Le chiffre du jour : 33 églises flambées de 2021 à 2023 au Canada

Au moins 33 églises rasées par les flammes au Canada depuis mai 2021
Radio Canada, 9 janvier 2024 (extrait)

Des rapports de police, des dossiers judiciaires et des comptes rendus dans les médias colligés par CBC/Radio-Canada mentionnent au moins 33 églises détruites par des incendies au Canada entre mai 2021 et décembre 2023.

Des enquêteurs ont déterminé qu’au moins 24 de ces 33 églises ont été brûlées intentionnellement après mai 2021, que 2 l’ont été par accident et que les autres font encore l’objet d’un examen. Onze églises ont été détruites à la suite d’incendies volontaires dans l’Ouest canadien dans les semaines qui ont suivi les révélations de la découverte de 215 potentielles sépultures anonymes sur le site d’un ancien pensionnat pour Autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Environ la moitié des églises réduites en cendres étaient catholiques, mais des églises anglicanes, chrétiennes évangéliques et de l’Église unie ont également vu leur lieu de culte emporté par les flammes. Les églises incendiées se trouvaient majoritairement dans des communautés ou sur le territoire de Premières Nations et de petites municipalités rurales, avec 14 et 13 feux respectivement. De la trentaine d’incendies d’églises depuis 2021, seuls 9 ont donné lieu à des arrestations.

Affronter la vérité

Des dirigeants autochtones et de la sphère politique ont évoqué la colère suscitée par les pensionnats pour Autochtones pour expliquer la flambée d’églises calcinées après les découvertes de Kamloops.

« Détruire l’histoire des autres ne construit en rien la nôtre », avait déclaré en 2021 Perry Bellegarde, alors chef de l’Assemblée des Premières Nations. « Nous devons résister à la tentation de la violence et nous tourner vers […] tout ce que nos aînés nous ont appris sur la coexistence pacifique et le respect mutuel », avait-il ajouté.

À cette époque, le premier ministre canadien Justin Trudeau avait lui aussi commenté ce phénomène : « Ce n’est pas la voie à suivre. La destruction de lieux de culte est inacceptable et elle doit cesser. »

Pourtant, les actes incendiaires n’ont toujours pas cessé, et Paulina Johnson, chercheuse à l’Université de l’Alberta et membre de la Première Nation de Maskwacis, dit comprendre pourquoi. « On utilise le feu parce que personne ne s’intéresse vraiment à la vérité », affirme-t-elle. « Ce n’est pas pour dire que ces incendies sont justifiés, mais ils symbolisent une réalité plus vaste. » Paulina Johnson déclare aussi que « les Autochtones ont longtemps été réduits au silence et qu’ils retrouvent parfois leur voix de façon destructrice ».


Petit recensement non-exhaustif des attaques d’églises au Canada