pour avoir enlevé son masque dans la gare « pendant quelques secondes », le temps de manger un Kinder Bueno.
Le jeune homme de 22 ans a raconté la scène sur Twitter. « Parti tôt le matin de Dijon en TGV pour reprendre mon boulot sur Paris, j’arrive à 10h30 à Gare de Lyon. J’ai un petit creux à mon arrivée, je passe au Relay acheter un Kinder Bueno, avant d’aller au travail », explique Robin, qui porte scrupuleusement le masque depuis 7 heures du matin.
Il baisse son masque sur le menton, le temps de croquer dans la barre chocolatée. « Je prends l’escalier menant vers les quais de la ligne 14 du métro, quand j’entends une femme m’engueuler en me disant de remettre mon masque… Je crois alors que c’est une personne un peu dérangée… Puis un homme à ses côtés m’interpelle aussi avec un air menaçant. Je me dis alors que ces gens sont fous, et je leur réponds avec un mot déplaisant : bande de tarés ! »
Sauf que l’homme et la femme en question sont en réalité des policiers en civil. Face à la réaction de Robin, les agents s’agacent et décident de lui infliger une amende de 135 euros pour non-port du masque. Robin n’a pas le temps de finir sa friandise et reste bouche bée. « Je leur explique calmement que je suis désolé, que c’est un malentendu, qu’on parle de 135 balles d’amende pour un jeune pas très riche qui a mangé un Kinder Bueno. Un appel au bon sens raté puisque le policier me répond que lui, quand il mange, il mange dehors ».
Pourtant, bien que le port du masque soit obligatoire dans les transports en commun depuis le 11 mai, le retirer brièvement pour boire ou manger reste toléré [et pas autorisé, comme certains le pensent]. « Les clients peuvent ôter le masque pour boire et manger, à condition de ne pas s’éterniser », confirme-t-on à la SNCF. Les agents de sécurité de la RATP, eux, ont dressé 13 000 contraventions pour non-port du masque entre le 11 mai et la mi-août, mais « avec discernement »…
Besançon : sandwichs tolérés, mais sans bouger
… Les panneaux étaient en cours d’installation ce lundi matin : une soixantaine de pancartes disposées en plusieurs points du centre-ville et qui rappellent l’obligation de porter un masque dès ce mardi 1er septembre et cela 24 heures sur 24, dans un large périmètre qui englobe la Boucle, une partie des berges du Doubs, la Citadelle, le quartier Battant et les parcs de la Gare d’eau, de Chamars et de Micaud.
Fumer dans la rue ? Oui, mais sous condition
La question avait déjà été posée, la (nouvelle) réponse est finalement beaucoup plus nuancée. Il sera toujours possible de faire une pause cigarette mais « de manière statique » et dans le respect de la distanciation physique (pas question donc de se balader clope au bec). Même chose pour ceux qui voudraient manger un sandwich : ils devront rester à un point fixe et à distance de leurs congénères. Les contrôles « seront réalisés avec discernement », souligne la préfecture.
(Masque obligatoire dans le centre-ville de Besançon : « Une mesure de prévention », Est Républicain, 31 août 2020)
Toulouse : y compris à vélo ou en voiture… selon les fenêtres
… Le port du masque sera obligatoire de 7 heures à 3 heures du matin. Cette mesure concerne toutes les personnes de plus de 11 ans « qui se déplacent à l’air libre » : les piétons, les cyclistes, les cyclomotoristes, les personnes à trottinette, en skateboard…
Seuls les automobilistes ne sont pas concernés par cette règle, à condition de circuler fenêtres fermées. En cas de vitres ouvertes, il faut porter un masque. Ce dispositif est en vigueur jusqu’au 21 septembre. Il pourra être reconduit si la situation sanitaire l’exige.
(actu Toulouse, 24 août 2020)
… puis une dérogation cycliste blindée de si et de mais…
A compter de vendredi 28 août 2020, la mise en œuvre du port du masque obligatoire à Toulouse et en Haute-Garonne est assouplie pour les cyclistes et les joggeurs, a annoncé la préfecture dans un communiqué.
Le préfet Etienne Guyot assure « les forces de l’ordre ne verbaliseront donc pas les cyclistes et joggeurs qui ne le porteront pas » à condition, cependant que ces personnes :
- ne se trouvent pas en groupe ;
- ne se trouvent pas en contact avec des piétons sur des zones de rencontres (telles que définies dans l’article R110-2 du code de la route) ;
- se trouvent sur une voie de circulation adaptée à leur activité (piste cyclable, route, chemin, etc.).
