Dans l’Eure, le site industriel Lafarge a été attaqué à Val-de-Reuil
Ouest France/Paris Normandie/France3, 10 décembre 2023
Plusieurs sites industriels du groupe Lafarge ont été occupés et tagués par des groupes écologistes dans toute la France à l’occasion d’une « journée d’action contre Lafarge et le monde du béton ». Ce dimanche 10 décembre 2023 à 12h30, le site Lafarge situé à Val-de-Reuil dans l’Eure, n’a pas fait exception, annonce la préfecture du département sur X (anciennement Twitter) : « Le site Lafarge vient d’être l’objet d’une violente attaque de militants écologistes destinée à détruire l’outil industriel ».
Sur place, les militants ont dégradé les installations de manière « extrêmement importante » selon le sous-préfet de Bernay, Philippe Fournier-Montgieux, sur place. Des produits ont été introduits dans les silos à béton pour empêcher le site de fonctionner. Le montant des dégâts pourrait s’élever à plusieurs centaines de milliers d’euros. Au total, 18 salariés sont au chômage technique. Le site ne sera pas en mesure de reprendre une activité normale ce lundi 11 décembre.
L’attaque a duré une dizaine ou douzaine de minutes. « Le gardien a été séquestré dans son local de gardiennage avec la porte bloquée. » Avant d’être séquestré, le gardien a eu le temps de prévenir la police, qui est arrivée rapidement sur les lieux. Les deux patrouilles de Louviers et Val-de-Reuil ont mis en fuite les individus. « Les policiers ont été légèrement bousculés, détaille le procureur. C’est manifestement une action d’activistes écologiques, sans dire à quel groupe ils appartiennent. On surveille les réseaux sociaux, si quelque chose est mis en ligne. »
Une cinquantaine de policiers ainsi que l’exploitant étaient toujours sur place cet après-midi, rejoints, vers 18h, par une brigade de la SDAT (Sous-direction anti-terroriste). L’ensemble des militants ayant pris la fuite, aucune interpellation n’a pu avoir lieu, mais l’analyse des bandes vidéo pourrait aider à les identifier.
Une enquête de flagrance pour dégradation en réunion, séquestration avec libération volontaire avant le septième jour et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique sans ITT a été ouverte. Le parquet d’Évreux a été saisi avec la police judiciaire (PJ) de Rouen et la sous-direction antiterroriste (SDAT).
Y a que la vérité qui compte…
On connaissait déjà la pratique activiste qui consiste à minimiser à froid les actes ou leur portée devant les tribunaux afin de tenter d’amadouer les juges ou de gagner la sympathie du public solidaire (qu’il ne faudrait tout de même pas trop effrayer). Et voici qu’est arrivée sa version chaude, effectuée de façon préventive, puisque c’est l’antiterrorisme qui a été co-saisi de ces faits : dans un communiqué sorti après cette action diurne, Les pics mars et les tritons crêtés de la forêt de Bord ont ainsi tenu à répondre aux autorités, en expliquant à la face du monde que trois fois rien, ou si peu, ne s’était passé ce dimanche-là. Et que somme toute, la communication préfectorale sur l’ampleur des dégâts ne visait qu’à « diaboliser les militants » et leur chahut bon enfant… En voici un extrait, puisqu’il paraît que y a que la vérité qui compte :
Sur place des inscriptions ont fleuri pour rappeler à toutes et tous la vérité sur l’entreprise, les conséquences de l’exploitation qu’elle perpétue sur le territoire français et au delà. De multiples banderoles ont été déployées, on pouvait lire sur le site Moins de ciment, Plus de vivant et de paysans.
Si quelques petits désarmements facétieux on bien eu lieu sur le site, on est assurément loin des centaines de milliers d’euros de dégâts annoncés dans la presse. Mais il semblerait que l’antiterrorisme se recycle comme inspecteur, ou voiture balais, de quelques bris de vitre, de quelques locaux administratifs chahutés, de quelques jets de mousse expansive bien ajustés dans des conduits et tuyaux bien choisis, et d’un ravalement de façade tout en couleur.
Évidemment, malgré les calomnies d’autorités qui n’ont plus que le mensonge pour garder la face, personne n’a été « séquestré » durant cette action de 10 minutes montre en main qui ne visait pas des individus, mais une filière industrielle écocidaire, et nous ne sommes pas sans savoir que les gardiens et vigiles ont reçu l’ordre de ne pas intervenir lors des actions de ces journées contre le béton. Les policiers soi-disant bousculés, ont quant à eux tiré des grenades lacrymogènes à bout portant sur des militant.es qui déjà se retiraient du site.
(…) Derrière le petit numéro médiatique du préfet et du directeur du site pour diaboliser les militants, le site sera sans doute bientôt de nouveau en fonctionnement. Mais ce n’est que le début. Le béton, ne passera pas, ni en Normandie, ni ailleurs. Les forces sont là. Cette journée en appelle d’autres. Nous continuerons à leur mettre des bâtons dans les routes.
Les pics mars et les tritons crêtés de la forêt de Bord
(Trouvé ici :
https://journeescontrelebeton.noblogs.org/mobilisations-passees-en-cours-10-12/val-de-reuil-normandie/)
En bonus, le reportage effectué par un des journalistes embarqués, avec interview de participants :
https://reporterre.net/Mort-au-ciment-gloire-au-vivant-une-cimenterie-envahie-pres-de-Rouen