Face à face avec l’ennemi. Un aperçu d’une année d’attaques contre le pouvoir en France (2020-2021), en anglais, 20 pages, avril 2021
Une traduction de l’introduction :
La domination a acquis un rythme de mutation éblouissant. Le voile des avancées technologiques est en train de recouvrir le monde tel que nous le connaissions. Le désastre écologique n’est pas « en train d’arriver », il est déjà là. Tandis que le progrès industriel avance triomphalement, l’instabilité à tous les niveaux (social, politique, économique, écologique) est croissante. Un défi difficile pour ceux qui vont continuer à lutter pour la liberté comme totalité, et pas comme négociation sur la longueur de nos chaînes. Les vieux modèles d’intervention révolutionnaire sont en train de disparaître en même temps que presse l’urgence de nouvelles perspectives.
Il y a un siècle, des anarchistes des rives du Rio de la Plata en Amérique du Sud déclaraient la guerre au pouvoir et en vinrent « Face à face avec l’ennemi ». Ils allèrent le dénicher dans ses repaires avec des mouvements offensifs. Ils firent exploser des banques, des stations de police, des institutions, en s’approchant toujours plus près de l’ennemi. Avec l’anarchie au cœur et le pistolet en main, ils sont allés de l’avant, sans attendre la masse ou la construction d’un large mouvement. Et chaque bombe qu’ils mettaient résonnait avec les nombreuses publications qu’ils diffusaient. Action et idée allaient de pair, main dans la main.
Aujourd’hui, comment pouvons-nous venir « face à face avec l’ennemi ? » Où se cache-t-il, où pouvons-nous le frapper ? Alors que la domination vogue vers de nouveaux modèles, anarchistes et rebelles élargissent aussi leurs vues. Au cours de la dernière année, au milieu d’un confinement sans précédent au nom de la santé collective, beaucoup sont sortis dans la nuit pour en venir face à face avec l’ennemi. Pendant que des attaques se produisaient contre de nombreuses cibles liées à la répression, comme les commissariats, les prisons et les institutions étatiques, une vague de sabotages prenait pour cible les artères de la domination : ses réseaux de télécommunication, de transport et d’énergie.
Il y a quelques décennies, un critique de l’industrialisme écrivait : « Il ne faut pas être surpris que le Complexe du Pouvoir soit mis considérablement sous pression dans plusieurs domaines. Quoiqu’immunisés contre toute attaque frontale, sauf celle réalisée par un autre système de pouvoir d’une même taille, ces géants sont particulièrement vulnérables à des attaques locales de guérilla et des incursions hostiles, contre lesquelles ses structures massives sont aussi démunies que l’était Goliath avec sa lourde armure contre un David agile qui n’avait pas choisi les mêmes armes et n’attaquait pas la même partie de l’anatomie. » Aujourd’hui, c’est plus que jamais un défi pour les anarchistes. Lutter en petits groupes, sans aucune centralisation, en frappant l’ennemi sans trêve avec tous les moyens et la créativité que nous avons à disposition, en apprenant à laisser hors de nos vies et de nos cercles le plus de nuisances technologiques possibles, en nous soutenant et en nous aidant les uns les autres de toutes les manières possibles pour continuer les hostilités dans un monde qui tend à réduire toujours plus d’espaces. Sans aucune garantie que ces parcours mèneront le monde à l’anarchie, mais sachant que cette vie vaut certainement la peine d’être vécue.
[introduction traduite de l’italien de infernourbano, 5 avril 2021]