Colombelles : incendies volontaires au campus technologique Effiscience
Indymedia Lille, 25 juin 2025
En cette fin de semaine marquée par l’élargissement des champs de la guerre au moyen-orient, et par la tenue du Salon du Bourget de Paris, nous avons décidé de perturber l’activité du pôle d’innovation technologique Effiscience à Colombelles, qui regroupe en un même « campus » bon nombre d’entreprises du complexe militaro-industriel : Safran Data Systems, Sotraban, NXP semiconductors, Telit Wireless Solution, Nucleopolis, CLARA, Probent Technology, Atos & Bull technologies, Eff’Innov Technologies…
Dans la nuit du 22 au 23 juin, nous avons mis le feu à deux armoires de fibre optique situées rue du Bocage, sur le site. Les flammes commençaient à se dresser quand nous avons quitté les lieux. On peut imaginer que la connexion à internet sera difficile dans la zone demain matin.
Les images spectaculaires des bombardements à des milliers de kilomètres ne doivent pas nous faire oublier que c’est ici, dans des centres de recherche et de production, que les armes sont fabriquées. S’offusquer des massacres est une chose (primordiale), agir en est une autre, rendue nécessaire par la brutalité des évènements et par la volonté de transformer radicalement les bases sociales sur lesquelles se fondent guerres, frontières, génocides.
Il s’agit aussi de mettre en évidence la réalité économique de la guerre, vaste bataille entre États ou proto-Etats pour l’accaparement des ressources et des territoires, source d’enrichissement pour le capital, prétexte magnifique pour la course à l’innovation technologique et le développement de l’industrie. Lutter contre la guerre est pour nous indissociable d’une lutte contre le capitalisme dans son ensemble.
Apogée des rapports brutaux et de l’organisation hiérarchique des sociétés, la guerre et ses réseaux doivent aussi être combattus pour l’ordre social qu’ils perpétuent. La guerre militaire est un des meilleurs moyens pour les chefs de diriger la colère qui existe à l’intérieur de leurs propres « rangs » vers la figure d’un ennemi déshumanisé, à grand renfort de récits nationalistes ou religieux.
Par conséquent, il faut en finir avec une illusion qui persiste : celle qu’il faudrait obéir à des chefs pour faire la guerre à la guerre. Le fond des stratégies militaires et autoritaires, pour les têtes pensantes qui les établissent, consiste toujours à commander des foules de personnes. Il faudrait donc accepter d’aller se battre sans connaître l’ensemble de la stratégie que d’autres ont pensé à notre place. Et voilà que nous devenons des soldats emmenés dans des charniers pour faire un quelconque coup tactique (que ce soit une diversion militaire ou un coup de communication). Cette idée est pour nous fondamentalement problématique, et les histoires des « révolutions » montrent que ces chefs finissent toujours par trahir la révolution des foules anonymes au profit de leur position de pouvoir. Ceux et celles qui jouent au jeu de l’État finissent toujours par s’en faire les pantins.
A contrario de cette tendance, c’est d’une intransigeance avec tout ce qui fait le militarisme dont nous avons besoin. Cette ambition implique une critique radicale de la hiérarchie et de la représentation politique.
Ceci étant dit, il faut alors accepter le saut dans l’inconnu. La solution ne viendra pas de gens « au dessus de nous », et dans une telle perspective, il convient d’accepter qu’il faut d’abord compter sur soi-même pour mettre fin aux guerres. En ce sens, notre action vise à montrer que l’industrie de la guerre est à portée de main, silencieuse mais pas invisible. A nous de la mettre sous le feu des projecteurs… et le feu tout court !
Solidarité avec celles et ceux sous les bombes,
Solidarité avec les personnes en exil,
Guerre à toutes les guerres et à tous les États !
Des irrécupérables