Mise à jour : Selon un article sorti début janvier (Spiegel, 9/1), le sabotage contre ce gazoduc a été plus important que les informations sorties initialement et traduites ci-dessous. Le pipeline en construction a ainsi été perforé à huit endroits différents (et non pas trois), répartis sur une distance de plus d’un kilomètre, causant des dégâts estimés à au moins 1,6 million d’euros. Ce nouveau gazoduc de 55 kilomètres est destiné à relier le nouveau terminal de gaz naturel liquéfié près de Brunsbüttel au réseau énergétique allemand. Selon les enquêteurs, les trous percés dans la conduite de gaz en acier étaient à peine visibles de l’extérieur, car le revêtement en plastique qui les recouvrait s’était à nouveau contracté après le perçage. Ils ont été découverts fin novembre lors d’un test de pression du pipeline et signalés à la police par l’exploitant Gasunie.
Traduit de l’allemand de Switch off the system of destruction, 24 décembre 2023
Brunsbüttel (région du Schleswig-Holstein) novembre/décembre 2023
Gazoduc de GNL percé : le parquet fédéral enquête sur un sabotage
L’office criminel de la région du Schleswig-Holstein enquête sur une possible tentative de sabotage du nouveau pipeline de gaz naturel liquéfié (GNL) entre Brunsbüttel et Hetlingen dans le nord de l’Allemagne. Des trous d’environ un centimètre de diamètre ont été découverts à au moins trois endroits le long du tracé d’environ 55 kilomètres.
Le parquet fédéral a « pris en charge l’enquête en raison du soupçon de sabotage anticonstitutionnel (§ 88 al. 1 du code pénal allemand) dans le cadre de l’endommagement présumé du gazoduc », a déclaré la procureure auprès du parquet de la Cour fédérale de justice à Karlsruhe. Selon un journal local, la société d’exploitation du tracé du gaz naturel liquéfié (GNL) dans le Schleswig-Holstein, Gasunie, s’était déjà adressée à la police judiciaire en novembre pour signaler des dommages sur la ligne.
L’exploitation de ce nouveau gazoduc, baptisé « ETL 180 », devait initialement débuter à la fin de l’année dernière –le terminal de GNL flottant étant déjà arrivé à Brunsbüttel en janvier– mais n’a pas encore démarré. Son tracé s’étend entre Brunsbüttel, dans le district de Dithmarschen, à l’embouchure du fleuve Elbe, et Hetlingen, dans le district de Pinneberg, au sud de Hambourg. La fonction du gazoduc est de transporter le gaz naturel liquéfié d’un terminal situé au large de Brunsbüttel vers un point d’injection dans le réseau de pipeline. La construction de plusieurs gazoducs de GNL a commencé en mars de l’année dernière.
Le gouvernement fédéral allemand mise de plus en plus sur le GNL – notamment pour remplacer les livraisons de gaz manquantes de la Russie suite à la guerre en Ukraine et à la crise énergétique qui en a résulté – et travaille au pas de charge à la construction de sa propre infrastructure. Les routes énergétiques importantes, comme le gazoduc du nord de l’Allemagne, qui doit acheminer le GNL d’un terminal de la mer du Nord vers l’intérieur du pays, sont considérées comme des infrastructures critiques. Les actions de sabotage sur de telles installations relèvent ainsi de la compétence du parquet fédéral.
(…) La construction de ces gazoducs de GNL ne fait pas l’unanimité. En août 2023, une cinquantaine d’activistes climatiques de l’alliance « Ende Gelände » avaient bloqué une partie du chantier à Wilhelmshaven et occupé des engins de construction. Différents groupes de protection de l’environnement, dont Greenpeace, voulaient empêcher la construction du terminal de gaz naturel liquéfié. Ils ont critiqué les projets du ministre fédéral de l’économie Robert Habeck (Verts), estimant que la classification « hydrogène-compatible » n’était que du « greenwashing ». Les associations environnementales BUND et Nabu ont également demandé de réduire les projets de terminaux GNL. Ceux-ci seraient surdimensionnés au regard de l’abandon des énergies fossiles.