Le tribunal d’Aurillac attaqué en marge d’une manifestation
féministe au Festival du théâtre de rue
La Montagne/France Bleu & Trois, 26-28 août 2023
«Aurillac topless, la police en PLS.» Un millier de personnes, dont de nombreuses femmes seins nus, a défilé ce samedi 26 août à Aurillac (Cantal), en marge de la 36e édition du Festival international de Théâtre de Rue. La manifestation était organisée en soutien à Marina qui, avoir refusé de se couvrir le haut à la demande des policiers mercredi, avait été emmenée au commissariat puis visée par une ordonnance pénale pour « exhibition sexuelle », procédure simplifiée pour juger certaines contraventions et délits. Marina avait expliqué son geste à la presse locale, jeudi, en disant avoir eu « hyper chaud ». Elle a affirmé avoir voulu faire « comme la moitié des hommes » qui, en cette journée caniculaire, « n’[avaient] pas de tee-shirt ».
Dans une ambiance au départ bon enfant, le cortège s’est ébranlé peu après midi dans les rues du centre-ville. Les slogans se sont enchaînés, avec toujours un mélange de thématiques féministes et anti-police. Arrivée devant le palais de justice, la foule s’est ensuite prêtée à un «clapping», un applaudissement collectif. Pendant ce temps, des manifestants, le plus souvent masqués, ont décroché six drapeaux français, avant de mettre le feu à une partie d’entre eux, tandis qu’ « un groupe constitué d’une dizaine de personnes a ensuite ouvert les grilles du tribunal et a fracturé la porte, vraisemblablement à l’aide d’un grand cendrier installé à l’entrée » selon le maire (PS) Pierre Mathonier. Sur les murs, des «A» majuscules cerclés, symbole du mouvement anarchiste, ont été tagués. A l’intérieur du tribunal, la salle des pas perdus et des salles d’audiences ont été dégradées, des dossiers ont été brûlés et «un début d’incendie» a été déclenché.
Le maire d’Aurillac a dû intervenir personnellement et a réussi à rétablir le calme en promettant que les poursuites contre Marina allaient être abandonnées, tandis que le ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti s’est rendu sur place ce lundi 28 août pour apporter son soutien aux magistrats.
Après avoir condamné » avec plus grande fermeté » l’intrusion et le saccage du tribunal d’Aurillac vendredi, le ministre a ensuite pris la parole devant les journalistes : « La justice est un service public au service des justiciables. Les retards que pourraient engendrer ces dégradations gratuites, stupides, insupportables, ce sont les justiciables qui vont les payer. A quelques minutes près, le tribunal judiciaire d’Aurillac aurait été intégralement détruit », s’est-il insurgé devant la vitre brisée d’un box de salle d’audience, chiffrant à« 250 000 euros » les dégâts« bâtimentaires et informatiques ».
Puis le ministre de la Justice a conclu : « Je veux aussi exprimer ma colère, parce qu’on entend de plus en plus fréquemment cette petite musique de la désobéissance civile. Un certain nombre de minorités, souvent, se croient obligées de s’affranchir de la loi. Mais aucune cause ne justifie que des crétins décérébrés viennent brûler une juridiction », lieu « où se rend la justice » qui est « la pacification dans notre société. […] On n’a pas le droit de s’en prendre au drapeau, ça c’est la ligne rouge qui est infranchissable ».
De plus, Éric Dupond-Moretti a refusé de se prononcer sur le fait de savoir « si une femme peut ou non se promener les seins nus », tout en espérant que « les auteurs de ces insupportables dégradations seront châtiés à la hauteur des exactions qu’ils ont commises. »