En revanche, les conducteurs de trottinettes et autres deux-roues motorisés doivent toujours porter un masque lorsqu’ils pilotent leurs engins…
(actu Toulouse, 28 août 2020. A noter que cette même semaine, les préfets du Loiret et du Nord ont également dû manger leur chapeau en revenant sur leur interdiction préalable concernant cyclistes et joggeurs, après leur avoir allègrement distribué des amendes.)
Rhône : selon la répartition des abribus dans l’espace public
Lors d’une conférence de presse organisée ce lundi 31 août, Pascal Mailhos, le préfet du Rhône et d’Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé la mise en place du port du masque obligatoire dans les villes de Lyon et Villeurbanne. Dans les autres communes de la métropole de Lyon et du département du Rhône, le masque sera obligatoire dans un rayon de 50 mètres autour des écoles, des gares, stations de transports en commun et arrêts de bus mais pas ailleurs.
(Lyon capitale, 31 août)
Oise, Somme, Gard : en fonction des horaires scolaires
La Préfecture de l’Oise, elle, vient d’annoncer le 28 août l’obligation de port du masque aux abords des établissements scolaires. Ainsi dans un périmètre de 50m autour des écoles, des collèges et des lycées, le port du masque sera obligatoire 15 minutes avant et après l’ouverture et 15mn avant et après la fermeture de ces établissements.
A noter que dans ce vaste concours flicosanitaire des préfectures, dont on n’est qu’au début, la préfecture de la Somme vient de prendre un arrêté identique à sa voisine de l’Oise à compter du 3 septembre, mais il se trouve que dans ce département, le virus cesse plutôt d’être dangereux dans la rue au bout de 30 minutes après le passage des élèves, tandis que dans le Gard, il le devient dès l’approche des crèches, mais par contre sa virulence ne dépasse pas les 30 mètres (le fameux soleil du Sud ferait-il gagner 20 mètres de masque par rapport au ciel gris de la Somme ?).
(journaux régionaux, 28 août-1er septembre)
Et ailleurs ?
Enfin, puisque tout cela relève bien entendu de la seule application de la vérité scientifique (du moment) et pas d’un dressage à l’obéissance ni des impératifs de l’économie et de l’ordre public, le masque est principalement obligatoire en extérieur selon la lubie de ses dirigeants en Espagne, Italie (en mode couvre feu de 18h à 6h dans les lieux publics où survient la « formation de groupes »), Belgique (Anvers puis Bruxelles) et France. Soit dans les quatre pays d’Europe qui avaient déjà opté pour les grands confinements les plus drastiques. A l’inverse se trouvent le Danemark et la Norvège (dans les transports depuis mi-août mais pas dans la rue), ou encore la Suède qui se refuse de son côté à préconiser le port du masque dans les lieux publics (clos ou non, sauf en hôpital et maisons de retraite) pour privilégier la distanciation physique, les interdictions de rassemblement (à plus de 50 personnes) et le télétravail sur le masque.
L’âge minimal, quant à lui, est en extérieur comme intérieur de… 6 ans en Espagne, 11 ans en France, 12 ans en Belgique et selon les recommandations de l’OMS, quand dans les espaces clos il peut aussi être de 10 ans au Canada ou de 13 ans aux Pays-Bas (transports). Des âges et des paramètres très variables fixés rigoureusement de façon scientifique, bien sûr. Concernant l’école, le masque n’est pas obligatoire en classe en Allemagne dans la plupart des Länder (seulement dans les espaces de circulation comme les couloirs, etc), là où en Italie il l’est dans tout l’établissement à partir de 6 ans… mais en pouvant être baissé une fois le môme assis à sa place (et en France, c’est 11 ans y compris en classe et sans pouvoir l’enlever). Au Canada, concernant le transport aérien cette fois, les autorités concernées ont établi son obligation à partir de l’âge de… 2 ans. On peut en effet toujours faire mieux quand on entend violenter et assujettir les enfants le plus tôt possible, comme nous le rappelle la tribune d’une tripotée de détenteurs du pouvoir médical réclamant désormais le port du masque obligatoire à l’école dès 6 ans au lieu de 11 ans (Le Parisien, 29 août), en s’appuyant sur l’Académie américaine de pédiatrie qui, pour sa part, incite au port du masque dès 2 ans, ou sur les écoles chinoises et sud-coréennes, où le masque est porté dès la maternelle (3 ans)…
A chaque fois, inutile de le préciser, le gouvernement de service justifie son arbitraire en se retranchant derrière les recommandations de son propre conseil scientifique, dont la variabilité selon les petits traits dessinés sur les cartes est pour le moins étonnante. Mais comme l’avait déjà noté dans ses Pensées la célèbre tronche des billets de 500 francs à propos de l’art de gouverner, Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.