[Affiche] : Halte aux massacres !

Affiche vue sur les murs de Paris (France) et de Bruxelles (Belgique), novembre 2023, A2. Cliquer sur l’image pour ouvrir et imprimer le PDF

[Reçu par mail, 9 décembre 2023]

Une fois encore, la guerre embrase la région Palestine – Israël. Une vague d’attaques coordonnées menée par le Hamas a déchaîné une opération militaire à grande échelle de l’armée israélienne. À l’assassinat de sang-froid et à la prise d’otages répondent le bombardement de villes entières, la famine et la déportation de millions de personnes.

Le Hamas et Israël. Deux régimes aux mains tâchées de sang, c’est
indéniable. Deux pouvoirs militaires qui frappent dans le tas de manière indiscriminée. Deux autorités qui emploient la terreur pour tenter de conquérir ou préserver le pouvoir – un peu comme tous les États qui, y compris ici, n’hésitent pas à enfermer et écraser les rebelles à leurs lois.

Car cela ne fait que peu de différence, au fond, s’ils commettent leurs massacres à l’arme blanche ou en appuyant sur un bouton, si leurs soldats portent un uniforme noir ou vert, si leurs boucheries sont légales ou illégales. Ils se mettent tous au même niveau à partir du moment où ils ôtent à l’individu la possibilité de vivre comme il
l’entend.

Voilà pourquoi nous refusons la sommation de «choisir un camp». Nous n’avons aucune envie de choisir entre un quelconque aspirant État avec ses soldats égorgeurs et un quelconque État colonial avec ses militaires assassins, c’est-à-dire entre plusieurs formes d’esclavage.

Une fois encore, les idéologies utilisées par le pouvoir, à savoir les
nationalismes et les religions, sont les piliers de cette logique
meurtrière. Alors que les frontières divisent artificiellement le genre
humain en groupes ennemis, les nationalismes mènent à l’unité forcée au sein de chaque groupe humain sous un assemblage de mythes et de fausses utopies fabriquées de toutes pièces. Le concept de «peuple» lui-même n’est rien d’autre que le produit d’un imaginaire, dont les conséquences sont la mentalité de troupeau, le culte des guides, l’esprit de martyre, les fosses communes et les génocides. Comme en témoigne la longue liste de carnages qu’accompagne l’histoire des États.

Simone Weil faisait justement remarquer que «la guerre constitue avant tout un fait de politique intérieure – et le plus atroce de tous». Quoi de mieux que la militarisation, en effet, pour écraser toute divergence et imposer l’adhésion unanime derrière le drapeau de la patrie ?

Dans ce monde, dans cet ordre social où une poignée d’individus décident de la vie de tous les autres qui obéissent, il va sans dire que la guerre n’est jamais qu’un des modes d’intervention des dominants pour régler les conflits qui les opposent et, de façon générale, accroître le pouvoir qu’ils font peser sur leurs administrés.

Une fois encore, ceux qui décident des guerres ne sont pas ceux qui en meurent. Sous les missiles qui tombent aujourd’hui en Palestine et en Ukraine, les civils bombardés sont utilisés par les gouvernements et les politiciens comme des pions d’un Risk inexorable. Ainsi, l’offensive du Hamas intervient à un moment où l’Arabie Saoudite – régime honni par l’Iran – était en négociation avec Israël pour établir des relations officielles. De même qu’en Ukraine se joue la stratégie expansionniste de l’OTAN, c’est-à-dire une rivalité plus large entre blocs de pays pour le contrôle de marchés et de zones d’influence.

Par conséquent, nous rejetons l’idée selon laquelle le Hamas serait
engagé dans une «lutte de libération». Quoi qu’il puisse être difficile
de le penser pour ses défenseurs, les épouvantables massacres qu’il
dirige appartiennent en réalité à la praxis de n’importe quelle armée,
formée à tuer et à être décimée sans scrupule pour le plus grand profit d’une minorité de privilégiés. – Tout le contraire, en somme, de la lutte d’individus libres pouvant s’auto-organiser sans dirigeants ni dirigés.

Aux affrontements guerriers entre États nous voulons opposer notre antimilitarisme : une révolte qui ne repose sur aucune union nationale que ce soit, mais qui au contraire la fissure par l’insubordination, la fraternisation des exploités, l’attaque contre les souteneurs de guerre, le défaitisme révolutionnaire. Dans la tragédie actuelle, nous continuons à proclamer qu’«il n’y a qu’une seule guerre de libération : celle qui, dans tous les pays, est menée par les opprimés contre les oppresseurs, les sans-patrie contre leurs propres États».

des anarchistes